«Carafes filtrantes» et traitement de l’eau: ce qu’il faut savoir sur le sujet

Dernière mise à jour 24/04/17 | Article
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Une agence sanitaire française vient de mener un vaste travail d’expertise sur le sujet. Voici ses principales recommandations.

Les carafes filtrantes sont des appareils de traitement d’eau à domicile. Il s’agit de dispositifs destinés non pas à rendre potable une eau qui ne l’est pas, mais à améliorer les qualités organoleptiques de l’eau disponible (gommer le goût de chlore notamment), voire éliminer le calcaire ou certains métaux (comme le plomb). Elles se composent d’un récipient, d’un entonnoir, d’une cartouche avec un média actif filtrant, d’un couvercle et souvent d’un indicateur de remplacement de la cartouche. Dans les «bouteilles filtrantes», la cartouche est remplacée par un disque filtrant et le couvercle par un bouchon vissant.

En France, à la suite de «signalements de libération de substances indésirables dans l’eau» par ces dispositifs, des questions furent publiquement soulevées quant à leur innocuité et à leur efficacité. C’est ainsi que l’Agence nationale française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été amenée à travailler sur le sujet. Elle vient, dans un long avis, de formuler une série de conclusions et de recommandations importantes pour les utilisateurs.

20% de la population

Selon elle, les données actuellement disponibles ne mettent pas en évidence un risque pour la santé du consommateur. Pour autant, elle conclut toutefois que l’usage de ces carafes filtrantes «peut conduire au relargage de différents contaminants (ions argent, sodium, potassium, ammonium) dans l’eau de boisson, à un abaissement du pH, voire à une altération de la qualité microbiologique de l’eau.»

En France métropolitaine on estime à 20% la proportion de la population âgée de plus de 18 ans qui utilise la filtration domestique de l’eau du robinet à l’aide de carafes filtrantes ou de systèmes fixes de filtration installés sur les robinets ou sous les éviers. La même proportion est retrouvée dans les pays européens. C’est dire, même si tous les dispositifs en place ne sont pas actifs, l’importance potentielle du sujet en termes de santé publique.

Les manuels d’utilisation indiquent généralement que la carafe est uniquement conçue pour être utilisée avec de l’eau froide prélevée au robinet dont la qualité est conforme aux dispositions réglementaires. Et la cartouche doit être remplacée régulièrement après 20, 30 ou 50 jours d’utilisation selon les marques. L’eau filtrée doit ensuite être consommée rapidement, dans les 24 ou 48h.

Les revendications commerciales mentionnées dans les notices techniques sont des allégations descriptives du type: «une eau plus pure, plus claire, au goût agréable pour les boissons chaudes ou froides et pour la préparation des repas»; «une eau limpide, propre et saine»; «la carafe filtrante protégera aussi vos appareils électroménagers contre la formation de calcaire».

Il existe aussi des revendications spécifiques telles que la réduction de la teneur en chlore et l’amélioration des caractères organoleptiques, odeur et saveur; la réduction de la teneur en calcaire; la réduction de la teneur en métaux (comme le plomb et le cuivre) et plus rarement de l’aluminium ou du zinc, de pesticides et autres contaminants organiques comme les résidus de médicaments.

Des précautions à prendre

«Au regard de la diversité des matériaux utilisés, des systèmes de filtration et de l’absence de connaissance précise de la composition des carafes et des cartouches, il n’est pas possible de réaliser une évaluation exhaustive des risques liés à l’usage des carafes filtrantes», conclut l’Agence française.

Elle recommande d’autre part aux utilisateurs de conserver la carafe filtrante au réfrigérateur, de consommer l’eau filtrée rapidement, idéalement dans les 24 heures après filtration, et de porter une attention particulière aux revendications d’efficacité des carafes affichées par les fabricants (affichage des paramètres conformes à la norme). Elle recommande aussi de respecter le mode d’emploi et les éventuelles précautions d’usage (nettoyage de la carafe, remplacement de la cartouche, contact de l’eau filtrée avec certains ustensiles en métal ou en céramique particulièrement lorsque l’eau est chauffée); de respecter les restrictions ou précautions d’usage mentionnées dans les notices pour certains usagers (par exemple: alimentation des nourrissons, consultation d’un médecin pour les personnes suivant un régime alimentaire contrôlé notamment pauvre en sodium ou potassium).

Enfin, s’agissant de l’innocuité des carafes filtrantes, l’Agence observe que les données disponibles «ne permettent pas d’attester d’un risque pour la santé du consommateur». Pour autant, elle constate «que la filtration peut entraîner un abaissement du pH, une libération d’argent, de sodium, de potassium et/ou d’ammonium ainsi qu’une altération de la qualité microbiologique de l’eau pour tout ou partie de la durée de vie de la cartouche.»

Elle attire d’autre part l’attention des consommateurs sur les produits proposés à la vente en ligne: ces derniers peuvent ne pas être conformes à la réglementation européenne.

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1) «AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à l’évaluation de l’innocuité et l’efficacité des carafes filtrantes».

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