De l’importance des rituels en cas d’insomnie chez l’enfant

Dernière mise à jour 26/01/23 | Article
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Les troubles du sommeil concerneraient un enfant sur dix âgé de 6 à 12 ans. Pour remédier aux insomnies, l’instauration d’un rituel avant le coucher serait très efficace.

Chez l’enfant scolarisé, la majorité des insomnies sont dues à un manque de régularité de la vie quotidienne, dans les heures de coucher et de lever notamment. L’apparition d’une insomnie peut aussi être liée à un stress, des angoisses ou trop de temps passé devant un écran juste avant d’aller se coucher. Elle est en revanche très rarement due à une pathologie grave.

L’insomnie se traduit par des difficultés à s’endormir et des réveils nocturnes plus ou moins fréquents. Ses principaux signes sont donc une fatigue, tant au réveil que durant la journée, pouvant se traduire par une somnolence, mais aussi, chez les enfants, par une agitation, une irritabilité et une difficulté à se concentrer. La gravité de l’insomnie est directement liée à l’intensité des symptômes qu’elle provoque.

Si ces répercussions sont importantes, pour l’enfant comme pour ses parents, il est essentiel de consulter son pédiatre ou un spécialiste du sommeil. Ce dernier vérifiera qu’aucune maladie (apnées du sommeil, vers, eczéma, bronchite asthmatiforme, etc.) ne puisse expliquer les insomnies de l’enfant. «En plus de l’absence de pathologie, nous nous assurons de l’absence de troubles du développement et de troubles psychiatriques», précise la Dre Cristina Exhenry, pédiatre à Genève.

Remettre les pendules à l’heure

Puis arrive la prise en charge de l’insomnie, qui n’est que très exceptionnellement médicamenteuse. La chronothérapie en est la base: l’idée est de faire corréler l’horloge interne de l’enfant, qui compte légèrement plus de 24 heures chaque jour, à la «vraie» horloge, pour qui un jour dure 24 heures exactement. L’enfant doit débuter sa journée toujours à la même heure et prendre ses repas à heures fixes. «Les routines sont essentielles pour le sommeil, souligne la Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, pédiatre aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les parents pensent souvent à coucher leur enfant à heures fixes mais pas à le réveiller chaque matin au même moment. Si l’enfant a de la peine à se lever, cela peut pourtant l’aider.»

Diminuer les activités et les stimulations après le souper peut aussi être une bonne attitude à adopter. «Toutes les activités excitantes, physiques ou non, telles que le téléphone, les jeux vidéo, la télévision, le sport, sont à éviter avant d’aller se coucher, résume la Dre Ha-Vinh Leuchter. L’activité physique réchauffe le corps, la température étant un signal d’éveil pour l’organisme. Le moment précédent le coucher doit être un moment de transition, propice à l’endormissement.»

Le rituel, la clé

Finalement, le point essentiel dans la prise en charge de l’insomnie est l’instauration d’un rituel, qui calmera l’enfant et lui permettra de se détendre. Son corps sera ainsi prêt à dormir. «Lors du rituel, tout un processus se met en place, décrit la pédiatre des HUG. L’enfant est dans sa chambre, il se repose. Le rituel le rassure, à un moment, le coucher, qui peut être difficile pour lui, car synonyme de séparation et parfois d’angoisse.» Et la Dre Exhenry d’ajouter: «Mais ces rituels fonctionnent si parents et enfant ont la conviction qu’ils peuvent avoir des effets bénéfiques.»

Le rituel ne doit pas être trop long. L’enfant peut par exemple écouter une musique qu’il apprécie. La lumière doit être éteinte et la chambre, fraîche. Dans ces conditions, il pourra lâcher prise, ce qui facilitera grandement son endormissement. «Si l’enfant a besoin d’une présence, il faut être vigilant quant à sa durée, insiste la Dre Exhenry. Les parents doivent, dans la mesure du possible, fixer des règles et s’y tenir afin de rendre l’enfant indépendant dans son endormissement et ainsi capable de gérer les micro-éveils nocturnes.»

Méditation et phytothérapie

Différentes techniques visant la détente et la réduction du stress peuvent aussi avoir un effet positif sur l’insomnie. C’est le cas de la méditation. «Là encore, pour qu’elle se révèle efficace, il faut que cette activité convienne à l’enfant. Elle demande en effet de s’exercer régulièrement», nuance la Dre Exhenry. «L’hypnose peut aussi être envisagée, ajoute la Dre Ha-Vinh Leuchter. Et en cas de fortes anxiétés, une prise en charge psychologique peut être utile.»

Et les médicaments? Les sédatifs sont très rarement utilisés. Côté phytothérapie comme côté homéopathie, certaines substances peuvent avoir des vertus anxiolytiques et donc apporter des bienfaits sur le sommeil.

La «dette de sommeil»: à tester en vacances

En vacances, lorsque l’enfant peut se coucher et dormir sans contrainte, il est plus facile, pour les parents, d’estimer ses réels besoins en heures de sommeil, besoins qui lui sont propres.

Il peut aussi être intéressant, toujours en vacances, de faire un moment de «dette de sommeil». Qu’est-ce que c’est? «Il s’agit d’une technique pour retrouver l’envie de dormir, pour les enfants qui ont des difficultés d’endormissement, décrit la Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, pédiatre aux HUG. On réveille l’enfant plus tôt que d’habitude, régulièrement sur plusieurs jours, tout en le laissant se coucher à son heure habituelle. Il va peu à peu ressentir de la fatigue le soir et, très vite, sera content d’aller au lit. Dans ces conditions, il trouvera le sommeil rapidement. Cette technique redonne finalement confiance à l’enfant dans ses capacités à s’endormir.»

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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.

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