Le mariage protègerait (plus ou moins) de trop d’alcool
A la différence majeure de l’amour (le vrai, le grand, le passionnel), l’un des problèmes majeurs de l’alcool réside dans sa banalité. C’est d’ailleurs également vrai du mariage. Et ces deux banalités auraient plutôt tendance à s’additionner. C’est ainsi que le temps passe et que l’on ne remarque plus grand-chose. Peut-être sont-ce ces réflexions somme toute banales qui ont poussé des chercheurs américains de l’Université de Cincinnati dans le bel Etat de l’Ohio à tenter de mesurer l’impact de la vie à deux sur l’évolution des niveaux des flacons du ménage. On observera qu’ils ne sont pas allé dans leurs investigations jusqu’à enquêter sur celle des fonctions hépatiques conjointes. A ce stade de l’enquête la manifestation de la vérité est restée du ressort du déclaratif.
Présentons ici, avec la sécheresse schématique qui convient, les résultats auxquels parviennent ces chercheurs d’outre Atlantique. Ils ont présenté ces résultats il y a peu lors du 107ème meeting annuel de l’American Sociological Association qui se tenait du 17 au 20 août dans la charmante cité de Denver (Colorado). Le Pr Corinne Reczek, professeur adjoint de sociologie à l'Université de Cincinnati avec ses collègues de l'Université de Pennsylvanie nous expliquent que le mariage est associé à une consommation d’alcool légèrement plus élevée chez les femmes, moins élevée à long terme chez les hommes. Ils ajoutent que dans tous les cas cette consommation est toujours inférieure aux consommations qui sont observées lors du célibat, de la séparation ou du veuvage. Comment mieux dire que contrairement à tant et tant de clichés (et de films), le mariage est plutôt un facteur stabilisant en général et pour la consommation d’alcool en particulier.
Bien évidemment ces données ne valent, en moyenne et en toute rigueur, que pour le milieu dont elles sont issues. Les sociologues de l'Université de Cincinnati et de l'Université de Pennsylvanie ont ici travaillé avec des collègues de l'Université Rutgers (New Jersey) et de l'Université du Texas située à Austin. Tous se sont penchés sur les données de la très riche Wisconsin Longitudinal Study. Ils ont alors analysé les réponses fournies par 10’317 hommes et femmes interrogés dans différentes tranches d’âge : 20 ans, de 35-36 ans, 53-54 ans et 64-65 ans. Leur analyse est plus précisément basée sur 5305 réponses fournies 2439 hommes et 2866 femmes.
On résumera le constat des chercheurs en quatre points essentiels qui prête à méditation:
- d’une manière générale, les hommes consomment plus d’alcool que les femmes,
- quel que soit le statut matrimonial, une proportion plus élevée d'hommes que de femmes ont eu au moins un problème lié à la consommation d'alcool,
- les hommes divorcés consomment significativement plus d’alcool que les hommes mariés sur le long terme,
- les femmes divorcées déclarent avoir statistiquement plus de problèmes avec l’alcool que les femmes mariées.
Les amateurs iront peut-être plus loin. Ils apprendront alors que les hommes mariés consomment moins de boissons alcoolisés, une fois mariés, que leurs homologues divorcés (ou veufs, d’ailleurs). Pourquoi demandera-t-on? Pour les sociologues il semble que la principale explication réside dans les niveaux de consommation (généralement inférieur aux leurs) de leurs épouses, du moins lorsqu’elles sont présentes en chair et en os. Il n’en reste pas moins qu’il reste à comprendre dans le détail pourquoi les hommes sont plus susceptibles que les femmes à se mettre à boire (et surtout à boire plus) après un divorce. Faut-il y voir la preuve de leur caractère inconsolable ? Si oui comment le prouver statistiquement?
Si nous nous intéressons un instant aux paradoxes qui font l’un des charmes des femmes mariées, il faut savoir que ces dernières vont, sur le long terme, consommer un peu plus de boissons alcoolisées que leurs homologues divorcées (ou veuves, d’ailleurs). Pourquoi ? Les sociologues américains expliquent que c’est parce que les hommes, consomment, en moyenne, plus d’alcool que les femmes. Ce qui nous semble un peu confus, à la vérité.
On peut résumer ces travaux en concluant qu’il semble bien que chacun des deux partenaires du couple aurait une influence sur l’autre pour ce qui est de la consommation d’alcool. Influence qui persiste en s’aggravant dans un sens ou dans un autre quand l’un des deux quitte le domicile ; qu’il parte pour un autre domicile temporaire ou pour son domicile définitif.
Les chercheurs américains suggèrent que d’autres études devraient examiner de plus près ce qu’il en est des évolutions des consommations d'alcool après une séparation, après un décès et le tout en fonction des catégories raciales. On pourrait aussi suggérer que des études similaires soient menées sur le Vieux Continent, en remplaçant bien évidemment le qualificatif catégoriel par un vocable plus approprié à notre perception des humaines différences.
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