La PMA repousse les limites de l’infertilité

Dernière mise à jour 22/11/18 | Article
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Lorsqu’un couple fait face à la difficulté d’enfanter, il peut se tourner vers la procréation médicalement assistée. Parmi les méthodes disponibles, on retrouve la stimulation ovarienne et la fécondation in vitro. Retour sur les étapes de chaque procédé.

«On ne laisse pas Bébé dans un coin!», entend-on dans le film culte Dirty Dancing. Mais parfois, c’est bébé qui ne vient pas. L’infertilité touche près d’un couple sur six. Une véritable épreuve, mais qui n’est pas sans solution. La médecine moderne propose en effet des méthodes de procréation médicalement assistée (PMA). Parmi elles, la stimulation des ovaires couplée à l’insémination du sperme, ainsi que la fécondation in vitro.

La stimulation ovarienne

Cette méthode est souvent proposée dans le cas où la femme n’ovule pas, en cas d’infertilité inexpliquée, lors d’infertilité masculine modérée ou en cas d’endométriose. Ses chances de succès sont de 10 à 15% en moyenne. Durant environ deux semaines, la patiente reçoit quotidiennement une injection de petites doses d’hormones. Ces piqûres ont pour but de stimuler la croissance d’un ou deux follicules, ces petites poches de liquide où se forme l’ovocyte (nom scientifique de l’ovule). Une échographie par voie vaginale et une prise de sang sont réalisées tous les deux à trois jours à partir du cinquième ou sixième jour de stimulation, afin de pouvoir déclencher l’ovulation au bon moment, par une injection sous-cutanée d’hormones. Pour les patientes qui n’ovulent pas, le médecin prescrit le plus souvent un traitement spécial avec prises de comprimés.

Après le déclenchement de l’ovulation, le médecin réalise une insémination artificielle avec le sperme du conjoint, recueilli le jour même. Le sperme est centrifugé et lavé au laboratoire. Il est ensuite déposé dans l’utérus grâce à un cathéter. L’insémination est non invasive et dure une trentaine de secondes. Dans certains cas, le spécialiste peut décider de ne pas faire d’insémination et explique alors au couple à quel moment ils doivent avoir des rapports sexuels pendant le traitement («rapports sexuels dirigés»).

La fécondation in vitro (FIV)

Lorsque ce premier traitement ne fonctionne pas, les patientes sont redirigées vers la fécondation in vitro. La FIV est également préconisée dans d’autres cas, par exemple lors de problèmes de trompes bouchées, en cas d’infertilité masculine sévère ou d’infertilité liée à l’âge de la femme. Son taux de succès est de 30% mais diminue rapidement avec l’âge. La durée d’un cycle complet de traitement correspond au cycle menstruel de la femme.

Pour ce processus, les ovaires sont stimulés avec des doses d’hormones plus importantes que dans le traitement par stimulation ovarienne. Cela permet le développement de plusieurs follicules au niveau de chaque ovaire. Un deuxième type d’injections doit être effectué durant la stimulation pour éviter une ovulation prématurée. Une injection d’hormones permet de déclencher l’ovulation. Ensuite, on procède à un prélèvement des ovocytes, effectué 36 heures après cette injection, sous anesthésie générale le plus souvent. Sous contrôle échographique, le médecin introduit une aiguille à travers la paroi du vagin, puis pique les follicules dans l’ovaire. Il y aspire pour chacun le liquide folliculaire qui peut contenir un ovocyte. L’intervention dure en moyenne une vingtaine de minutes. Le même jour, le sperme du conjoint est prélevé, suivant le même protocole que pour une stimulation ovarienne.

Au laboratoire, les ovocytes sont mis en contact avec les spermatozoïdes pour être fertilisés. Dans le cas d’une infertilité masculine sévère, un spermatozoïde soigneusement sélectionné est directement introduit à l’intérieur de l’ovocyte à l’aide d’une microseringue. Après 16-18 heures, le biologiste observe le résultat de la fécondation. En cas de succès, les ovocytes contiennent deux noyaux, le leur et celui d’un spermatozoïde, qui renferment donc l’un l’ADN maternel, et l’autre l’ADN paternel. Ces ovocytes fécondés vont commencer à se diviser et devenir des embryons. Un ou deux des embryons ainsi obtenus seront transférés dans l’utérus. Dans les situations de bon pronostic, les médecins préfèrent transférer un seul embryon afin d’éviter une grossesse gémellaire, qui augmente les risques de fausse couche tardive ou de naissance prématurée. L’implantation des embryons dans le corps de la femme est indolore et se fait sans anesthésie.

Les embryons qui n’ont pas été transférés peuvent être congelés et utilisés par la suite en cas d’échec de grossesse. Au seizième jour après la ponction des ovocytes, la femme fait une prise de sang pour déterminer si elle est enceinte. En cas d’échec, une nouvelle tentative peut être faite, à raison de deux mois de délai minimum entre les deux essais.

Lutte contre le temps à l’issue incertaine

En Suisse, il n’y a pas d’âge légal limite pour la PMA. Grâce à la FIV, l’infertilité due à l’âge est parfois surmontée. Ce résultat n’est toutefois pas garanti. Le pourcentage de réussite s’effondre vite avec l’augmentation de l’âge maternel. Alors que le taux de succès est de 30 % pour les plus jeunes, ce chiffre est plus proche des 20 % dès 40 ans. Passé 43 ans, les chances de réussite d’une FIV deviennent extrêmement faibles, en raison de l’âge avancé des ovaires de la patiente. Les médecins ne préconisent donc pas de FIV passé ce cap.

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Adapté de J’ai envie de comprendre… la PMA, d’Aurélie Coulon et le Dr Nicolas Vulliemoz, en coll. avec le Pr Alexandre Mauron, Ed. Planète Santé, 2018.

Paru dans Planète Santé magazine N° 31 - Octobre 2018

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