Morsures de serpents: ayez les bons réflexes

Dernière mise à jour 19/06/19 | Article
En balade en Suisse ou en vacances à l’étranger, il peut nous arriver de croiser la route d’un serpent. Quelles sont les espèces dangereuses et quelles mesures d’urgence s’imposent en cas de morsure? Réponses.

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Objet de phobies parmi les plus fréquentes, les serpents représentent pour beaucoup d’entre nous les animaux que l’on espère ne jamais rencontrer. Et pourtant… Les morsures sont sans doute moins rares qu’on ne le pense. Parce qu’il existe 50% de risque d’envenimation en cas de morsure de serpent, il est essentiel de connaître la prise en charge adéquate. La gravité de la blessure varie en fonction de l’espèce de l’animal, mais aussi de l’âge et de l’état de santé de la personne, et surtout de la rapidité du recours à un anti-venin et à des soins appropriés.

Les régions concernées

En Suisse, les morsures de serpents surviennent essentiellement durant la saison estivale, lors de randonnées en montagne. Les professionnels des zoos ou des vivariums, tout comme les détenteurs de serpents exotiques, peuvent aussi être concernés. Cependant, les risques sont plus élevés à l’étranger, dans les régions chaudes, tropicales ou désertiques. Les pays en voie de développement sont particulièrement exposés. Les touristes dans ces régions risquent aussi des accidents, mais cela reste très rare. Les circuits accueillant des excursions étant balisés, les voyageurs ne s’aventurent quasiment pas dans les habitats originels des serpents, tels les forêts, les rizières, la savane, le désert, les plantations, les villages (en somme, loin des grandes villes).

Les plus téméraires, ceux qui explorent des terrains peu empruntés lors de treks, ou encore les professionnels envoyés en missions humanitaires ou pour des recherches scientifiques, doivent être plus vigilants. Les morsures dangereuses restent un problème de santé publique conséquent à l’échelle mondiale, puisqu’il touche en moyenne plus d’un million de personnes par an, dont la moitié garde des séquelles physiques – allant jusqu’à l’amputation – ou psychologiques. Ce type de blessures représenterait en outre, selon plusieurs estimations, quelque 100’000 décès par an.

Mais que l’on se rassure, la majorité des espèces ne sont pas venimeuses. Les venins à craindre se composent quant à eux de différents cocktails de toxines dépendant de l’espèce. Ces substances complexes sont une arme pour l’animal, qui s’en sert essentiellement pour immobiliser, tuer et digérer sa proie. C’est en effet lorsqu’il se sent directement menacé par les humains, écrasé par accident, qu’il passe à l’attaque. Chiffre rassurant, 50% des morsures de serpents sont dites «blanches» ou «sèches», c’est-à-dire, dénuées de venin, et donc sans gravité.

Espèces dangereuses

Quelles sont les espèces dangereuses en Suisse? Très répandus, les colubridés, dont les couleuvres font partie, ne sont pour la plupart pas venimeux. Les potentiels dangers sont plutôt à attribuer à deux autres espèces: les élapidés et les vipéridés. Ces dernières sont les seules présentes en Europe, avec la vipère péliade (Suisse centrale et Grisons), l’aspic (dans le Jura, les Alpes, le Tessin) et l’ammonyte (Tessin).

Et à l’étranger? En Océanie on retrouve des élapidés parmi les plus mortels. Heureusement, les morsures restent rares étant donné la faible densité de population et les mesures de prévention déployées. Ce sont surtout en Asie, en Afrique et en Amérique que les deux espèces font le plus de victimes, car ces serpents sont plus nombreux et au contact direct des humains. Leurs poisons peuvent toucher le système nerveux, le sang, les cellules, et plus rarement, la vue, les reins, les cœurs ou conduire à des nécroses.

Bien réagir

Dans les zones à risque, il faut impérativement se munir d’un anti-venin. La tenue vestimentaire représente aussi un enjeu de sécurité: porter des bottes et éventuellement des gants. En cas de morsure, la rapidité de la prise en charge est essentielle. Il faut en premier lieu appeler les secours et pratiquer les gestes d’urgence en attendant leur arrivée. Il s’agit d’être réactif, mais de rester calme. La victime doit être allongée dans un endroit sécurisé, en position latérale de sécurité. On la libérera de tous garrots potentiels tels que bagues, bracelets, etc. Ensuite, il faut procéder au nettoyage de la plaie avec un antiseptique, et poser un bandage, sans serrer. Immobiliser le membre concerné contre le reste du corps avec une attelle de fortune, puis administrer un antalgique à base de paracétamol, et éventuellement un anxiolytique. L’arrivée rapide des secours et le transport du blessé vers un hôpital restent impératifs et ce, même si la morsure ne semble de prime abord pas grave.

Enfin, certains gestes sont à proscrire. Courir, essayer de capturer le serpent, crier, poser un garrot, aspirer le venin avec la bouche ou un «aspivenin», inciser ou brûler la plaie, recourir à l’aspirine, à de l’alcool, à du café, sont des comportements à bannir! L’absence de symptômes n’est, quant à elle, pas à prendre à la légère: consulter reste impératif, dans tous les cas.

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Adapté de «Morsures de serpents suisses et tropicaux: prise en charge»; Dresse Laurence Rochat, Centre de vaccination et médecine de voyages, Policlinique médicale universitaire de Lausanne; Dr Gabriel Alcoba, Service de médecine tropicale et humanitaire, HUG. In Revue Médicale Suisse 2017;13:642-6

Paru dans Planète Santé magazine N° 34 - Juin 2019

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