Infections qui influencent la vie sexuelle
Etat des lieux en Suisse
Depuis une dizaine d’années, les IST sont en hausse en Suisse.
Concernant le VIH, le pic d’épidémie (en 1991) et la campagne de prévention qui a suivi avaient réussi à faire baisser les nouveaux cas de VIH. Malheureusement, de 2000 à 2009 les chiffres ont augmenté à nouveaux. A l’heure actuelle, autant les personnes hétérosexuelles que les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (HSH) sont concernés. Par contre, la transmission entre usagers de drogues intraveineuses est en baisse constante. En 2010 en Suisse, on note 7,8 nouvelles infections pour 100'000 habitants, ce qui est plus élevé que la France (6,1), l’Italie (5,9) et la moyenne européenne (6,7). Près de deux tiers des personnes infectées sont originaires de Suisse ou d’Union Européenne, alors que 38% ne viennent pas d’Europe, principalement de pays avec un grand taux de VIH.
D’autres IST sont également à la hausse: la syphilis concerne principalement les rapports homosexuels entre hommes, mais touche également la population hétérosexuelle.
Le nombre de personnes infectées par la gonorrhée a quasiment triplé entre 2002 et 2011. Elle touche particulièrement les hétérosexuels, les hommes d’avantage que les femmes (80% des cas sont des hommes).
Les infections par Chlamydia sont également en progression. La plupart de ces infections sont «asymptomatiques», c’est-à-dire que la personne concernée ne s’en rend pas compte, qu’elle n’a pas de symptômes.
Utilité des vaccins?
A l’inverse, le nombre de personnes infectées par l’hépatite B a diminué entre 2001 et 2009. Cette observation est sans doute le reflet de l’efficacité du vaccin, mis en place dans les années 90.
Avec l’utilisation récente du vaccin contre le papillomavirus (HPV), une baisse des condylomes génitaux (des verrues génitales) et des cancers du col de l’utérus est attendue en Suisse, comme ce fut le cas en Australie par exemple.
Quels risques pour le sexe oral?
La campagne nationale contre le VIH de 1996 disait: «pas de sperme dans la bouche» … Est-ce vraiment suffisant?
Le VIH se transmet par le sperme, ce qui justifie cette recommandation. Or, la syphilis, la gonorrhée, chlamydia et HPV se transmettent par des contacts oro-génitaux, même sans présence de sperme. Les cas d’herpès génitaux transmis par la bouche et de cancers de la bouche (provoqués par le HPV) ont augmenté au cours des dernières décennies.
Un nouveau programme national
Un nouveau programme a été lancé en 2011 par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour lutter contre les IST. Il concerne la prévention, le dépistage et le traitement. Il est recommandé à 3 types de personnes:
- la population générale, y compris les adolescents
- les personnes à risque élevé (HSH, utilisateurs de drogues intraveineuses, travailleurs(-euses) du sexe et leur clientèle, détenus et migrant de pays à forte présence de VIH
- les personnes atteintes d’IST et leur entourage
Le slogan «Love Life» remplace «Stop sida». En plus des recommandations «pas de pénétration sans capote» et «pas de sperme dans la bouche», s’ajoute «démangeaison, brûlure, écoulement? Parlez-en à votre médecin».
Les mesures de ce programme national sont notamment la vaccination contre l’hépatite B et le HPV (à l’adolescence, ou en rattrapage à l’âge adulte) ainsi que l’hépatite A pour les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes et les usagers de drogues intraveineuses. L’utilisation correcte du préservatif protège contre le VIH à 80%. Il est moins efficace contre les autres IST mais reste un moyen de protection à utiliser.
Le dépistage est primordial et peut être effectué par les médecins généralistes, les gynécologues et les consultations spécialisées. Finalement, en cas de dépistage positif, un traitement est indispensable. Celui-ci permet de diminuer le risque d’attraper d’autres IST et protège les partenaires.
Le VIH n’est pas seul!
Le VIH n’est pas le seul ennemi des culottes ! La syphilis, la gonorrhée, chlamydia, l’herpès, l’hépatite B (et A dans certains cas) ainsi que le papillomavirus sont fréquents en Suisse, certains en augmentation. Il est indispensable de s’en protéger, notamment à l’aide des vaccins disponibles et du préservatif. En cas de symptômes ou de doutes, il est préférable d’en parler avec votre médecin. Celui-ci devrait être ouvert et compréhensif face à vos pratiques sexuelles, qu’elles soient considérées comme «conventionnelles» ou non.
Référence
Adapté de «Infections sexuellement transmissibles en Suisse: un paysage en transformation», par Dr F. Bally et Pr N. Troillet, Service des maladies infectieuses, Hôpital de Sion. In Revue médicale suisse 2012;8:1901-6, en collaboration avec les auteurs.
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