Pourquoi il ne faut plus laisser ronfler les patients cardiaques

Dernière mise à jour 13/01/15 | Article
Pourquoi il ne faut plus laisser ronfler les patients cardiaques
Des médecins américains démontrent l’intérêt cardiovasculaire qui résulte de la prise en charge de l’apnée du sommeil.

Dormir les voies respiratoires dégagées est une priorité pour les cœurs fatigués. C’est la démonstration d’un travail dirigé par les Drs Shilpa R. Kauta et Richard J. Schwab (Centre du sommeil et département de cardiologie, Université de Pennsylvanie). Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans le Journal of Clinical Sleep Medicine1.

Troubles cardiovasculaires

On sait que l’apnée du sommeil, dans ses formes les plus sévères, est fréquemment associée à des troubles cardiovasculaires: insuffisance cardiaque et infarctus du myocarde notamment. Les chercheurs américains se sont intéressés à la possible dimension préventive de ce phénomène: prendre médicalement en charge le syndrome d’apnée du sommeil (via la technique de la pression positive continue ou PPC) chez les patients cardiaques peut-il avoir un effet bénéfique? Et si oui, lequel?

Les résultats obtenus sont éloquents. L’étude a été menée auprès de 104 patients souffrant de symptômes d’apnée du sommeil et hospitalisés pour un problème cardiaque (insuffisance cardiaque, arythmie, infarctus du myocarde). Ce travail montre que 78% de ces personnes souffraient de troubles respiratoires du sommeil. La mise en place d’un traitement par PCC (et son observance quatre heures ou plus par nuit durant sept nuits sur dix) ​​élimine le risque de réadmission hospitalière pour une nouvelle alerte cardiaque. A l’inverse, 20% des patients qui n’ont pas bénéficié de ce traitement ont souffert d’une récidive cardiovasculaire.

Triplement gagnant

Plus précisément, aucun des patients cardiaques participant à l’étude, souffrant d'apnée du sommeil et ayant reçu (et observé) un traitement par PPC n’a été réadmis à l'hôpital (ou admis aux urgences) pour un nouvel événement cardiaque dans les trente jours qui ont suivi sa sortie d’hôpital.

«C’est un résultat important pour le patient, comme pour les dépenses de santé», souligne l’auteur principal, le Dr Richard J. Schwab, co-directeur du Centre du sommeil de l'Université de Pennsylvanie. Ce spécialiste en appelle à détecter, diagnostiquer, et surtout à traiter l'apnée du sommeil chez les patients hospitalisés pour des troubles cardiaques. C’est pour lui un geste «gagnant-gagnant-gagnant»: il améliore la qualité de vie du patient, améliore ses résultats de santé, et réduit les dépenses de soin liées aux maladies cardiaques.

«Arrêtez de ronfler»

Aux Etats-Unis, une campagne de prévention spécifique, la campagne «Stop the snore» («Arrêtez de ronfler») a récemment été lancée pour encourager les gens à parler à leur médecin de ce signe avant-coureur du syndrome d’apnée du sommeil. On peut voir ici (en anglais) de quoi il retourne. On estime que 25 millions d’Américains adultes sont concernés. Il leur reste à rééduquer leur sommeil. Pour le plus grand bien de leur cœur et, souvent, de leur moitié.

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1. Un résumé (en anglais) de la publication du Journal of Clinical Sleep Medicine est disponible ici

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