Apnée obstructive du sommeil: quand l’air vient à manquer

Dernière mise à jour 04/04/19 | Article
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De longues pauses respiratoires nocturnes, presque imperceptibles mais générant une grande fatigue, peuvent être causées par un relâchement du pharynx, qui bloque l’arrivée d’air. On parle d’apnée obstructive du sommeil. C’est un problème grave qui doit être traité.

Bloquer volontairement l’air dans ses poumons, comme le font les plongeurs en apnée, est une chose. C’en est une autre de cesser de respirer inconsciemment pendant son sommeil. L’apnée du sommeil se manifeste par des arrêts brusques de la respiration, qui durent entre dix et trente secondes, voire davantage. A chaque fois que l’air manque, il se produit un micro-éveil, trop court pour être ressenti, mais qui affecte profondément le sommeil.

Pharynx obstrué

Dans la majorité des cas, c’est dans la gorge que se trouve l’origine du problème, particulièrement dans le pharynx. Lorsque cet organe s’affaisse ou se rétrécit, l’air a du mal à passer. Alors que la plupart de nos voies aériennes sont protégées par des structures, le pharynx n’a aucun renfort. Quand on dort, nos muscles se relâchent et ne parviennent plus à maintenir la gorge ouverte. L’aspiration de l’air dans les poumons produit alors un phénomène de succion qui rapproche les parois de cet organe en forme de tuyau. Le flux d’air qui a du mal à s’écouler s’accompagne de ronflements très caractéristiques: ils s’arrêtent pendant l’apnée, puis se font très sonores lorsque la respiration reprend.

Tout ce qui conduit à obstruer le pharynx peut gêner la respiration. Il peut s’agir de grosses amygdales, comme c’est souvent le cas chez les enfants. Ou de mâchoires trop en arrière qui repoussent la langue. Ou encore d’une accumulation de graisse dans le cou due à un excès de poids. Par ailleurs, le fait de dormir sur le dos pousse la langue à l’arrière de la bouche et favorise les épisodes d’apnée. Quant à la consommation d’alcool, d’opiacés ou de certains médicaments, elle peut aussi favoriser l’apnée en raison d’un effet relaxant sur les muscles.

Répercussions et solutions

En provoquant de multiples micro-éveils pendant la nuit, l’apnée fragmente le sommeil et perturbe fortement sa qualité. Mais ce trouble favorise aussi l’émergence de diverses maladies. Les arrêts de la respiration provoquent une sensation d’étouffement, ce qui engendre une grande tension pour l’organisme. Aussitôt, le corps réagit en produisant de l’adrénaline en réponse au stress. Cette hormone accélère le rythme cardiaque et accroît la tension artérielle. L’hypertension finit par augmenter les risques d’accidents vasculaires cérébraux, d’insuffisance cardiaque et d’infarctus. En engendrant des phénomènes comme le stress et la diminution des apports d’oxygène dans l’organisme, l’apnée favorise également divers troubles métaboliques, comme le diabète.

Pour éviter ces risques, pas de médicaments mais des appareils que le patient porte pendant la nuit afin de retrouver une respiration régulière. Il s’agit de dispositifs de type CPAP (Continuous positive airway pressure ou Ventilation à pression positive continue). Ce sont en fait des sortes de masques reliés à un compresseur. Ils insufflent de l’air dans la gorge, ce qui a pour effet d’ouvrir le pharynx. Une autre solution est une gouttière qui déplace en avant la mâchoire inférieure et la langue afin de libérer le pharynx. L’apnée se manifestant surtout quand on dort sur le dos, certains dispositifs sont conçus pour empêcher le dormeur d’adopter cette position. Côté chirurgie, l’ablation des amygdales et des végétations suffit généralement à dégager les voies respiratoires chez les enfants. Pour les adultes, les interventions consistent à fracturer les mâchoires afin de pouvoir les pousser en avant.

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Adapté de J’ai envie de comprendre… Le sommeil, de Elisabeth Gordon, en collaboration avec Raphaël Heinzer & José Haba-Rubio, Editions Planète Santé, 2016.