La gestion des émotions, clé d’une bonne santé?

Dernière mise à jour 21/11/19 | Article
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Essentielles à notre survie, les émotions peuvent parfois nous déborder et avoir un impact négatif sur notre vie et celle des autres, de même que sur notre santé. Apprendre à les réguler permet de mieux vivre au quotidien.

Vous faites quelques pas en arrière, votre rythme cardiaque est encore élevé et votre respiration profonde. Vous alliez traverser la route, mais une voiture est passée tout près – évitée de peu. C’est la peur, une émotion ancestrale, qui vous a immobilisé et empêché de traverser. De même que la colère, la joie ou la tristesse, les émotions de base ont une origine très ancienne dans l’évolution animale puisqu’elles ont pour but la survie de l’espèce. Elles correspondent à l’activation rapide d’un sentiment par un stimulus interne ou externe. Ce mécanisme entraîne une réponse physiologique à travers le système nerveux autonome (sécrétion d’adrénaline, augmentation du rythme cardiaque, hérissement des poils), et une réponse comportementale à travers le système nerveux volontaire (fuir face à un danger ou se battre). Quand le stimulus est loin, l’émotion disparaît.

La plupart du temps, nous sommes capables de réguler nos émotions, c’est-à-dire d’influencer leur survenue, le moment et la façon dont nous les exprimons. Ce système à la fois conscient et inconscient permet d’entretenir de bonnes relations sociales.

Quand l’émotion persiste

En général, les émotions surgissent très rapidement et disparaissent également assez vite. «Quand l’émotion dure, cela peut devenir un problème, prévient Nader Perroud, médecin adjoint et responsable de l’Unité du trouble de la régulation émotionnelle des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Par exemple, de la tristesse ressentie jour après jour peut conduire à une dépression».

Un autre problème qui peut survenir est la dérégulation émotionnelle. Elle se manifeste par une sensibilité exagérée aux stimuli, une intensité et une fréquence plus élevée des émotions, et un retour à la normale très lent. La dérégulation peut amener à des réactions comportementales disproportionnées, comme la violence, des achats compulsifs, une consommation excessive d’alcool ou le fait de manger sans raison. Avec des conséquences délétères pour soi ou autrui. La pathologie la plus connue associée à la dérégulation émotionnelle est le trouble de la personnalité borderline. Les personnes qui en sont atteintes masquent leurs émotions, avant d’exploser. L’insomnie est un autre facteur qui peut conduire à la dérégulation. Elle provoque de l’irritabilité, ce qui modifie la gestion de certaines émotions, typiquement la colère. À long terme, la dérégulation émotionnelle a un impact réel sur la santé et peut notamment entraîner des pathologies cardiovasculaires.

Apprendre à réguler ses émotions

«Cela peut arriver à tout le monde de subir une dérégulation quand une émotion est très forte, constate Nader Perroud. Par exemple, quand on divorce, on dit et fait des choses aberrantes. C’est pour cela que l’on fait appel à un avocat, cela permet de mettre de la distance.» En effet, un des conseils principaux pour une meilleure gestion des émotions est de s’éloigner du stimulus. Si l’on se fâche avec quelqu’un dans un échange de SMS, et que l’autre ne répond plus, rien ne sert de continuer à écrire. La dérégulation va s’activer et empirer les choses, au risque de nous faire regretter ce que l’on a dit. Mieux vaut faire une autre activité pour se calmer, ce qui permet de dévier l’attention du stimulus. «Un moyen que l’on peut mettre en place pour prévenir la dérégulation est la méditation de pleine conscience, ajoute le spécialiste. En diminuant notre sensibilité aux stimuli, elle permet de réduire l’intensité des émotions à venir.»

Une autre technique possible est la mentalisation, inspirée des thérapies spécialisées pour le trouble de la personnalité borderline. Dans une interaction avec quelqu’un, elle consiste à imaginer les états mentaux (intentions, émotions, besoins) dans lesquels se trouve la personne ou soi-même pour donner du sens à ses comportements et éviter ainsi de réagir trop vite. Par exemple, un ami devient soudainement silencieux et cela vous énerve. Le risque est de lui attribuer trop vite une émotion (il est fâché). Par contre, en mentalisant, vous imaginez dans quel état il se trouve (il peut être déçu, triste, avoir envie de repos) et quel est l’impact sur vous (je suis en colère parce que je veux qu’il réagisse à ce que je dis).

Plus nous sommes proches de quelqu’un, plus les émotions sont fortes et donc sujettes à la dérégulation. Être attentif aux émotions des autres comme aux siennes permet donc de mieux se comprendre et de gérer son état émotionnel.

Un moyen de communication

Très tôt apprises grâce à l’entourage, les émotions jouent un rôle important dans la communication non-verbale entre individus. Par exemple, la joie que montre un bébé quand on le nourrit signifie que c’est la bonne nourriture à lui donner. Les larmes provoquées par la tristesse permettent d’attirer l’attention des autres pour que l’on s’occupe de soi. Les émotions plus complexes, comme la honte, l’amour ou la fierté, peuvent être quant à elles un mélange d’émotions. De plus, les nombreuses expressions faciales associées nous aident à les reconnaître inconsciemment. Toutefois, si les émotions ressenties sont innées et universelles, la manière de les communiquer a une origine culturelle. En effet, nous ressentons par exemple tous de la tristesse pendant un deuil, mais nous ne l’exprimons pas de la même manière.

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