Les verrues en dix questions

Dernière mise à jour 08/10/13 | Article
Les verrues en dix questions
Sur les mains, les pieds et parfois autour de la bouche, la verrue est une excroissance disgracieuse de la peau, qui s’attrape au contact d’un papillomavirus. Petit tour d’horizon de cette affection avec le Dr Dominique Penso-Assathiany, dermatologue, membre de la Société Française de Dermatologie.

Une verrue, c’est quoi?

Il s’agit d’une tumeur bénigne recouverte de corne et souvent traversée de petits «points noirs» qui sont en réalité des vaisseaux sanguins. On différencie plusieurs sortes de verrues: selon leur localisation, leur aspect et le virus HPV responsable, on distingue les verrues vulgaires, les verrues plantaires, les verrues filiformes et les verrues planes.

Est-ce grave?

Non, chez l’enfant et l’adulte bien portant, la verrue reste une affection bénigne de la peau, bien qu’elle soit transmise par un papillomavirus. Il existe 120 sous-types de virus HPV, on en entend surtout parler dans les cas de cancers du col de l’utérus, là où ils peuvent être oncogènes, c’est-à-dire d’engendrer des cancers, ce qui n’est pas le cas ici.

Où apparaissent-elles sur le corps?

Les pieds et les mains sont les localisations les plus fréquentes mais les verrues peuvent apparaître partout sur le corps. On en retrouve souvent sur les genoux, les joues… Il n’est pas rare, par exemple, qu’une maman attrape des verrues sur le visage, au contact de son enfant.

Comment et pourquoi surviennent-elles?

A l’heure actuelle, la médecine n’explique pas vraiment comment surviennent les verrues. Environ 50% des individus sont porteurs du papillomavirus sur la peau, à l’état normal. Le virus peut donc pénétrer dans l’organisme suite à un microtraumatisme, sans forcément que la plaie saigne.

Quels sont les facteurs favorisant leur apparition?

L’un des facteurs favorisant l’apparition d’une verrue est le terrain allergique. Une étude a démontré que chez cette catégorie de population, le risque d’attraper une verrue est quatre fois plus important.

Les piscines restent-elles le premier lieu de contamination?

Cela reste très controversé. Les piscines sont très certainement un lieu de contamination, mais en réalité bien moins important que ce que l’on dit. Une étude datant de 2009, publiée dans le British Journal of Dermatology, démontre que la contamination intrafamiliale reste le mode majoritaire de transmission du virus.

Comment les traiter?

Les traitements actuels sont limités car ils n’agissent que sur le symptôme, c’est-à-dire la verrue elle-même. La médecine ne sait pas traiter le virus, ces traitements ne sont donc pas forcément efficaces ou rapides. Plusieurs méthodes sont globalement utilisées, sans que l’une ne soit plus efficace que les autres. Les deux principales sont l’azote liquide et les kératolytiques. L’azote liquide brûle la verrue pour créer une cloque: cette technique, en plus d’être douloureuse, n’est malheureusement pas toujours efficace. Les produits kératolytiques, combinés à de l’acide salicylique dont la concentration peut varier, sont accessibles en pharmacie sans ordonnance. Ils peuvent être efficaces mais cela reste difficile à déterminer car seuls les patients en échec viendront ensuite consulter un dermatologue. Une autre méthode est le laser CO2, qui brûle aussi la verrue mais présente deux inconvénients majeurs: il faut six semaines de cicatrisation et son taux de récidive est assez important, de l’ordre de 30%. La chirurgie, enfin, ne devrait plus être utilisée aujourd’hui car en plus d’être douloureuse, elle ne résout pas du tout le problème.

Après un traitement, quels sont les conseils à suivre en matière d’hygiène?

Pour limiter les risques de surinfections, une hygiène rigoureuse est indispensable. Il est donc recommandé de se laver régulièrement et minutieusement les parties du corps soignées, en particulier les mains, après traitement des lésions. Une bulle hémorragique peut survenir après un traitement par azote liquide: douloureuse, il est conseillé de la percer avec une aiguille préalablement chauffée puis de désinfecter soigneusement la plaie.

Existe-t-il des remèdes de grand-mère pour traiter une verrue?

Des plantes comme la chélidoine, par exemple, peuvent être conseillées. Son effet caustique fonctionne exactement comme celui des produits kératolytiques préparés par un pharmacien ou vendus déjà prêts.

Enfin, une disparition spontanée est-elle possible?

Oui, c’est possible. Chez l’adulte en bonne santé, une verrue peut mettre en moyenne deux ans pour disparaître. La médecine ne l’explique pas mais il semblerait qu’en les traitant par le mépris, les verrues seraient détruites par l’activation des défenses immunitaires de l’organisme. Une verrue peut donc aussi disparaître en 24 heures!

Sources
  • Interview du Dr Dominique Penso-Assathiany; dermatologue.
  •  Site Dermato-info (www.dermato-info.fr) de la Société Française de Dermatologie.