Sida, tuberculose, malaria: à quand des vaccins?

Dernière mise à jour 22/03/12 | Article
Vaccins dans le monde
Pourquoi n’existe-t-il pas de vaccins efficaces à 100% contre trois des maladies infectieuses épidémiques les plus meurtrières au monde?

Si nous ne disposons pas encore de vaccins contre ces maladies, c’est parce que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), le parasite du paludisme (Plasmodium falciparum ou vivax) et la bactérie de la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis) ont développé d’ingénieuses stratégies pour échapper aux mécanismes de défenses de l’hôte, et qui restent encore mal comprises.

Sida

Malgré les traitements anti-VIH (trithérapies), l’épidémie de sida continue de prendre de l’ampleur et tue trois millions de personnes par an. L’OMS estime que plus de 30 millions de personnes dans le monde sont aujourd'hui touchées. En dépit d’avancées spectaculaires dans la compréhension de l’infection et de la réponse immunitaire des individus infectés, les vaccins de 1re et 2e générations et les vaccins combinés testés jusqu’ici n’ont pas eu d’effet protecteur, ou trop faible.

Plusieurs raisons à cela:

  1. le VIH infecte précisément les globules blancs (lymphocytes T) qui participent à la défense contre les infections virales;
  2. pour que le lymphocyte T soit efficace contre une infection virale, il doit seulement être « activé » par le virus. Mais le VIH infecte le lymphocyte et se multiplie à l’intérieur;
  3. le sperme des personnes séropositives contient des lymphocytes infectés abritant le virus, qui échappe ainsi à l’action des  défenses naturelles de la muqueuse vaginale ou du col de l’utérus.

Tuberculose 

Un tiers de la population mondiale est porteuse du bacille de la tuberculose, qui entraîne chaque année environ deux millions de décès. Un vaccin, dit BCG (bacille de Calmette et Guérin), a été développé à l’Institut Pasteur de Paris au début du XXe siècle à partir d’une souche virulente de tuberculose bovine atténuée. Le BCG protège les enfants contre les formes graves de la tuberculose (méningite tuberculeuse), mais son efficacité diminue avec le temps et les jeunes adultes ne sont plus protégés contre la tuberculose pulmonaire, la source principale de la dissémination de la maladie. On invoque des souches trop atténuées ou la présence d’une immunité préexistante contre le BCG.

La mise au point de nouveaux vaccins est difficile car on connaît encore très mal les mécanismes de défense immunitaire contre la tuberculose. Les nouveaux vaccins doivent être au moins aussi sûrs et efficaces que le BCG. De larges essais cliniques doivent être conduits, mais il faudra encore attendre plusieurs années pour les voir remplacer le BCG.

Le paludisme

Le paludisme (ou malaria) tue un million d’individus par an, principalement des enfants d’Afrique subsaharienne. Les parasites transmis par la piqûre d’un moustique infecté passent de la peau dans le foie où ils prolifèrent rapidement, et de là dans les globules rouges. L’explosion des globules rouges infectés est responsable des accès de fièvre typiques de la maladie. L’infection, aiguë ou chronique, peut être contrôlée par le système immunitaire et éliminée, mais chez certains elle peut conduire à des anémies sévères et à des inflammations du cerveau (encéphalites), et à la mort. On connaît de mieux en mieux les mécanismes d’infection du parasite. Grâce à cela, deux candidats-vaccins testés au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où le paludisme est endémique, ont eu de bons résultats. Ces vaccins induisent des anticorps qui bloquent l’entrée du parasite dans le foie.

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