Gérer les «petits moments de solitude»

Dernière mise à jour 25/11/11 | Article
Personne isolée dans un groupe
Le jeu social regorge de situations plaisantes, mais aussi embarrassantes. Certains y seraient très sensibles, au point de développer une forme de « stress social ». Décryptage et outils pour rester zen en public.

Dans la cour d’école déjà, vous avez peut-être fait l’expérience de ces petits moments de solitude quand les copains se passent le ballon en ignorant proprement votre présence. Plus tard, lors d’un apéritif entre amis, champagne dans la main droite et petit four dans la main gauche, vous vous retrouvez seul parmi les autres, exclu des conversations qui vous entourent. Dans le milieu professionnel aussi, il arrive que, lors d’une présentation par exemple, vous vous rendez soudain compte de l’inattention de votre auditoire, de son regard sceptique voire méprisant…

Pas tous égaux face au stress social

Si ces situations de rejet social mettent profondément mal à l’aise certains, au point même de générer ce que les spécialistes qualifient de stress social, pour d’autres elles ne provoquent aucun effet particulier. Nous ne sommes en effet pas tous égaux devant ces formes d’exclusions sociales. Chez les plus vulnérables, l’impact sur la santé n’est pas négligeable. Physiologiquement, ce stress déclenche une réaction inflammatoire aiguë qui peut être à l’origine de pathologies diverses comme l’asthme, les maladies cardiovasculaires et même certains types de cancer ! L’intensité de cette inflammation induite par le stress varie en réalité fortement d’une personne à l’autre.

Des chercheurs de l’Université de Californie ont tenté, dans une étude récente, de comprendre l’origine de ces différences individuelles en associant la mesure de marqueurs d’inflammation et des techniques d’imagerie cérébrale. Pour déterminer pourquoi certains sujets sont préservés de cette réaction inflammatoire indésirable, les scientifiques ont tenté de reproduire des situations socialement stressantes en laboratoire, à l’insu des participants. Pour ce faire, deux types d’expériences ont été mises en place.

Dans la première, chaque sujet devait présenter un exposé et réaliser des calculs difficiles (comme compter à l’envers, de sept en sept, à partir de 2733) devant un « faux » public apparemment exaspéré. Trente minutes après, le niveau de stress des trente et un participants a été évalué. Leur réponse inflammatoire a été mesurée à l’aide de deux marqueurs de l’inflammation présents dans la salive.

Stress et activation cérébrale

Quelques jours plus tard, une seconde expérience a été réalisée : les sujets ont participé à un jeu de passes sur un écran avec deux autres joueurs fictifs. Ces derniers l’excluaient intentionnellement dans le but de susciter un sentiment de rejet social. Cette fois, c’est l’activité cérébrale des participants qui a été simultanément visualisée par résonnance magnétique (IRM). L’imagerie de zones spécifiques du cerveau a permis d’évaluer le niveau de stress ressenti. Il s’est avéré que les sujets dont le système immunitaire répondait peu au rejet social ont aussi présenté la plus faible activation cérébrale lors de cette situation. Autrement dit, si certains individus ne développent pas d’inflammation dans ces circonstances, c’est que le rejet social n’a pas provoqué chez eux de stress mesurable.

Si cette étude a permis de confirmer l’existence de différentes sensibilités individuelles et réponses physiologiques face à cette forme de stress, on peut se demander pourquoi le cerveau va stimuler le système immunitaire lors de telles situations. Selon les spécialistes, ces mécanismes trouveraient leur origine chez nos ancêtres préhistoriques. Il faut savoir en effet que le stress social et la douleur physique activent les mêmes zones cérébrales. Dans un environnement primitif, le stress précédait ou accompagnait une atteinte physique. L’activation immédiate du système immunitaire permettait probablement de préparer l’organisme à lutter contre un éventuel traumatisme. Or, une telle réponse, adéquate hier, est inadaptée au mode de vie moderne. Aujourd’hui, le stress social est fréquent, mais précède rarement une blessure physique. Ainsi, on peut en conclure que le système immunitaire, chez les personnes sujettes à ce type de stress, s’active inutilement.

Apprendre à gérer son stress

Pour minimiser ces effets délétères à la fois sur la qualité de vie et sur la santé, les spécialistes recommandent aux personnes sensibles au rejet social d’apprendre à mieux gérer leur stress par des techniques de relaxation ou de méditation. Des moyens efficaces et apaisants qui aident à garder la tête froide.

Références

Adapté de «Gardons la tête froide », C. Barras, L. Guibentif, G. Karege, S. Ponthus, O. Vazquez, D. Wyssa, P. Cosson, P. Soulie. Rev Med Suisse 2011 ; 7 : 969, en collaboration avec les auteurs.

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