Echinococcus: une maladie silencieuse qui peut être grave
Qui n’a jamais été tenté de grignoter les mûres sauvages et les fraises des bois lors d’une balade en forêt? Pourtant, ce geste anodin peut mener à l’ingestion des œufs d’un parasite dangereux: multilocularis. Un ver dont les hôtes principaux sont les renards, les chiens (surtout ceux de ferme) et, plus rarement, les chats. «On ne rencontre le ténia du renard que dans l’hémisphère Nord: Amérique du Nord, Europe du Nord, centrale et de l’Est, Moyen-Orient, Russie et États limitrophes. En Suisse, les renards sont touchés surtout dans les régions du Plateau et du Jura», explique Simon Ming, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Conseils pour éviter une contamination
- Bien laver et retirer la terre des baies des bois, des champignons ainsi que des fruits et légumes des potagers non protégés.
- Cuire les légumes tue les œufs des parasites, mais la congélation ne suffit pas.
- Se laver soigneusement les mains après avoir travaillé la terre ou après avoir touché des animaux qui sont en contact avec des rongeurs.
- Vermifuger régulièrement les chiens (surtout ceux qui se promènent librement à la campagne) avec un médicament spécifique qui tue les œufs d’Echinococcus.
- Empêcher les renards d’accéder au potager à l’aide de barrières.
Les œufs de ce parasite peuvent se trouver sur la nourriture destinée aux humains. Dans la plupart des cas, le système immunitaire empêche le ver de se développer et rien ne se passe. Parfois, cependant, les œufs survivent et les avaler déclenche une maladie potentiellement grave: l’échinococcose alvéolaire. « La Suisse est le deuxième pays d’Europe le plus touché en termes de fréquence, derrière la Lituanie», explique le PrFrançois Chappuis, chef du Service de médecine tropicale et humanitaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Simon Ming se veut rassurant: «Le risque d’infection humaine est toutefois faible.» Il y aurait entre 40 et 50 nouveaux cas par an, mais comme l’échinococcose alvéolaire n’est pas soumise à la déclaration obligatoire, ces chiffres sont une estimation.
Pour développer la maladie, il faut avoir mangé de la nourriture contaminée par les excréments de renard ou d’un autre animal infesté. «Les œufs ne sont pas visibles à l’œil nu et lorsqu’ils sont ingérés, les larves sont libérées et viennent se réfugier dans le foie. Se développe alors un tissu parasitaire qui l’envahit en formant de petits kystes. Ces lésions peuvent toucher les voies biliaires et le système veineux qui draine le foie,mais aussi les organes adjacents ou même à distance, comme des métastases », poursuit le Pr François Chappuis. La prolifération de tissu parasitaire se fait lentement et passe souvent inaperçue. «Entre le moment de l’infection par de la nourriture contaminée et le diagnostic de la maladie, il peut se passer entre cinq et dix ans. Les lésions se développent sans symptômes et l’échinococcose alvéolaire est souvent découverte fortuitement », poursuit le spécialiste.
Parmi les premiers symptômes figurent une douleur au niveau du flanc droit, une jaunisse ou une infection des voies biliaires qui nécessitent des examens. Grâce à une prise de sang et à une échographie du foie, le diagnostic est posé. «Si les lésions ne sont pas trop nombreuses et concentrées dans un endroit du foie, la portion abîmée peut être retirée par une chirurgie. Le reste de l’organe, sain, continue à assurer ses fonctions normalement. Après l’intervention, le patient doit suivre un traitement antiparasitaire pendant deux ans. Lorsque la maladie est trop avancée, le médicament doit être pris à vie afin d’arrêter la progression des lésions.»
Dans le Sud sévit l’échinococcose kystique
Echinococcus granulosus est un autre parasite présent principalement en Asie, en Afrique subsaharienne, en Amérique latine et sur le pourtour méditerranéen. Il provoque l’échinococcose kystique, moins grave que la forme alvéolaire. L’hôte du ver adulte est principalement le chien, mais les larves se développent chez les moutons, les porcs, les chevaux, les herbivores et accidentellement chez les humains. Les lésions au foie prennent la forme d’un ou plusieurs kystes entourés d’une coque qui compriment les structures adjacentes, mais ne les envahissent pas. Le traitement de première ligne consiste à les enlever par la chirurgie.