FASCIITE PLANTAIRE: UNE LÉSION BÉNIGNE MAIS INVALIDANTE
«Lorsque l’on exerce des contraintes inhabituelles sur le pied, la pression s’accumule sur le fascia qui, au fil du temps, voit ses fibres se désorganiser et s’épaissir. Celles-ci résistent alors moins bien aux contraintes mécaniques, précise le Dr Boris Gojanovic, directeur médical Santé et performance au Swiss Olympic Medical Center de l’Hôpital de La Tour, à Genève. Différents mécanismes inflammatoires ou irritants affectent alors les terminaisons nerveuses, ce qui provoque des douleurs.» Ce trouble étant aussi lié au vieillissement des tissus, il apparaît généralement après 40ans.
QUELLES SONT LES PERSONNES À RISQUE?
Les personnes adeptes de la course à pied sont tout particulièrement affectées par la fasciite plantaire qui touche aussi «celles et ceux qui font des sports très dynamiques comme le squash, le tennis ou le badminton», constate le Dr Gojanovic. Sont également à risque les personnes ayant une activité qui les oblige à rester longtemps debout ou celles qui ont reçu un choc sur la voûte plantaire, par exemple en heurtant brutalement un caillou. Le surpoids et l’âge favorisent aussi son développement.
FAUT-IL PROSCRIRE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE?
«Non, répond le Dr Gojanovic, mais il faut la doser.» Les activités physiques sont bienfaitrices, mais mieux vaut privilégier «celles qui ont peu d’impacts sur les pieds, comme la marche, la natation, le cyclisme ou encore le fitness, qui font travailler la musculature», poursuit l’expert.
D’une manière générale, la pratique régulière du renforcement musculaire du pied et du mollet est «bénéfique pour prévenir la fasciopathie plantaire et toute autre pathologie touchant le pied», souligne le Dr Gojanovic.
COMMENT TRAITER LA FASCIITE PLANTAIRE?
Il est possible de soulager la douleur en glissant des talonnettes en silicone dans ses chaussures afin de rehausser le talon. Il est par ailleurs bénéfique d’«étirer le fascia tout en renforçant la musculature du pied et du mollet, à l’aide de séances de physiothérapie et d’exercices à faire chez soi», souligne le Dr Gojanovic. Les massages et les manipulations peuvent aussi s’effectuer à l’aide d’ondes de choc: «Certaines personnes y répondent bien, d’autres pas», précise le médecin.
Les injections de cortisone «réduisent la douleur pendant quelques semaines, mais six à douze mois après le début du traitement, les patients qui n’en ont pas reçu vont mieux que les autres», constate le spécialiste. En revanche, les injections de plasma riche en plaquettes (PRP) «n’ont pas d’effet néfaste à long terme et certaines personnes en tirent bénéfice. Mais elles ne sont pas remboursées par l’assurance maladie.» Quant à la chirurgie, elle est rarement pratiquée. Très souvent, la fasciopathie plantaire finit par disparaître, plus ou moins rapidement selon les personnes. Cela peut ainsi prendre de quelques semaines à deux ans.
À NE PAS CONFONDRE AVEC L’ÉPINE CALCANÉENNE
Il est courant de confondre l’épine calcanéenne avec la fasciite plantaire. «C’est une erreur assez classique», remarque le Dr Boris Gojanovic. L’épine calcanéenne, qui se manifeste par une excroissance osseuse au niveau de l’os du talon (le calcanéum), est «un phénomène naturel qui résulte d’une accumulation osseuse apparaissant souvent avec l’âge», précise le médecin. Ce n’est pas elle, mais la fasciite plantaire, qui provoque des douleurs. En elle-même, elle ne se traite pas. D’ailleurs, «on peut avoir une fasciite plantaire douloureuse sans avoir d’épine calcanéenne», conclut l’expert.