Votre environnement agit sur votre comportement

Dernière mise à jour 21/08/13 | Article
Etes-vous un obsessionnel du rangement ou adepte du fouillis intégral? Une étude américaine lève le voile sur l’impact de nos espaces de travail sur nos choix personnels.

Un bureau bien rangé ou un bureau en désordre? Vous croyez être libre de choisir, mais en réalité vous ne l’êtes pas: votre manière d’organiser votre espace de travail est issue des profondeurs de votre inconscient. Elle peut aussi totalement nous échapper, l’ordonnancement de cet espace échappant justement pour une large part à ceux qui les occupent. A ce titre il peut influer sur votre comportement et sur les choix que vous êtes amenés à faire. Telle est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs du Minnesota, et dont les résultats viennent d’être publiés sur le site de la revue Psychological Science.1

Obsessionnel(le)s du rangement

Ce travail a été réalisé par Kathleen D. Vohs, Joseph P. Redden et Ryan Rahinel, de la «Carlson School of Management» de l’Université du Minnesota à Minneapolis. Que l’on se rassure: il n’y a pas le bien d’un côté et le mal de l’autre. Ces trois chercheurs parviennent à démontrer que le fait d’être dans un bureau «propre et bien rangé» peut être associé à une forme de générosité, à des choix plutôt «conventionnels» et peut-être même à des choix alimentaires plus sains. Un espace de bureau en désordre sera en revanche plutôt associé à la créativité et à des ressources utiles à «l’esprit d’entreprise». Il apparaît aussi (contrairement à nombre d’idées reçues) que l’on peut réellement parvenir à d’excellents résultats dans un milieu désordonné. Seuls les obsessionnel(le)s du rangement en seront surpris.

Ornithologie et sociologie

Les auteurs observent que l’«ordre» et le «désordre» sont très répandus tant dans la nature que dans la culture. Ils postulent que chaque environnement «ordonné» ou «désordonné», comme nous les appelons, confère à ceux qui les créent des avantages pour des résultats différents. Et les espaces professionnels constituent de ce point de vue un poste d’observation de choix. Ces trois chercheurs ont mené trois expériences pour valider leurs hypothèses dans ce domaine, et notamment la supposition que les environnements ordonnés sont le reflet de personnes goûtant la «tradition» et les «conventions», tandis que les milieux désordonnés expriment le fait que leurs occupants sont friands de ruptures d’avec les codes de ces mêmes principes. Dès lors, de même qu’en ornithologie ou en sociologie, l’analyse de ces microenvironnements personnalisés peut être un très bon révélateur de la personnalité (plus ou moins cachée) de leurs occupants.

Rationalité et barres chocolatées

Les modalités des trois expériences peuvent apparaître assez simplistes. Mais il ne faut pas sous-estimer ce que les psychologues peuvent déduire d’éléments qui ne disent rien aux non-psychologues. Il s’est agi ici d’analyser les réponses et le choix formulés par des occupants d’espaces de bureaux propres et ordonnés, ou par ceux de bureaux encombrés. Conclusion: le fait d’évoluer dans un espace ordonné est associé à des comportements caractérisés par une forme de rationalité, d’obéissance, de générosité. Les occupants sont plus à même de faire des dons à des organismes caritatifs ou à choisir de croquer une pomme plutôt que d’avaler une barre chocolatée.

Incitation à l’imagination

Pour autant le désordre n’est pas sans intérêt: il peut être associé à une plus grande créativité. Ainsi les occupants de ces espaces sont plus capables que les premiers d’imaginer les mille et une choses que l’on peut faire avec des balles de ping-pong (bien sûr, ce n’est qu’un exemple…). On observe chez eux un appétit plus grand pour l’objet inconnu, le goût de la nouveauté et de l’aventure. Evoluer dans des environnements désordonnés semble ainsi corrélé à une libération vis-à-vis des traditions, à une incitation à faire travailler son imagination. A l’inverse, un environnement ordonné favorise également la sécurité et le conventionnel. Autant de données qui intéresseront les professionnels du «management d’entreprise» et des «ressources humaines».

Idem sur le Web?

Question: ces conclusions valent-elles aussi pour les environnements virtuels d’Internet? Même si le travail reste à faire, cette étude suggère que le caractère «structurant» ou «désordonné» d'une page ou d’un site Web est de nature à prédire le même genre de résultats: nos comportements sont influencés par l’ordre ou le désordre ambiant. Ceci est d’autant plus important que nous sommes désormais quotidiennement exposés – au domicile, au travail ou lors des transports – à de multiples espaces virtuels dont nous ne maîtrisons pas toujours – loin s’en faut – l’ordonnancement.

Ce sont là autant de données intéressantes quand il s’agira, pour vous, de procéder à des exercices de rangement.

1. Un résumé (en anglais) de cette étude est disponible ici.

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