Mieux prévenir une démence galopante

Dernière mise à jour 13/02/12 | Article
Mains posées sur une cane
Le vieillissement de la population place les démences sur le devant de la scène. Dès lors une question de pose: comment mieux prévenir et traiter ces maladies?

Bien que les démences  rendent les personnes âgées dépendantes et soient souvent à l’origine de placement en EMS, les traitements restent limités. Cependant, il existe des possibilités d’intervention, avec ou sans médicaments, qui permettent de ralentir le déclin cognitif lié à l’âge ou, mieux encore, prévenir la survenue d’une démence, en particulier une maladie d’Alzheimer. Elles suscitent un intérêt grandissant.  

Rappelons que l’âge est le déterminant le plus important pour la maladie d’Alzheimer mais d’autres facteurs de risque entrent en ligne de compte: niveau socio-éducatif, hypertension artérielle, cholestérol trop élevé, diabète, tabagisme. Les facteurs de risque cardiovasculaire constituent aussi des facteurs de risque pour les démences. Au niveau des facteurs de protection, des études ont suggéré un effet positif de certains types d’activités physiques, occupationnelles et sociales ainsi  que de facteurs psychologiques et nutritionnels.

Stimulation intellectuelle et sociale

Des travaux ont montré un rapport entre le niveau d’éducation et de responsabilité professionnelle et l’incidence de démences à un âge avancé. Ainsi, les personnes ayant un haut niveau socio-éducatif développeraient plus tardivement les manifestations d’une démence, bien que des plaques séniles, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, soient déjà présentes dans leur cerveau.

Et même à ces âges plus avancés, on constate que la pratique d’activités de loisirs cérébrales (jouer aux échecs, aux dames, au backgammon ou aux cartes, faire des puzzles ou des mots croisés) ou intellectuellement stimulantes (faire partie d’une association, aller au cinéma ou au théâtre, jouer d’un instrument, pratiquer une activité artistique) est associée à une réduction du risque de déclin cognitif et d’incidence de démences. A noter que cette réduction, d’environ 50% sur une période d’observation de quatre ans dans une étude, n’est pas observée chez les participants pratiquant d’autres types d’activités de loisirs (regarder la télévision, écouter de la musique, tricoter, faire de la couture, jardiner, faire du bricolage).

Comme la stimulation cognitive, l’engagement social (rendre visite à des amis ou des proches, aller au cinéma, fréquenter des associations, se rendre à l’église ou à la synagogue, faire une activité bénévole) pourrait prévenir la survenue de troubles cognitifs.

Activité physique

L’activité  physique est probablement le facteur protecteur du déclin cognitif  et de démence pour lequel les évidences sont  les plus solides. Parmi les études, on peut citer celle de sujets sans troubles cognitifs (âge moyen 74 ans) chez qui la pratique d’une activité physique adaptée, au moins  trois  fois par semaine (15 minutes de marche, randonnée, vélo, natation, aérobic, aquagym), réduisait de plus de 30% l’incidence de démences sur une période d’observation de six ans,  correspondant à un retard d’apparition de la maladie d’environ deux à trois  ans. Plusieurs études interventionnelles ont confirmé le bénéfice cognitif de programmes d’entraînement  à l’endurance. Des séances d’au minimum 30 minutes, prescrites le plus souvent deux à trois fois par semaine, amélioreraient les performances à différents tests neuropsychologiques déjà après quatre mois.

Santé mentale et régime alimentaire

Qu’en est-il des aspects  psychologiques de la personne? Des épisodes dépressifs récurrents ainsi  que certains traits  de personnalité (tendance à éprouver des émotions négatives comme la peur, la timidité, la colère ou l’hostilité) pourraient avoir un impact négatif à long terme sur la cognition et constituer des facteurs de risque de démence.  L’hypothèse biologique suppose un effet toxique de la cortisone sur les neurones, en particulier de l’hippocampe, une zone du cerveau précocement touchée dans la maladie d’Alzheimer. Des études sont  nécessaires pour évaluer si  le traitement de symptômes dépressifs pourrait réduire le risque de démence.

Enfin, des chercheurs ont évalué les habitudes alimentaires de populations à l’aide de questionnaires détaillés. Après ajustement pour ces facteurs  de risque décrits de démence, certaines études ont rapporté qu’une consommation de poisson une ou plusieurs fois par semaine ainsi  que l’adhérence à une diète de type méditerranéen pourraient également prévenir le déclin cognitif, voireréduire l’incidence de démence.

Référence

«Approche préventive des pathologies démentielles», Drs Stephan Eyer et Stéfanie Monod, Pr Chrsitoph Büla, Service de gériatrie et réadaptation gériatrique, CHUV; Dr Armin von Gunten, Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé, Département de psychiatrie, CHUV, in Revue médicale suisse 2010 ; 6 : 2141-5.

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