Sexe et petite reine: penser à son guidon

Dernière mise à jour 31/07/12 | Article
Une femme à vélo
La bicyclette, c’est la vie au 1/43ème: de longues plages de plaisirs fréquemment interrompues par d’épineuses souffrances. Et pédaler n’est pas tout. Il faut aussi songer, en amont des jambes et de cuisses, au devenir de ses parties intimes.

Les amoureux de la petite reine sont assez souvent de grands obsessionnels. Pour mille raisons plus une: rien ne sert de pédaler sans un matériel parfaitement adapté. Entendez: adapté au corps de celui qui en use. Un exemple: depuis la draisienne et le califourchon, chacun apprend vite, pneu ou pas, l’importance cruciale de la selle sur ce qui lui est en regard.

Car c’est ainsi: ce qui fut vrai pour l’homme durant des siècles avec le cheval vaut pour la bicyclette contemporaine. Ou, pour le dire autrement, chaque nouvel amateur apprend assez vite l’intérêt qu’il lui faut désormais accorder au rembourrage artificiel de ses fessiers naturels.

Vu de loin, notamment du trottoir, on pourrait n’y voir qu’une quête de confort. A dire vrai, c’est vite une affaire de survie. Et cela pourrait même devenir une question de reproduction. En témoigne aujourd’hui une publication spécialisée dans une revue qui ne l’est pas moins. Et en l’espèce, la symbiose, en somme, de Miroir Sprint  (1946-1971) et des chers vieux fascicules d’anatomie et physiologie humaines dans leurs déclinaisons honteuses et sacrées.

Les femmes aussi!

Résumons. La publication est aujourd’hui disponible sur le site du Journal of of Sexual Medicine. Les auteurs nous expliquent que la pratique du vélo a déjà été associée (qui le savait?) à des neuropathies génitales et à la dysfonction érectile. Nous parlons donc des amoureux masculins du vélo? Les auteurs? Pour un peu on devrait écrire les auteures: elles sont neuf, sur un groupe de douze dirigé par le Dr Marsha K. Guess (Department of Obstetrics, Gynecology and Reproductive Sciences, Yale University School of Medicine, New Haven, Connecticut) et animé par Sarah N. Partin, spécialiste d’épidémiologie et de biostatistiques (A&M Health Science Center, College Station, Texas). Focale sur les conséquences strictement féminines de la pratique soutenue du vélocipède.

Evaluer, autant que faire se peut, les effets des pressions sur la selle sur les sensations génitales, voire sur la libido. Difficile, donc, d’avoir recours au double aveugle. Pour mener à bien ce travail original, les signataires de l’étude ont réuni deux groupes: des cyclistes féminines (N=48) et des femmes joggers (n=22). Des femmes qui, précisent les auteurs, n’étaient ni enceintes, ni ménopausées et qui pratiquaient leur sport sur au moins 15 km (plus précisément 10 miles) par semaine, 4 semaines par mois. Leurs sensations ont été mesurées (au micron près) par un outil inconnu de nous : un esthésiomètre. Les pressions exercées par la selle sur le périnée étaient également mesurées, au trébuchet, et enregistrées en kilopascals (kPa). Et il apparut bien vite à l’examen que le facteur déterminant résultait dans cette partie essentielle qu’est le guidon (1) et que les anglophones nomment, de manière nettement moins poétique,handlebars.

La position du guidon accusée

Résultats. Il existe une corrélation assez étroite entre la position du guidon par rapport à la selle et l’impact lésionnel sur la région périnéale et génitale. Etant bien entendu qu’il est confirmé ici que plus les pressions de la selle s’exercent sur le périnée et les organes génitaux (entendre lèvres et vagin), plus les sensations (ultérieures) seront diminuées chez les femmes. Mais, et contrairement à ce qu’un homme non averti pourrait penser, ce sont bien les guidons bas qui créent (potentiellement) les plus gros dégâts; à type de neuropathies génitales, voire de lésions chroniques des trajets nerveux de la région avec les conséquences sexuelles que l’on imagine.

Si l’on comprend bien, et après ajustement pour l'âge et le type de selle, un guidon situé bien bas par rapport à la selle a été associé à une augmentation de 3,47 kPa dans les pressions de selle du périnée (P<0,04) et une augmentation de 0,86 micron dans la zone antérieure du vagin (P<0,01). De quoi donner quand même à réfléchir. Notamment sur les relations entre performances aérodynamiques et souffrances sexuelles.

Conclusions des auteurs: le réglage de sa bicyclette est primordial pour éviter les neuropathies génitales. Des études complémentaires ne seraient pas superflues pour comprendre de quoi il retourne précisément et si de telles lésions (augurant mal des plaisirs à venir) ne sont pas le prix à payer pour les plaisirs immédiats ressentis sur pneus et selle. C’est bien évidemment là une grille de lecture strictement chrétienne d’un phénomène que d’autres tiendront pour strictement physiopathologique, voire du ressort de la médecine du travail de la route.

On peut aussi relire Rousseau (Jean-Jacques) qui, cité au lendemain de la guerre par Miroir Sprint, écrivit (L’Emile) en professionnel genevois de la chose: «Plus le corps est faible, plus il commande. Plus le corps est fort, plus il obéit.» Proche, dit-on, du Parti Communiste Français, ce titre avait, il est vrai, oublié ce qui précédait: «Il faut que le corps ait de la rigueur pour obéir à l’âme». Ce qui, on en conviendra, change la donne.

Quoiqu’il en soit, la démonstration américaine ainsi apportée de l’importance du réglage respectif de la selle et du guidon sur les lésions génitale féminines (et masculines) réjouira à parts égales les grands obsessionnels et les tenants acharnés de la parité. Et a fortiori, celles et ceux (2) qui font partie des deux camps.

(1) Nom masculin, guidon s’introduit dans la langue française sans attendre la Renaissance. Il arrive d’Italie sous le nom, somme toute assez reconnaissable, de guidone.

C’est d’abord un drapeau, un étendard puis bientôt, par extension, celui qui le porte et le dresse. Peut avant la Révolution (française), il devient cette petite saillie à l’extrémité d’un arme à feu qui donne dans la ligne de mire. Tous les chasseurs s’en souviennent.

Jadis, les typographes n’étaient jamais loin du plomb: voici bientôt le guidon de renvoi, repère qui signale où l’on doit placer une addition à un texte (Le Petit Robert dixit). Et c’est finalement en 1869 que ce joli mot passe à l’horizontale pour devenir notre tube de métal qui commande fidèlement la rue directrice de nos deux roues. Il est bientôt doté de ses poignées. Puis, l’effort venant, le buste se penche et l’appendice nasal humain se rapproche dangereusement de lui au point de s’y fondre. Il faut baisser la tête pour avoir l’air d’un coureur. Et malheur de nos jours à qui n’a pas le pif dans le guidone.

(2) De ce strict point de vue rousseauiste, on conseillera aux amateurs de lire, toutes affaires cessantes, un petit chef d’œuvre: Fournel P. Anquetil tout seul. Paris: Editions du Seuil, 2012. 

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