Ronflements: agir, pour soi… et son conjoint!

Dernière mise à jour 27/04/20 | Article
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Ronfleurs et ronfleuses sont nombreux dans la population, mais rares sont ceux et celles qui pensent à consulter. Souvent banalisés, les ronflements sont encore perçus comme une fatalité, alors que des solutions peuvent les réduire et améliorer la qualité de vie des patients… et de leur conjoint!

Le phénomène est loin d’être anodin, puisque près d’un homme sur deux et une femme sur trois ronfleraient régulièrement. Mais ils sont peu nombreux à aborder ce problème avec leur médecin. Il est vrai que la plupart du temps, les ronfleurs ne présentent pas de symptômes, hormis parfois une fatigue légère, et ne sont que peu gênés par les bruits qu’ils émettent. Ce sont généralement les conjoints, à bout de nerfs, qui finissent par décider les ronfleurs à consulter. Même s’il est rare de faire disparaître les ronflements, pneumologues et ORL peuvent proposer des approches pour les réduire significativement.

Une fois décidé à prendre ses ronflements en main, le patient peut être adressé à un centre du sommeil ou à un pneumologue spécialisé, qui pourra lui proposer une prise en charge adaptée. «En premier lieu, on va essayer de repérer d’éventuels facteurs externes sur lesquels il est possible d’agir. On sait par exemple que le surpoids, la prise d’alcool, de somnifères, mais aussi le tabagisme favorisent les ronflements. Il faut donc évaluer si on peut aider le patient à agir là-dessus», explique Grégoire Gex, médecin-chef au Service de pneumologie de l’Hôpital du Valais et responsable de son Laboratoire du sommeil.

Les ronflements ont des origines variées. Une consultation ORL permettra en plus une exploration des différentes zones anatomiques pouvant être en cause (végétations, cloison nasale déviée, luette pendante) et ainsi de mieux cerner la cause du ronflement. Une endoscopie sous sommeil induit («DISE») permet notamment d’observer le ronflement en temps réel. «Dans notre consultation multidisciplinaire, nous étudions chaque cas conjointement avec des confrères spécialistes en chirurgie maxillo-faciale, ce qui nous permet d’apporter la solution la plus personnalisée à chaque patient», relève le Dr Karma Lambercy, responsable du secteur SAOS et ronchopathie du Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Selon les observations, une intervention chirurgicale peut être proposée. «Mais sur une centaine de consultations, nous ne voyons environ que vingt patients chez lesquels il y a une réelle indication chirurgicale. Dans la grande majorité des cas, nous proposons plutôt une approche conservatrice, comme une orthèse d’avancement mandibulaire», souligne le spécialiste. Déjà utilisées dans les syndromes d’apnées du sommeil (lire encadré), elles peuvent aussi apporter de bons résultats pour les ronflements simples. «Il s’agit d’un dispositif léger, en plastique, qui se fixe sur les mâchoires. En modifiant la position de la mandibule, l’orthèse lutte contre l’obstruction du pharynx et limite les ronflements», explique le Dr Lambercy.

Gare aux gadgets

Dans nombre de cas, un simple changement de position durant la nuit peut apporter un réel bienfait. «Les conjoints savent si les ronflements cessent ou non quand le dormeur passe sur le côté, sourit Grégoire Gex. Dans ce cas, il existe plusieurs dispositifs que le patient peut tester.» Du système maison avec une balle de tennis cousue sur le t-shirt aux dispositifs électroniques qui vibrent quand la personne passe en position dorsale, les options sont nombreuses ! Quelle que soit celle retenue, il est important de rappeler qu’aucune ne permet d’«apprendre» à dormir définitivement sur le côté. Il faut donc prévoir un usage sur le long terme. Améliorer la position de la tête durant le sommeil peut aussi apporter des bénéfices significatifs. «Il faut privilégier les oreillers qui favorisent une extension de la nuque (menton relevé), et qui permettent ainsi de faciliter le passage du flux d’air», précise Grégoire Gex. Tous ceux qui sont concernés par les ronflements le savent, la liste des produits et gadgets qui promettent de retrouver des nuits calmes est longue. Prendre conseil auprès de son médecin peut éviter de perdre un temps précieux et beaucoup d’argent. Les dilatateurs nasaux n’apportent pas toujours de résultats significatifs, mais pour les personnes prêtes à utiliser un dispositif un peu plus invasif, le Nastent® serait plus efficace. «Il s’agit d’un petit tube en silicone d’une dizaine de centimètres que le patient introduit dans une de ses narines avant de dormir afin de faciliter le passage de l’air», explique le pneumologue. Les sprays anti-ronflements sont eux aussi nombreux sur le marché, mais le spécialiste met en garde: «Les produits décongestionnants ne doivent pas être utilisés plus de 5 à 7 jours. Quant aux sprays lubrifiants, nous sommes assez réticents. Ils sont le plus souvent inefficaces et des particules huileuses auraient été retrouvées dans les poumons de certains utilisateurs, ce qui peut provoquer des dégâts.»

Ne pas négliger le risque d’apnées du sommeil

Les apnées du sommeil sont retrouvées chez 20 à 30 % des ronfleurs. Si l’impact des ronflements sur la santé n’est pas encore clairement établi, celui du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est, lui, bien connu. Outre des somnolences diurnes et une baisse des réflexes et de la concentration qui peuvent être à l’origine d’accidents, les apnées sont aussi associées à une augmentation du risque d’évènements cardiovasculaires (infarctus, AVC). Il est donc important de les dépister tôt afin de mettre en place un traitement adapté. Mais le délai est parfois long avant que le diagnostic ne soit posé, principalement car 80 % des patients pensent initialement ne pas faire d’apnées. «Les conjoints sont très utiles pour fournir des renseignements précis sur les ronflements, mais on ne peut pas se fier à leurs seules observations ou à une vidéo pour dire s’il y a apnées ou non», souligne le Dr Karma Lambercy, responsable du secteur SAOS et ronchopathie du Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale du CHUV. Selon les symptômes rapportés et les caractéristiques des patients (âge, corpulence, antécédents) souffrant de ronflements, un examen complémentaire pourra être proposé afin de rechercher un SAOS.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 37 – Mars 2020