Lieu de vie et santé: dis-moi où tu vis, je te dirai comment tu vas

Dernière mise à jour 11/05/22 | Article
Notre santé ne dépend pas seulement de la génétique et de notre mode de vie, mais aussi de l’endroit où nous habitons. Cette composante est de plus en plus souvent intégrée dans les mesures de promotion de la santé.

De quoi on parle

C’est désormais un fait établi: nous avons davantage tendance à adopter de bonnes habitudes de vie dans un environnement sain. Par exemple, la présence de pistes cyclables favorise les déplacements à vélo. L’un des enjeux de la promotion de la santé consiste donc à créer des conditions qui incitent la population à faire les bons choix. Repas bio dans les cantines scolaires, rabais familiaux pour des activités sportives, corbeilles de fruits dans les bureaux : voilà quelques exemples de mesures en faveur d’un environnement sain.

Par environnement, il faut entendre non seulement l’habitation et la localité de résidence, mais également le quartier, la communauté au sens large du terme, les lieux de travail et de divertissement. Ainsi, tous les endroits que nous fréquentons représentent des opportunités de lancer des initiatives de prévention et de promotion de la santé.

Les enjeux

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe un rapport direct entre mauvaise santé et pauvreté en milieu urbain.[1] Diverses études réalisées en Suisse montrent que les personnes à bas revenus sont deux fois plus à risque que les classes aisées de développer un cancer et d’en décéder avant l’âge de 65 ans.[2] «Indépendamment du degré de développement du pays de résidence, plus on est pauvre, plus on est malade et plus on a de risques de mourir prématurément», lit-on par ailleurs dans la Revue médicale suisse (RMS).[3]

La plupart des cancers seraient au moins en partie imputables à l’environnement direct du patient. Il a notamment été constaté que le cancer du sein était quatre à cinq fois moins élevé au Japon qu’en Amérique du Nord et que, chez les migrantes d’origine nippone établies aux États-Unis, ce risque augmentait progressivement au fil du temps pour égaler celui des autochtones. Inversement, elles deviennent sensiblement moins sujettes au cancer de l’estomac, dont la prévalence est plus élevée en Asie que dans les pays occidentaux.

Quant à l’obésité, maladie du siècle, elle suit un gradient social dans toutes les grandes villes du monde: l’accès à une nourriture saine est plus difficile dans les quartiers défavorisés, où les fast-foods sont omniprésents et les magasins de primeurs insuffisamment nombreux. À cela s’ajoutent un manque d’infrastructures sportives et un sentiment d’insécurité qui dissuade beaucoup de gens de sortir pour, par exemple, faire du footing dans le quartier.

Que fait-on?

Selon l’OMS, l’environnement «devrait être traité comme une ressource aux fins de l’amélioration des conditions de vie et du bien-être». Quant aux autorités suisses, elles affirment dans leur stratégie nationale 2017-2024 contre les maladies non transmissibles que «les conditions de vie, de travail et d’environnement doivent être organisées de manière à encourager les personnes à adopter des comportements propices à la santé». Une quantité d’initiatives ont été prises en ce sens. On en trouve une liste (non exhaustive) sur le site du projet national «Environnements favorables à la santé», mis en œuvre par le Centre universitaire de médecine générale et santé publique Unisanté, à Lausanne.[4] Délégué aux piétons à Lausanne, diagnostic d’accessibilité de la Ville de Carouge aux seniors, parking à trottinettes à Gland, directive sur les distributeurs de boissons sucrées dans les écoles vaudoises, parcours Vita, pedibus, label «Fourchette verte», loi fédérale sur la protection contre le tabagisme passif sont quelques exemples d’initiatives témoignant de la prise en considération de facteurs extérieurs dans les politiques de prévention et de promotion de la santé.

Citons encore le label «Commune en santé», gratuit et disponible dans les cantons de Vaud, du Jura, de Genève et de Fribourg, pour accompagner et récompenser les communes qui s’engagent dans la promotion de la santé de leurs citoyens (par exemple, lutte contre le bruit, offres de loisirs accessibles à tous, etc.).[5] Près de 60 localités romandes ont décroché le label à ce jour.

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[1] https://news.un.org/fr/story/2010/11/201602-oms-la-mauvaise-sante-est-liee-la-pauvrete-en-milieu-urbain

[2] https://www.revmed.ch/view/498703/4111861/RMS_idPAS_D_ISBN_pu2012-19s_sa06_art06.pdf

[3] https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2013/revue-medicale-suisse-371/pauvre-et-malade-que-faire-docteur

[4] https://www.environnements-sante.ch/approfondir/les-environnements-favorables-a-la-sante/

[5] www.labelcommunesante.ch