Borderline : un trouble qui affecte aussi les proches

Dernière mise à jour 01/09/11 | Article
Dispute en groupe
Il existe des maladies où la souffrance des proches dépasse parfois celle de la personne atteinte. Le trouble de la personnalité borderline en fait partie. Comment les proches peuvent-ils réagir, quelles techniques pour limiter les dégâts psychologiques ?

Une souffrance partagée

Les tempêtes d’émotions dans lesquelles sont prises les personnes concernées n’épargnent pas leurs proches. Les tentatives de suicide et les automutilations ont souvent un effet culpabilisant sur l’entourage. Une relation de co-dépendance risque de se développer, par exemple lorsque l’humeur des proches ne dépend plus que du bien-être de la personne concernée. Les proches peuvent cependant apprendre à établir des relations secourables. 

Les proches n’échappent pas à la dynamique provoquée par le trouble de la personnalité borderline. Tout comme les personnes concernées, ils éprouvent également des sentiments d’attachement, d’affection, de dépendance, de colère, de haine ou de déception très intenses. Si cette intensité émotionnelle contribue à la richesse des relations avec les personnes concernées, elle risque également d’amener leurs proches au bord de l’épuisement et du désespoir. Il convient en effet de rappeler que le trouble borderline signifie un rapport perturbé avec soi-même et autrui et qu’il se manifeste avant tout dans les relations interpersonnelles. Les personnes concernées ont par exemple profondément peur d’être abandonnées par les personnes auxquelles elles attachent beaucoup d’importance et font de grands efforts pour éviter ces abandons réels ou imaginés. Tandis qu’une personne se mettra en colère lorsqu’elle se sent abandonnée, une autre n’aura pas d’autre moyen que de s’infliger des blessures ou de faire une tentative de suicide.

Beaucoup de proches souffrent profondément des blessures psychiques ou physiques que les personnes concernées leur infligent ou s’infligent à elles-mêmes. Ils se sentent souvent responsables des difficultés éprouvées par l’autre et font de leur mieux pour l’aider à résoudre ses problèmes. Le risque est alors grand que le partenaire, les parents ou les amis s’oublient et ne vivent plus que pour l’autre. Les professionnels parlent dans ce cas de relation de co-dépendance, par exemple, lorsque l’humeur des membres de l’entourage dépend exclusivement de l’état de la personne concernée.

Sentiment de culpabilité

Les proches souffrent souvent de forts sentiments de culpabilité. Les parents se demandent si leur enfant est devenu malade parce qu’ils ne lui ont pas donné assez d’amour ou parce que leur éducation n’était pas la bonne. Les partenaires ou les collègues se demandent si c’est leur comportement qui a amené l’autre à s’infliger des blessures. Mais ce sont surtout les tentatives de suicide qui ont un effet culpabilisant sur les proches, alors que, dans la plupart des cas, les reproches qu’ils se font sont tout à fait injustifiés. Les sentiments de culpabilité sont de mauvais conseillers. Ils lient souvent les proches aux personnes concernées de manière défavorable et risquent de provoquer une co-dépendance.

Les proches ont aussi souvent l’impression que la personne concernée se comporte volontairement d’une certaine manière pour les obliger à se comporter comme elle le souhaite. Se sentant manipulés ou ayant l’impression que l’on se sert d’eux, les proches perdent confiance ou se mettent en colère. Ces réactions sont normales et compréhensibles. Le comportement des personnes concernées l’est aussi, puisqu’il exprime souvent une réaction de détresse profonde. Si une personne ne supporte pas d’être seule, elle est prête à faire beaucoup de choses pour éviter cette situation et peut, par exemple, menacer de se suicider pour se protéger contre la solitude. Il est donc important que les proches soient  en mesure de comprendre la cause de son comportement. Lorsqu’elles traversent une période sans crise, les personnes concernées sont souvent capables de raconter ce qui leur arrive et de fournir ainsi à leurs proches les éléments qui leur permettront de mieux déchiffrer le langage du borderline.

Comment établir une bonne relation avec la personne souffrante?

La meilleure réponse à la maladie consiste à se comporter en faisant preuve de compréhension et en établissant des limites claires. Car les personnes concernées par le trouble de la personnalité borderline ont beau être les premières à souffrir de leur comportement, elles n’arrivent souvent pas à le contrôler en situation de crise. Établir des limites claires est donc important pour se protéger et protéger la personne contre des comportements dommageables. Dans les situations de crise, il est rarement possible de résoudre les conflits en discutant. La peur et la logique s’accordent mal l’une à l’autre.

Les proches ont souvent tout intérêt à d’abord se retirer et à ne parler des problèmes qu’une fois la crise passée. Lorsque la personne concernée risque visiblement de se faire mal ou de se mettre en danger, il est nécessaire de faire appel à une aide extérieure. Dans de telles situations, les proches ne doivent pas hésiter à appeler un médecin d’urgence ou à encourager la personne concernée à prendre contact avec son thérapeute ou à se rendre dans une clinique. Il est fréquent que les proches et les personnes concernées jugent certains symptômes complètement différemment. Des comportements d’automutilation, par exemple, auront un effet dramatique sur les proches, surtout s’ils les découvrent pour la première fois. Pour beaucoup de personnes concernées, il s’agit au contraire d’un moyen de faire cesser des états émotionnels extrêmement pénibles à supporter, et même si ce moyen n’est pas idéal, ils l’acceptent malgré tout.

Une fois la crise terminée, les proches et les personnes concernées devraient convenir de la meilleure réaction à avoir en cas de nouvelle crise, de manière à prévoir le comportement adéquat qui leur permettra de faire face à certains symptômes ou à certains types de sentiments. Ce faisant, il est nécessaire de veiller à ce que le comportement des proches ne renforce pas ces symptômes, ce qui est par exemple le cas quand un homme trouve seulement du temps pour son amie lorsqu’elle ne se sent pas bien et dit ressentir un besoin de se faire mal.

«Etre marié avec une femme souffrant d’un trouble de la personnalité borderline, c’est passer régulièrement du ciel à l’enfer. Son humeur change à chaque seconde. Il faut toujours être sur le qui-vive.» 

«J’ai cessé de vouloir résoudre les problèmes de mon amie, car j’ai compris que je ne suis pas son thérapeute.»

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Texte extrait d'une publication Pro Mente Sana

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Article original: http://www.promentesana.org/upload/application/59-brochureborderline2008.pdf