Sea, sex and… maladies!

Dernière mise à jour 11/09/23 | Article
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En été, le besoin de lâcher prise incite certaines personnes à moins se protéger pendant les rapports intimes, avec le risque de ramener de vacances quelques infections. Prudence…

Les jeunes: osez réclamer le préservatif!

Jeunes adultes et adolescents sont d’autant plus soumis à la tentation qu’ils sont souvent moins nombreux que leurs aînés à être déjà engagés dans une relation stable. Les risques de se faire infecter, lorsque l’on papillonne au gré des sorties, sont alors élevés. «En été, les nombreux festivals ainsi que la démultiplication des milieux festifs augmentent clairement les risques d’infection en comparaison à l’hiver. Sans oublier qu’à ces occasions, les jeunes consomment parfois de l’alcool ou d’autres substances qui diminuent leur vigilance. C’est donc une période pendant laquelle j’augmente mes messages de prévention», explique la Dre Martine Jacot-Guillarmod, spécialiste en gynécologie de l’enfant et de l’adolescente au Département femme-mère-enfant du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Sans oublier qu’à 17 ans, les relations amoureuses – même sérieuses – ne durent souvent que quelques mois. «Certaines personnes vivent entre l’adolescence et l’âge adulte une période d’exploration sexuelle, où le nombre de partenaires peut être plus élevé. Ceci peut les exposer à certaines IST. On estime qu’un jeune sur dix a déjà été diagnostiqué pour l’une d’elles, dont la Chlamydia. Elle est très fréquente chez les jeunes, notamment les femmes, qui risquent l’infertilité si l’infection n’est pas traitée. Ce qui n’est pas le cas des hommes», précise Sara Arsever, responsable de l’Unité de santé sexuelle et planning familial des HUG.

Au-delà des risques infectieux, les jeunes doivent également avoir en tête qu’ils ont le droit de dire non à un rapport sexuel et cela même si les corps se sont déhanchés toute la soirée sur des musiques endiablées. Une fois la volonté d’aller plus loin clairement exprimée des deux côtés, Martine Jacot-Guillermod met en garde: «C’est parfois difficile de faire respecter le port du préservatif. Certaines jeunes femmes n’osent pas l’exiger, car leur partenaire dit ne pas aimer cela. Il faut cependant lui faire comprendre que le préservatif est indispensable à chaque rapport. Heureusement, parmi ma patientèle, la majorité applique relativement bien les conseils de prévention.»

Qui dit longues journées estivales, dit aussi chaudes soirées, au sens propre comme au figuré. L’envie de se détendre et prendre du bon temps sans se poser de questions est forte. Ce besoin de décompresser peut s’accompagner de mauvaises surprises pour celles et ceux qui oublient de se protéger lors d’une soirée coquine. 

Il n’existe pas de statistiques saisonnières sur les infections sexuellement transmissibles (IST) en Suisse. «À la belle saison, les gens se voient davantage. Il y a plus de lieux et d’occasions de rencontres. Cela peut aussi multiplier les possibilités d’avoir des rapports sexuels. Dès qu’une personne a plusieurs partenaires, la probabilité d’avoir une infection sexuellement transmissible augmente», explique Barbara Berger, directrice de Santé sexuelle Suisse. 

Pour limiter les risques d’attraper une des maladies les plus fréquentes en Suisse, la meilleure arme reste le préservatif. Mais, s’il offre une protection optimale contre le Sida, il n’est pas sûr à 100% contre les autres IST, qui peuvent se transmettre aussi oralement (lire encadré). 

À glisser dans ses bagages…

La capote reste toutefois un excellent frein tant à la transmission de virus et bactéries qu’à une grossesse non désirée. Elle est à glisser dans ses bagages, quel que soit son âge. Barbara Berger constate que, «aujourd’hui, les jeunes adultes s’intéressent à leur santé sexuelle. Ils connaissent bien les maladies et la prévention. La frange de la population de plus de 40 ans, qui a été en couple pendant longtemps et se retrouve seule, est en revanche souvent moins informée.»

La Dre Sara Arsever, responsable de l’Unité de santé sexuelle et planning familial des Hôpitaux universitaires de Genève, ajoute: «En vacances, les jeunes n’ont pas forcément de préservatif sur eux et vivent dans la spontanéité du moment. Si l’occasion se présente d’avoir un rapport sexuel, ils risquent de la saisir, sans nécessairement se protéger. Habituellement, cependant, les moins de 25 ans utilisent régulièrement le préservatif. On voit que certaines personnes plus âgées, sortant de relations de longue durée (où d’autres méthodes contraceptives sont plus souvent utilisées), peinent parfois à revenir au préservatif.» 

Pour les jeunes et les moins jeunes, été comme hiver, le message reste toujours le même: sortir couverts et se faire dépister en cas de rapports non protégés.

Les principales IST en Suisse

Les infections sexuellement transmissibles (IST) ne sont clairement pas un bon souvenir à ramener de vacances. Nombreuses d’entre elles se soignent, mais pas toutes. Pour les éviter, le préservatif reste un moyen efficace même s’il n’empêche pas toutes les contagions. À l’exception du Papillomavirus humain (HPV), toutes ces IST peuvent également se transmettre de la mère à l’enfant à naître. 

Sida: cette maladie tristement célèbre est due au virus d’immunodéficience humaine (VIH). Celui-ci se transmet par les sécrétions génitales, mais aussi par le sang. Depuis 2002, le nombre de cas annoncés à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’a cessé de diminuer. S’il n’existe toujours aucun vaccin pour éviter les infections, les médicaments actuels permettent de rendre le virus indétectable et donc intransmissible. 

Chlamydiose: causée par la bactérie Chlamydia trachomatis, cette infection peut se transmettre lors de rapports sexuels oraux, vaginaux et anaux non protégés. Depuis 2016, le nombre d’infections ne cesse d’augmenter. Environ 3 à 10% de la population active sexuellement est concernée, dont 70% de femmes. La maladie se soigne par des antibiotiques, mais elle peut passer inaperçue car elle ne présente parfois pas de symptômes. 

Gonorrhée: appelée plus communément «chaude-pisse» ou encore «blennorragie», cette maladie est due à une bactérie, la Neisseria gonorrhoeae, et se soigne aussi par antibiotiques. Elle se transmet par les sécrétions génitales infectées. Les cas sont également en augmentation depuis 2016 et 80% des personnes infectées sont des hommes. 

Syphilis: elle est causée par la bactérie Treponema pallidum et se traite par antibiotiques. Son nombre de cas augmente dans les pays développés. Elle se transmet par contacts cutanés ou par les muqueuses. 

Papillomavirus humain (HPV): il existe plusieurs types de ce virus qui cause des lésions cancéreuses des organes génitaux (notamment celles du col de l’utérus), mais aussi au niveau de la gorge ou encore des verrues génitales. Un vaccin existe et est préconisé chez les jeunes filles et garçons avant le début de leur sexualité. Entre 70 et 80% des femmes et des hommes sont infectés au moins une fois dans leur vie par un HPV.

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Paru dans Le Matin Dimanche le 03/09/2023

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