Tomber, une expérience qui devient grave avec l’âge

Dernière mise à jour 30/08/17 | Article
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Souvent sans conséquences chez les sujets jeunes, les chutes et les faux pas peuvent se révéler autrement plus graves en fonction des parties du corps touchées, surtout si la personne est âgée.

De quoi on parle

Phil Collins a glissé dans sa chambre d’hôtel à Londres et s’est sévèrement blessé à la tête en heurtant une chaise. Il a été «transporté à l’hôpital où on lui a fait des points de suture pour soigner une plaie profonde près de son œil», lisait-on sur sa page Facebook le 8 juin. Il y est resté en observation durant vingt-quatre heures. Les facteurs de chutes sont multiples. Le chanteur est tombé en raison d’un problème de pied. Mais les pertes d’équilibre peuvent aussi avoir pour origine une défaillance du système vestibulaire de l’oreille interne.

La mésaventure de Phil Collins n’a rien d’exceptionnel. Dans une chambre d’hôtel ou à domicile, dans la rue ou au travail, pendant ses loisirs ou en faisant du sport, il arrive à n’importe qui de heurter un obstacle ou de glisser. Plus rarement, certaines personnes tombent suite à un malaise. Même si elles ne sont pas toujours graves, les chutes représentent la première cause d’accidents en Suisse, devant ceux qui surviennent sur la route. Les lésions peuvent être graves: fractures ou traumatismes cranio-cérébraux. Chez les personnes âgées en particulier, elles peuvent entraîner une perte d’autonomie. La vieillesse constitue donc un important facteur de risque. En prenant de l’âge, «se rattraper quand on tombe devient plus difficile, car la réactivité et la force musculaire diminuent», souligne Olivier Borens, médecin-chef de l’unité de traumatologie et de l’unité de chirurgie septique au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). C’est ce qui explique qu’au-delà de 75 ans, certains individus peuvent «chuter de dix à quinze fois par an. En moyenne, l’une de ces chutes va mener à une lésion plus conséquente, par exemple une fracture.»

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Pourquoi tombe-t-on?

Chaque individu en a l’expérience: il existe mille et une causes de chutes. Après avoir heurté un obstacle, s’être pris le pied dans un tapis ou dans un trou de la chaussée, ou en glissant sur une plaque de verglas. On peut aussi s’effondrer spontanément, sans aucune raison apparente. C’est alors souvent le signe d’une maladie sous-jacente. Par exemple, un trouble neurologique de l’équilibre –syndrome vestibulaire (lésion de l’oreille interne, voir infographie) ou hématome cérébral– ou encore une baisse de la pression artérielle. Une chute sans raison apparente peut aussi provenir d’un «ancien traumatisme cérébral qui a entraîné l’accumulation de sang entre la boîte crânienne et le cerveau, lequel se trouve alors comprimé», constate Philippe Bijlenga, médecin adjoint au service de neurochirurgie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Un handicap peut aussi favoriser la chute. Par exemple, un «pied tombant», une anomalie de la marche –dont est d’ailleurs atteint Phil Collins– causée par une paralysie des muscles releveurs du pied et des orteils. Cette paralysie est souvent la conséquence d’une hernie discale –une complication de la sciatique– opérée trop tard.

Quelle qu’en soit la cause, une chute peut entraîner une fracture. Le traitement passe souvent par une intervention chirurgicale qui consiste à stabiliser les os fracturés. Toutefois, depuis une dizaine d’années, «la tendance est de ne pas opérer systématiquement mais, dans certains cas, d’avoir recours à un traitement orthopédique comme un bandage ou un plâtre, constate Olivier Borens. Notamment chez les personnes âgées, car on a remarqué qu’au bout d’un an, selon le type de la fracture et la localisation, les résultats fonctionnels sont quasi identiques.»

Quand le cerveau est touché

Les chutes en chiffres

Entre 2008 et 2012, d’après des chiffres publiés en 2015 par le Bureau de prévention des accidents (BPA), en Suisse, près de 280’000 personnes (tous âges confondus) ont chuté à domicile et pendant les loisirs. Plus de 3500 d’entre elles se sont blessées et 370 sont décédées.

C’est au domicile que l’on tombe le plus souvent. Il y a eu près de 120’000 chutes à la maison (intérieur et extérieur), les lieux les plus dangereux étant le salon et la chambre à coucher, ainsi que les escaliers intérieurs.

Les lieux où se produisent les autres chutes sont :

• les établissements de séjours (home, établissement médical): environ 4280;

• l’école, l’université et autres lieux de formation (y compris leurs installations sportives et aires de jeu): 10’250;

• les installations sportives: 9570;

• les infrastructures publiques (routes et chemins, parkings, arrêts de transports publics, aires de jeu et parcs): 55’260;

• l’environnement industriel et commercial (industrie, construction, agriculture, bureau, magasin, restaurant, hôtel): 14’270;

• l’environnement naturel (dans l’eau, au bord de l’eau et ailleurs dans la nature): 35’070;

• autres lieux: 29’860.

Quant aux conséquences, elles dépendent de la nature de la fracture, mais aussi de l’âge de la personne atteinte. «Normalement, chez les enfants, les séquelles d’une fracture simple sont minimes», précise le traumatologue. Chez les adultes, elles sont «quasi nulles ou, au contraire, très importantes», alors que chez les seniors, les choses peuvent prendre une tout autre tournure. Chez eux, «une simple fracture de la hanche peut conduire à la fin de l’indépendance». Tomber en se tapant la tête suscite toujours l’inquiétude. Dans la plupart des cas, surtout chez les jeunes, la seule conséquence est une «bosse» (petit hématome sous-cutané) ou une blessure du cuir chevelu (qui parfois saigne beaucoup, ce qui n’est pas forcément un signe de gravité). Une fracture du crâne peut dans certains cas en résulter, mais cela ne signifie pas que le cerveau soit touché. «Comme le châssis d’une voiture, la boîte crânienne amortit les chocs», remarque Philippe Bijlenga. La situation inverse est aussi possible: la chute peut laisser le crâne intact, mais provoquer des lésions cérébrales. Certains traumatismes entraînent une contusion cérébrale, c’est-à-dire un ébranlement du cerveau à l’intérieur du crâne qui peut conduire à des dysfonctionnements cérébraux (lire encadré). D’autres provoquent la déchirure des vaisseaux sanguins et la formation d’un hématome. Dans certains cas, le sang s’accumulant, la pression augmente dans la tête et le cerveau se trouve comprimé. «Après une chute ayant touché la tête, il faut donc rester vigilant, souligne le neurochirurgien, car les hématomes peuvent apparaître plusieurs semaines ou mois après un choc, même minime.» En cas de perte de connaissance, d’amnésie temporaire, de nausées, de vomissements, de maux de tête, de photophobie (sensibilisation accrue à la lumière) ou de tout comportement anormal, il est impératif de consulter rapidement.

Quant aux impacts très violents que l’on subit parfois en se cognant la tête contre le coin d’une marche, ils peuvent engendrer un coma profond, voire un décès. Lorsque la chute a entraîné une lésion cérébrale, les séquelles neurologiques varient considérablement selon l’intensité du choc et la zone lésée. Tout dépend aussi de la rapidité avec laquelle le blessé est conduit à l’hôpital. «On peut en effet faire des traitements préventifs qui diminuent les séquelles et empêchent que l’état se péjore, souligne Philippe Bijlenga. Toutefois, même après une rééducation, une lésion laisse des traces.»

Fort heureusement, la grande majorité des chutes ne conduisent pas à de telles situations extrêmes et, comme le montre le cas de Phil Collins, on peut s’en sortir avec plus de peur que de mal.

Les traumatismes qui affectent la tête

Toute chute dans laquelle la tête subit un choc peut entraîner des traumatismes de plusieurs types.

On parle de traumatisme crânien lorsqu’il y a «une atteinte à la tête, comme une bosse sur le crâne ou une contusion du cuir chevelu, sans aucune répercussion sur le système nerveux central», explique Philippe Bijlenga, médecin adjoint au service de neurochirurgie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Dans ce cas, la boîte crânienne a fait correctement son office et a protégé le cerveau.

Le traumatisme est appelé cranio-cérébral quand le cerveau est touché et souffre de petits dysfonctionnements. «Il peut s’agir d’une brève perte de connaissance ou de mémoire ou encore de déficits focaux –troubles du langage, perte de la force musculaire, etc.– qui sont temporaires ou permanents.»

Quant à la fracture du crâne, comme son nom l’indique, est une fracture de l’os plat qui constitue la boîte crânienne. Elle peut, ou non, s’accompagner d’une atteinte du cerveau.

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Paru dans Le Matin Dimanche du 25/06/17.

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