Ocytocine, l’hormone qui rend fidèle?

Dernière mise à jour 11/05/12 | Article
Des parents et leur enfant
Et s’il existait une hormone permettant de s’assurer la fidélité de son/sa partenaire? L’ocytocine est l’hormone permettant l’éjection du lait et les contractions utérines. Il semblerait qu’elle agisse aussi sur le comportement et les émotions au sein d’un couple et des interactions sociales.

L’ocytocine, toutes cartes en mains

L’ocytocine est une hormone qui se répand dans le sang, pour éjecter le lait lors de l’allaitement ainsi que pour induire les contractions utérines lors de l’accouchement et de l’orgasme. Par ailleurs, elle se propage aussi dans le cerveau, où elle aurait de multiples effets sur le comportement et les émotions. En effet, des études ont montré qu’elle joue un rôle dans l’activité sexuelle, l’érection, le comportement maternel, la monogamie, le lien social, le regard, le stress, le bien-être et la confiance. Elle supprime notamment le sentiment de peur dans certaines situations.

La consommation de certaines substances diminuent l’ocytocine (la morphine, l’héroïne, les opiacés) et d’autres l’augmentent (ecstasy).

Hormone de la monogamie

Une étude sur les rats a démontré que les rats des champs possèdent beaucoup de récepteurs à l’ocytocine et forment des couples monogames stables, élevant conjointement leurs petits. Quant aux rats de montagnes dépourvus de récepteurs à l’ocytocine, ils vivent dans des situations de proximité sexuelle, sont volages et mauvais parents. Chez l’être humain, l’ocytocine apporte stabilité dans un couple, aide à la perception des problèmes et à la qualité du lien conjugal.

Hormone de l’attachement

Chez l’animal, l’ocytocine permet à la mère de tout mettre en œuvre pour accueillir son petit : fabrication du nid, installation du petit, léchage, toilette, frottement du dos. Ces gestes favorisent les liens entre la mère et ses petits, en leur assurant confort, chaleur, nourriture et protection. Chez l’homme, l’ocytocine augmente la réponse des mères aux cris de leurs enfants.

Confiance ou méfiance?

L’ocytocine réduit également l’anxiété et le stress lors des interactions sociales (notamment lors de séparation précoce avec la mère, de problèmes de couple et de rejet entre étudiants). Certaines études montrent effectivement que l’ocytocine (hormone féminine) augmenterait le sentiment de confiance. A l’inverse, la testostérone (hormone masculine) pourrait rendre méfiant et agressif.

Traitement de certaines maladies par l’ocytocine

Des recherches sont actuellement en cours pour déterminer si l’utilisation d’ocytocine serait utile et efficace dans le traitement de certaines maladies perturbant les interactions sociales, comme l’autisme ou la schizophrénie. Les propriétés anti-stress de cette hormone pourraient également être utilisées dans le traitement des troubles anxieux (phobie sociale, anxiété généralisée) et de la dépression. Pour aller encore plus loin, il se peut qu’elle devienne un marqueur pour détecter les dépressions du post-partum (après l’accouchement) et chez les femmes ayant subi des abus sexuels dans leur enfance.

Ocytocine, la prometteuse

L’ocytocine est encore peu utilisée dans le traitement des maladies mentionnées ci-dessus, mais les découvertes actuelles et celles qui suivront promettent de belles avancées dans le domaine de la psychiatrie, principalement lors des problèmes d’interactions sociales et d’anxiété. Affaire à suivre.

Référence

Adapté de «L’ocytocine: hormone de l’amour, de la confiance et du lien conjugal et social», Dr R.-C. Martin-Du Pan, in Revue médicale suisse 2012; 8:627-30, en collaboration avec les auteurs.

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