Comment se préparer à la grossesse

Dernière mise à jour 05/04/17 | Article
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Avant de tomber enceinte, les femmes peuvent déjà se préparer à une grossesse future en prenant soin de leur santé.

Il y a des enfants qui arrivent «par hasard», d’autres qui sont planifiés. Quel que soit le cas de figure, lorsqu’on est en âge de procréer, avoir une hygiène de vie saine est un capital important en vue d’une grossesse future. C’est ce qu’expliquent le Pr Olivier Irion, chef du service d’obstétrique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et Elodie Lavigne, journaliste à Planète Santé, dans un ouvrage récemment paru*. En effet, les femmes qui désirent un enfant l’ignorent souvent, mais une grossesse peut, d’une certaine façon, se préparer. Certes, on ne peut véritablement prédire comment les neuf mois se dérouleront, mais on sait en revanche que certains comportements ou certaines maladies sont dangereux pour la mère et l’enfant. Voici quelques mesures préventives, destinées à éloigner plusieurs facteurs de risques connus.

En parler à son médecin

Pour commencer, il peut être utile d’informer son médecin traitant de son projet d’enfant. C’est particulièrement le cas si on souffre d’une maladie chronique ou si on est sous traitement médicamenteux. Car la grossesse peut aggraver certaines maladies. De même, certains médicaments sont carrément contre-indiqués durant la grossesse, en raison des risques pour la santé du bébé. C’est le cas des rétinoïdes, prescrits contre l’acné, qui peuvent entraîner des malformations graves chez le fœtus. On doit également se méfier de certains hypertenseurs, anti-inflammatoires, antibiotiques ou antiépileptiques. La meilleure chose à faire est donc de se renseigner auprès de son médecin ou de son pharmacien pour s’assurer que les médicaments prescrits sont sans risques vis-à-vis d’une grossesse future. Aussi, si votre médecin traitant ou votre gynécologue est au courant du projet d’enfant, il pourra vous prescrire de l’acide folique (ou vitamine B9). Cette substance joue un rôle majeur dans la fabrication des globules rouges et dans la division cellulaire. Un apport suffisant est capital pour prévenir la spina bifida, une malformation grave de la colonne vertébrale qui entraîne des problèmes neurologiques chez le fœtus. L’alimentation à elle seule ne couvre pas tous les besoins. C’est pourquoi une supplémentation en acide folique est nécessaire, de préférence dès deux à trois mois avant la conception et jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse. Une mesure simple mais qui contribue à réduire drastiquement les risques.

Ce qu’il faut savoir…

LA CONSOMMATION D’ALCOOL

Les spécialistes sont unanimes: durant la grossesse, il faut renoncer complètement à l’alcool, en raison des risques pour la santé du fœtus. Mais comment gérer sa consommation avant de tomber enceinte? Il est vrai qu’entre le moment où naît un désir d’enfant et la conception, il peut se passer plusieurs mois. Afin d’éviter d’exposer son enfant à de fortes quantités d’alcool au tout début de la grossesse (phase-clé de la formation des organes), il est conseillé d’éviter d’en boire, ou alors en très faibles quantités et surtout pas tous les jours. En tous les cas, il faut renoncer à toute consommation excessive, même occasionnelle. Pourquoi? Car le seuil de consommation d’alcool à ne pas dépasser pour exclure tout danger sur la grossesse n’est pas connu. Si votre consommation est problématique, prenez contact avec un professionnel.

DU TEST DE GROSSESSE À L’ACCOUCHEMENT

Expérience unique et intime, la grossesse suscite de nombreuses questions et génère parfois aussi des inquiétudes. «J’ai envie de comprendre... Ma grossesse»*, ouvrage récemment paru aux Editions Planète Santé, propose d’accompagner la femme enceinte durant ces neuf mois. Des premiers symptômes au suivi médical, en passant par l’évolution du bébé, jusqu’aux symptômes d’urgence et à l’accouchement. Un guide utile pour vivre une grossesse harmonieuse.

Revoir ses vaccins

Faire un bilan vaccinal auprès de son médecin est également fortement conseillé avant la grossesse. Et pour cause, certaines maladies infantiles (rubéole, oreillons, rougeole, varicelle, coqueluche), très contagieuses, sont dangereuses pour la femme enceinte et son bébé. En l’absence de couverture vaccinale, ou en cas de doute, des rappels de vaccins doivent être effectués. Car certains vaccins sont contre-indiqués durant la grossesse. De même, il est conseillé de se faire vacciner contre la grippe. Car chez la femme enceinte, et en particulier au cours des deuxième et troisième trimestres, elle peut avoir des conséquences sérieuses.

Une autre chose à faire est de se rendre chez le dentiste. Ce n’est pas forcément très connu, mais la santé des dents et l’hygiène bucco-dentaire sont très importantes en prévision d’une grossesse. D’une part parce qu’on préfère éviter les radiographies et les traitements dentaires durant cette période, d’autre part parce que les infections de la bouche pourraient mettre en danger la santé de l’enfant. De plus, la grossesse entraîne des modifications physiologiques au niveau de la gencive et de la salive qui peuvent augmenter la vulnérabilité aux infections. Un contrôle des dents, un nettoyage auprès d’un hygiéniste et un apport en fluor sont donc vivement recommandés.

Plus globalement, lorsqu’on a un projet d’enfant, avoir une hygiène de vie saine est bénéfique pour la santé de la mère et celle du bébé. Concrètement, cela signifie veiller à une alimentation saine et équilibrée, avoir une activité physique régulière, avoir un poids sain (l’obésité étant un facteur de risque pour la grossesse), arrêter de fumer et modérer (voire stopper) sa consommation d’alcool (lire ci-contre). Bien dormir et maîtriser le plus possible son stress augmenteront également le sentiment de bien-être.

A bas le tabac

La grossesse est une excellente occasion pour arrêter de fumer. Pour de nombreuses femmes enceintes, c’est même une grande source de motivation. Tout d’abord, il faut rappeler que le tabac, qui est un poison pour la santé, nuit à la fertilité. Il diminue le nombre d’ovocytes chez la femme et la production de spermatozoïdes chez l’homme. Ensuite, le monoxyde de carbone et les métaux lourds présents dans le tabac peuvent entraîner de graves complications. Les méfaits du tabac sur la grossesse sont nombreux: risque de grossesse extra-utérine, fausse couche, saignements inopinés, problèmes placentaires, rupture prématurée des membranes ou accouchement prématuré, retard de croissance intra-utérin, faible poids de naissance, hémorragies à l’accouchement, augmentation des complications à la naissance pour le bébé, malformations, etc. Aussi, le tabagisme pendant la grossesse diminue la quantité de lait maternel et augmente les risques de mort subite du nourrisson.

Mais, on le sait, le tabac est une drogue dure et y renoncer n’est pas chose facile. La volonté ne suffit pas toujours. Le soutien d’un professionnel, même bref, augmente les chances de succès. Différentes méthodes existent et il n’est jamais trop tard pour arrêter.

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Références:

  • J’ai envie de comprendre... Ma grossesse, par Elodie Lavigne et le Pr Olivier Irion, Editions Planète Santé, novembre 2016.
  • Paru dans le Quotidien de la Côte le 08/02/2017.
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