Hyperactivité (TDAH): trop de médicaments prescrits n'importe comment
L’étude, réalisée par la Food and Drug Administration, et mise en ligne ce 18 juin, montre que les prescriptions anti-hyperactivité (ou TDAH: trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité) ont augmenté de 46% entre 2002 et 2010.
Dans un article intitulé «Les enfants hyperactifs sont-ils les victimes de leurs gènes», Jean-Yves Nau expliquait en 2010 sur Slate.fr les enjeux d’un tel trouble chez les petits atteints.
«En pratique, ces enfants apparaissent très vite comme difficilement supportables par leur entourage: manque d'attention soutenue, incapacité à se concentrer, grande impulsivité ne pouvant être contenue, difficultés chroniques à obéir, instabilité émotionnelle, etc. Un tel tableau explique les difficultés majeures rencontrées dans la sphère scolaire comme dans le milieu familial. Aussi cette situation réclame-t-elle une prise en charge spécialisée qui peut être comportementale ou médicamenteuse. Depuis de longues années une polémique existe sur l’usage massif et injustifié qui est fait (notamment aux Etats-Unis) chez des enfants présentant différents troubles du comportement d’un médicament psycho-actif: le méthylphénidate ou Ritaline de la multinationale pharmaceutique Novartis. Ce médicament est officiellement indiqué contre les TDAH alors même que la relation entre le mode d'action de ce médicament et ses effets cliniques n’est pas encore complètement élucidée».
La question soulevée aux Etats-Unis actuellement ne concerne plus uniquement les enfants effectivement atteints du trouble. De nombreux étudiants par exemple, qui ne sont absolument pas affectés, prennent de la ritaline ou ses dérivés, car ces médicaments permettent une concentration intense.
Dans un article évoquant les «pilules des bonnes notes», le New York Times souligne la façon dont même des lycéens espérant avoir les notes pour entrer dans les prestigieuses fac américaines s’échangeaient ces médicaments. «Si ces médicaments permettent de calmer les personnes atteintes de TDA, ils insufflent à celles qui ne le sont pas une énergie capable de leur permettre de se concentrer et de tenir toute la nuit à étudier tout en restant éveillé pour les examens du lendemain.» Les pilules peuvent être vendues à l'école par des élèves qui ont réussi à s'en faire prescrire. Les parents insistent aussi parfois auprès des médecins, persuadés que les médicaments aideront leur progéniture à mieux réussir.
Ces abus sont dangereux pour la santé des étudiants qui ne sont pas malades au départ. Cela crée aussi, actuellement, une pénurie de médicaments dans le pays, pouvant mettre en difficulté les enfants souffrant réellement d'hyperactivité.
Article original: http://www.slate.fr/lien/57991/hyperactivite-TDAH-prescriptions