Que penser du co-dodo?
Après avoir recensé 10,4 morts de nourrissons pour 1000 naissances en 2009, les autorités de la ville de Milwaukee, dans le Wisconsin, ont lancé une campagne choc pour lutter contre la mortalité infantile. Cette campagne américaine montre deux bébés apparemment endormis, avec deux couteaux tranchants à leur côté. Le but: décourager les parents qui font du co-dodo (ndrl: le fait de dormir avec son bébé), appelé aussi co-sleeping, une pratique jugée trop dangereuse. En Suisse, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, la mort subite du nourrisson a fait 13 victimes en 2009, le nombre de cas étant relativement stable depuis dix ans environ. La doctoresse Anne Pittet répond à nos questions.
Est-il dangereux de faire du co-dodo?
Il est difficile de répondre simplement et de manière catégorique à cette question, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il faut savoir que dormir (ou pas) avec son bébé est une affaire culturelle. En Afrique, par exemple, cette pratique fait partie des mœurs, alors qu’elle est beaucoup moins répandue en Occident. Aussi, il y a de multiples façons de faire du co-dodo: les parents et l’enfant peuvent partager la même chambre, mais le bébé dort dans son berceau. Ou alors, ce dernier partage le lit de ses parents et dort entre son papa et sa maman ou carrément sur elle. Selon les situations, les risques sont très différents.
Quels sont les avantages et les inconvénients de cette pratique?
Dormir avec son bébé favorise l’allaitement à plusieurs égards. C’est d’abord pratique pour la mère qui n’a pas besoin de se lever pour le nourrir. De plus, des études ont démontré que le bébé qui dort avec sa maman tète plus et plus souvent pendant la nuit. On peut faire le lien avec la méthode kangourou, indiquée en particulier chez les prématurés. Le contact peau à peau favorise la montée du lait, stimule le bébé et diminue les risques d’apnée. Sur le plan psychologique, cette proximité augmente le sentiment de sécurité du bébé, qui sent l’odeur de sa mère et entend les battements de son cœur. Face au risque de mort subite du nourrisson, les parents se sentent généralement plus rassurés de savoir leur enfant près d’eux, mais le risque existe selon les conditions de couchage. Pour l’intimité du couple et la qualité du sommeil, dormir avec son bébé n’est pas idéal.
Le risque de mort subite du nourrisson est-il plus important lorsqu’on fait du co-sleeping?
Il y a peu d’études détaillées sur le co-dodo analysant séparément l’influence des différents facteurs associés à cette pratique, mais il y aurait effectivement plus de morts subites quand le nourrisson passe la nuit dans le même lit que ses parents. En cause: les risques d’enfouissement (sous la couette ou l’oreiller), d’hyperthermie (le bébé a trop chaud) et d’écrasement voire de chutes liés à cette pratique. Contrairement à une idée reçue, écraser son enfant en dormant peut arriver, en particulier lorsqu’on se trouve dans un sommeil très profond, après avoir consommé de l’alcool ou lors d’une fatigue parentale extrême par exemple. En revanche, on ne sait pas bien pourquoi, mais il y a moins de morts subites lorsque l’enfant dort dans la même chambre que les parents, mais dans son berceau.
Quelles précautions observer pour minimiser les risques?
Dans tous les cas, que l’enfant soit dans son berceau ou dans le lit conjugal, il faut veiller à ce que ses conditions de couchage soit bonnes. L’enfant doit être couché sur le dos dans une gigoteuse (sac de couchage). Il faut bannir la couette et les oreillers en raison du risque d’étouffement. On préférera un lit plutôt dur, duquel il ne pourra pas tomber. Pour éviter toute chute, on peut également mettre le matelas par terre ou coucher l’enfant entre ses parents. Il faut veiller à le protéger de tout excès de chaleur, en maintenant une température de la chambre entre 18 et 20°. Aussi, la fumée accroît les risques de mort subite. Il faut donc maintenir une ambiance sans fumée pour le bébé, mais il faut savoir que le tabagisme maternel pendant la grossesse est un facteur de risque important également. L’allaitement maternel a quant à lui a un effet protecteur.
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