Redonner du souffle à sa vie de couple

Dernière mise à jour 15/10/22 | Article
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Ressource ou lieu de tensions et désaccords, le couple a lui aussi été impacté par la pandémie. À l’heure où la vie «normale» a repris son cours, comment se retrouver et cultiver une intimité à deux? Les conseils de Laurence Dispaux, sexologue.

Et pourquoi ne pas consulter?

En cas de souffrance liée à la sexualité, de difficultés à se parler, de conflits persistants ou quand les ressources personnelles ne suffisent plus, reste la possibilité de frapper à la porte d’un thérapeute spécialiste du couple et de la sexualité.

Santé, travail, vie sociale, vie de famille, etc.: la pandémie a bouleversé nos quotidiens. Tous les couples n’ont pas traversé cette longue parenthèse de la même manière. Alors que certains ont profité de la proximité imposée pour investir leur relation et cultiver leur intimité, d’autres ont vu leur désir sexuel s’éteindre à cause du manque d’espace et de liberté. Au sein même des couples, des divergences de sensibilité et d’opinion quant aux risques d’infection et aux mesures sanitaires ont par ailleurs fait émerger des conflits, révélant des différences de valeurs.

Au sortir de la pandémie, alors que nous avons repris le cours de notre existence, comment retrouver le chemin vers l’autre et redonner de l’élan à sa vie de couple? Pour Laurence Dispaux, sexologue et co-auteure de l’ouvrage Le désir de la femme, manuel pour le couple, se comprendre et se retrouver[1], la crise sanitaire a bel et bien provoqué une cassure: «La sexualité est au carrefour du psychique, du physique et du social. Après ce temps d’arrêt, il s’agit de rechercher un nouvel équilibre, d’abord en prenant acte des changements profonds qu’on a vécus.» Dans un dialogue de soi à soi, il peut être utile de tirer les enseignements de cette crise, de réfléchir à la façon dont on envisage la suite de notre existence, aux projets que l’on souhaite concrétiser, aux valeurs qui nous sont chères. Des questionnements qui auront forcément des répercussions sur le couple. En particulier lorsque la pandémie a créé des dissensions, il est important de s’ouvrir à l’autre. «La crise sanitaire a parfois mis à jour des blessures anciennes. Dans d’autres cas, elle les a mises sur pause et celles-ci ressurgissent aujourd’hui. Je pense qu’il faut regarder en face ses émotions, même si cela suppose de se montrer vulnérable», commente la sexologue.

Si on s’est déconnecté de l’autre, c’est le moment de parler de son ressenti et de ses attentes, en mettant en avant le «je» plutôt qu’en usant de reproches, d’accusations et de jugements à l’égard de l’autre. Bien que délicate, la question de la place que l’on est prêt à accorder au couple est incontournable. Est-ce une priorité ou le met-on au second plan par rapport à d’autres pans de l’existence? Quant à la sexualité, est-elle dans notre agenda mental personnel?

Pas de pression

Une vie de couple satisfaisante et une sexualité épanouie ne sont pas une priorité pour tout le monde, mais «la pression sociale est forte, reconnaît Laurence Dispaux. La routine ne signifie pas forcément la mort du couple. Certains ont besoin de se réinventer, d’autres non. Ce n’est pas une obligation». Plutôt que de céder aux normes sociales, mieux vaut accueillir ses propres besoins tels qu’ils sont, en tenant compte de sa réalité et non de ce que l’on a vécu par le passé ou de ce que les autres vivent ou donnent à voir.

Si l’on souhaite se reconnecter à l’autre, alors il s’agira de mettre des mots sur ses désirs: plus de rapports intimes, de transgressions, de lenteur, de séduction, de tendresse? La capacité de chaque couple à échanger à propos de ses attentes dépend pour beaucoup des habitudes. «Il peut être difficile de se lancer dans une telle discussion lorsque le sujet de la sexualité n’a jamais été posé. La spontanéité à l’égard de la sexualité peut avoir été perdue en cours de route, si le couple l’a désinvestie pendant la pandémie», relève la spécialiste. Plutôt que de miser uniquement sur les rencontres spontanées, qui peuvent, en cas de refus, donner lieu à des déceptions, à un sentiment de rejet, l’experte propose d’organiser des rendez-vous romantiques avec l’autre, comme aux premiers temps de la relation amoureuse. «Cela permet de construire le désir à travers une réjouissance, de se demander comment on a envie de remplir ces espaces privilégiés. Et pourquoi pas, de partager avec son partenaire la responsabilité d’y penser en alternance», suggère Laurence Dispaux. L’idée peut être aussi de créer une bulle dans laquelle on peut se ressourcer, à deux, à distance des soucis du quotidien.

Mais tout le monde n’est pas en mesure de dissocier les différents registres de l’existence, la sexualité peut être délaissée lorsque d’autres inquiétudes pèsent par ailleurs. Quant au Covid-19, le virus peut parfois laisser des traces, avec des répercussions sur la santé physique ou psychique. La sexualité elle-même peut s'en trouver altérée, notamment en cas de fatigue persistante ou d'autres troubles plus physiologiques. Difficile, dans de tels cas, de se sentir disponible, de se laisser aller à son imaginaire et enfin de ressentir du plaisir.

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Paru dans Générations, Hors-série «Comment rebondir… dans son corps, dans sa tête, dans son couple, dans sa famille, dans sa vie», Octobre 2022.

[1] Laurence Dispaux, Yvonne Iglesias, Le désir de la femme, manuel pour le couple, se comprendre et se retrouver, éditions Planète santé, avril 2022.