Optimiser la recherche clinique grâce à l’IA

Dernière mise à jour 07/11/22 | Article
PULS_recherche_clinique_IA
La recherche pourrait tirer profit de l’intelligence artificielle (IA), avec pour but ultime, des bénéfices pour les patientes et patients.

Prévention des infections à l’hôpital

Les infections nosocomiales (acquises à l’hôpital) touchent 10 à 15% de la population mondiale. Et si l’intelligence artificielle pouvait aider à prévenir et contrôler ces infections? C’est l’objet d’une des recherches de Douglas Teodoro, professeur assistant au Département de radiologie et informatique médicale à l’Université de Genève (UNIGE): «Nous cherchons à prédire le risque d’infection pour chaque nouveau ou nouvelle patiente, en construisant des modélisations représentant son parcours dans l’hôpital. Nous récoltons pour ce faire des données relatives aux lits et locaux occupés, au personnel ayant été en contact avec la personne, etc. L’algorithme gère tout cet historique. La mise en commun de cette masse de données génère de nouvelles informations sur les caractéristiques des patientes et patients infectés. À terme, l’idée est de pouvoir aider les équipes à introduire de nouvelles barrières pour réduire le risque de contamination.»

Prenons un exemple: «Il faut savoir qu’environ 85% des essais cliniques visant la mise au point de nouveaux traitements se soldent par un échec avant d’être approuvés par les agences européenne ou américaine de médicaments», indique Douglas Teodoro, professeur assistant au Département de radiologie et informatique médicale à l’Université de Genève (UNIGE). En cause, entre autres, la présence de failles dans les protocoles de recherche, rédigés par les différents chercheurs et chercheuses impliquées et qui comportent toutes les informations sur la méthode, les objectifs, le déroulement, etc., de l’étude. «Nous disposons de registres où sont répertoriés pas moins de 500’000 essais cliniques ayant ou non abouti. Grâce à des algorithmes, nous pouvons parcourir et analyser rapidement ces bases de données pour évaluer le risque d’échec et identifier quelles parties d’un nouveau protocole posent problème.» Améliorer ces processus pourrait accélérer la mise sur le marché des nouveaux médicaments et réduire par là même leur prix, qui dépend en partie des coûts de la recherche – environ 1,3 milliard de francs pour chaque remède approuvé.

Outil de prédiction

Concernant l’efficacité des médicaments, nous savons qu’elle peut varier en fonction des individus. La création de cohortes homogènes, à l’aide de l’IA, pourrait être utile pour prédire la réponse aux traitements de personnes partageant les mêmes caractéristiques dans un but de médecine personnalisée, explique Douglas Teodoro: «Nous utilisons des algorithmes pour donner une meilleure représentation numérique de chaque personne, de ses caractéristiques de santé, de sa maladie, de sa génétique, de ses antécédents, etc. Les variables sont si nombreuses que même le ou la meilleure des médecins ne peut les assimiler seule.»

Dépister l’insuffisance rénale aiguë

Dans le Service de néphrologie et d’hypertension des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), une étude sur le rôle de l’intelligence artificielle (IA) dans l’identification des patients et patientes à risque d’insuffisance rénale aiguë pourrait bientôt voir le jour. Aux HUG, quelque 20% des personnes sont concernées. Non soignée, cette maladie est lourde de conséquences: insuffisance rénale chronique, dialyse, allongement du séjour à l’hôpital et mortalité augmentée. «Aujourd’hui, pour la découvrir, il faut expressément la rechercher. Nous recourons pour cela à un système de scores. Mais grâce à l’IA et à ses puissants algorithmes, nous pourrions peut-être mieux identifier les personnes à risque dans tout l’hôpital et appliquer rapidement des mesures de prévention pour éviter les complications», explique la Pre Sophie De Seigneux, médecin-cheffe du Service de néphrologie et d’hypertension des HUG. Plusieurs travaux dans d’autres centres hospitaliers ont montré l’intérêt de l’IA dans ces situations.

________

Article repris du site  pulsations.swiss

A LIRE AUSSI

Antidépresseurs

Antidépresseurs: pour un temps ou pour la vie?

Traitement clé des dépressions modérées à sévères, les antidépresseurs s’inscrivent souvent dans la vie...
Lire la suite
Anesthésie

Effets de l’anesthésie sur le cerveau

L’impact d’une opération sur les facultés intellectuelles est avéré. On ignore pour l’heure les causes...
Lire la suite
Chirurgie de l'obésité
Les effets inattendus du by-pass gastrique

Les effets inattendus du by-pass gastrique

Carences, problèmes psychologiques et esthétiques, prise de poids font partie des effets secondaires...
Lire la suite
Articles sur le meme sujet
PS49_sport_connecte_bonne_idee

Se mettre au sport connecté: une bonne idée?

Smartphones, montres connectées, patchs collés sur la peau ou encore semelles intelligentes: les nouvelles technologies se bousculent pour accompagner nos sorties sportives. Mais sont-elles toujours utiles?
 PS48_itw_david-zacharie_issom

«Les innovations doivent tenir compte du monde tel qu’il est»

Récemment nommé professeur en algorithme et programmation à la Haute école de gestion de Genève et passionné par le domaine de la santé globale, David-Zacharie Issom multiplie les projets, notamment avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Institut de e-Santé de la HES-SO Valais. Son leitmotiv: favoriser l’émancipation des patients et patientes par le biais de technologies accessibles et adaptées.
LMD_applications_resolutions_realite

Apps santé: les alliées partielles de nos bonnes résolutions

Mieux manger, pratiquer du sport, arrêter de fumer ou améliorer son sommeil… De nombreuses applications pour smartphones et objets connectés promettent de nous motiver et de nous permettre de tenir nos résolutions. Des moyens qui peuvent nous soutenir pour changer certains comportements, mais qui ne sont qu’une partie de la solution.
Videos sur le meme sujet

Une nouvelle méthode pour détecter la sensibilité des bactéries aux antibiotiques

Des scientifiques de lʹEPFL et de la Vrije Universiteit Brussel travaillent depuis plusieurs années sur une nouvelle méthode pour détecter la sensibilité des bactéries aux antibiotiques via la microscopie optique.

Des électrodes déployables pour une chirurgie crânienne peu invasive

Des scientifiques de lʹEPFL ont mis au point un tout nouvel outil pour les neurochirurgiens: un réseau dʹélectrodes déployable.

Une oncologue genevoise gagne une bourse dʹun million de francs pour ses recherches sur le lymphome

1 million de francs suisses, cʹest la montant de la bourse remportée par la chercheuse genevoise Noémie Lang, première bourse du genre décernée par le Groupe suisse de recherche clinique sur le cancer (SAKK).