Lutter contre la solitude: oui…mais comment?

Dernière mise à jour 26/11/20 | Questions/Réponses
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Dans un monde hyperconnecté, beaucoup de gens continuent de souffrir de solitude. Ce n’est ni une honte, ni une fatalité.

De quoi parlons-nous?

Avoir des contacts sociaux est un besoin humain fondamental. Mais tout le monde ne le ressent pas avec la même intensité. Certaines personnes trouvent dans la solitude une occasion de se ressourcer; d’autres sont d’un naturel réservé. C’est seulement lorsque la solitude n’est pas souhaitée, mais subie, qu’elle «peut avoir de sérieuses conséquences sur la santé et le bien-être des individus», affirme l’Office fédéral de la statistique (OFS).

La Main Tendue, qui offre un service d’écoute gratuit, anonyme et accessible en permanence en composant le 143, constate que la solitude est l’un des motifs d’appel les plus fréquents. «Nos bénévoles sont souvent surpris par l’ampleur de la solitude de certains appelants», confirme Catherine Bezençon, directrice de La Main Tendue Vaud. «Parfois, cela vient du fait que la personne n’arrive pas à aller vers les autres. Mais il arrive aussi que ce soit parce qu’elle n’arrive pas à parler avec son entourage de ses problèmes.»

Quels sont les enjeux?

Il ne faut pas confondre le sentiment de solitude, qui résulte d’une perception subjective (on peut très bien se sentir seul au milieu d’une foule!) avec la solitude à proprement parler, qui correspond à un isolement social plus ou moins pénible à vivre.

En l’occurrence, le sentiment de solitude est largement partagé dans la population. Il touche en effet toutes les couches sociales et toutes les tranches d’âge, surtout les seniors (25%) et les adolescents (38%), mais globalement un peu plus les femmes (42%) que les hommes (29%). Autre détail intéressant, ce pourcentage est également plus élevé chez les étrangers (46%) que chez les personnes non issues de la migration (35%). Des sondages réalisés ailleurs en Europe donnent à peu près les mêmes résultats.

La solitude, lorsqu’elle mène à l’isolement social, a ceci de malsain qu’elle nous empêche de bénéficier du regard des autres pour avancer dans la compréhension de nous-mêmes. Le risque, en étant privé de ce feedback, est de s’enferrer dans un discours intérieur qui est d’autant moins susceptible de varier que personne ne vient le contredire. Il est certes agréable d’avoir toujours raison, mais à quoi bon s’il n’y a pas d’échange ?

La solitude peut aussi contribuer à alimenter une dévalorisation de soi («si personne ne s’intéresse à moi, c’est que je ne suis pas digne d’intérêt») ou un désenchantement («le monde est ingrat»), voire les deux. Enfin, on ne compte plus les études épidémiologiques à vaste échelle qui ont démontré que la solitude est l’un des principaux facteurs de dépression et de mortalité.

Que faire?

Pour avoir des amis, il est bien de commencer par se persuader qu’on mérite d’être aimé. Bien souvent, la solitude génère des pensées culpabilisantes et dévalorisantes. Or, les gens qui ont de l’estime pour eux-mêmes sont plus susceptibles d’attirer les sympathies. Qui voudrait avoir pour ami quelqu’un qui ne s’accepte pas tel qu’il est? La façon dont on se présente aux autres a des conséquences: les personnes qui se vantent, ou qui se plaignent d’emblée de leurs problèmes, sont rarement perçues comme aimables…

Les réseaux sociaux offrent des opportunités qui peuvent s’avérer intéressantes, même s’ils sont parfois considérés comme une solution de facilité. Les relations virtuelles ne sont pas forcément aussi artificielles ou superficielles qu’on ne le dit. La Croix-Rouge suisse recommande d’ailleurs aux personnes âgées de s’initier aux nouvelles technologies de communication et en particulier internet pour éviter l’isolement. À noter que cette organisation propose un service gratuit de visite à domicile pour les personnes qui se sentent seules.

Quelques conseils

  • Ne pas se sentir coupable d’être seul. Ce n’est pas une honte!
  • Se traiter soi-même avec respect: ce n’est pas parce qu’on souffre de solitude qu’il faut se négliger.
  • Chercher de l’aide.
  • Se demander à quel point la solitude nous pèse: cette question permet de déterminer notre motivation à changer quelque chose dans votre vie.
  • Prendre des mesures pour rencontrer des gens (p.ex. recontacter d’anciens amis, rejoindre un club de sport, s’inscrire à des cours, adhérer à une association bénévole, etc.).
  • S’encourager: l’expérience montre qu’il faut souvent multiplier les initiatives pour se faire des amis.