Souffrir d’une démence ou un AVC: quel est votre risque?

Dernière mise à jour 12/06/12 | Article
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Des mesures extrêmement simples permettent, en pratique, de répondre à cette question. C’est du moins la conviction à laquelle sont parvenus des chercheurs américains. Explications pratiques et questions de fond.

La médecine peut parfois prendre des airs de cartomancie. Telle est la conclusion à laquelle on aboutit en prenant connaissance d’une étude menée outre Atlantique par un groupe de chercheurs du Boston Medical Center. Ce travail vient d’être publié par l’American Academy of Neurology et sera détaillé en avril prochain lors du 64è Congrès annuel de cette institution qui se tiendra à la Nouvelle-Orléans. Précisons qu’il a été financé par le gouvernement américain via le National Heart, Lung and Blood Institute (NHLBI) ainsi que par le National Institute on Aging (NIA). On en trouvera un résumé ici.

Le travail dont nous parlons a été dirigé par le Dr Erica C. Camargo qui a travaillé à partir des données de la célèbre Framingham Heart Study. Cette étude a initialement été lancée en 1948 auprès de la population de la ville américaine de la côte est qui porte ce nom. Elle visait (et elle est parvenue) à suivre la santé cardiovasculaire de la population et à corréler au fil du temps différents paramètres avec le risque de survenue d'une affection (hypertension artérielle, anomalies des taux de graisses dans le sang etc.).

La publication des chercheurs de Boston a porté sur un groupe de 2'410 hommes et femmes âgés en moyenne de 62 ans. Tous ont subi une batterie de tests simples parmi lesquels figuraient la vitesse de la marche, la force de préhension et des éléments d’évaluation de la fonction cognitive. Il y eut en outre un examen de tomodensitométrie cérébrale. Toutes ces personnes ont pu être suivies durant une période de 11 ans. Au terme de celles-ci différentes observations s’imposent. Les auteurs constatent ainsi que:

  • Les personnes dont la vitesse de marche plus lente à l'âge dit «mûr» ont un risque 1,5 fois plus élevé de développer une démence par rapport aux personnes qui ont les vitesses de marche les plus rapides;
  • Une force de préhension (saisir des objets) élevée a pu être été associée à un risque réduit de 42% d’accident vasculaire cérébral ou d’accident ischémique transitoire (uniquement chez les participants âgés de plus de 65 ans) par rapport ceux qui avaient la force de préhension la plus faible;
  • Une force de préhension élevée a également été associée à plus grand volume cérébral ainsi qu’à de meilleures performances aux tests cognitifs (les deux éléments ne devant pas être a priori corrélés);
  • Une vitesse lente de la marche a été associée à une diminution du volume cérébral total (-17%) et une moins bonne performance aux tests de mémoire, de langage et de prise de décision (-6 à 7%).

Certaines de ces observations avaient déjà été faites chez des personnes âgées. Il semble en revanche que ce soit la première fois qu’elles soient établies chez des personnes d’âge moyen. A ce stade une question médicale s’impose qui n’est pas sans renvoyer à celle, bien connue, du caractère premier de la poule ou de l’œuf. Est-ce bien la forme préclinique de la pathologie à venir qui provoque la lenteur de la marche et la diminution de la force de préhension. «D’avantage de recherches sont nécessaires pour comprendre», fait valoir le Dr Camargo. Dans l’attente on peut en pratique aisément évaluer ces deux paramètres. Mais quelles conclusions utiles en tirera-t-on chez les personnes a priori exposées aux deux risques?

Le site sante log rappelle l’existence d’une autre et récente publication allant dans le même sens et concluant que la vitesse de la marche des personnes âgées peut être associée à la durée de leur espérance de vie. Il s’agissait d’une analyse de différentes études publiée en 2011 dans le JAMA. Les auteurs (dirigés par le Pr. Stephanie Studenski, de l'Université de Pittsburgh) établissaient qu’une vitesse de marche d'environ 0,8 m/s correspond à une espérance de vie médiane à la plupart des âges et pour les deux sexes. Les études portaient au total sur des données individuelles de 34'485 participants âgés de 65 ans ou plus recueillies de 1986 à 2000. En moyenne, les participants étaient âgés de 73 ans, à 60% de sexe féminin et à 80% de race blanche. La vitesse de marche a été calculée en mètres par seconde. Les instructions étaient de marcher sur 6 mètres au rythme habituel avec un départ arrêté. La vitesse de marche moyenne constatée des participants était de 0,92 mètre par seconde.

Au final, durant l'étude, 17'528 décès ont été constatés. Le taux de survie globale à 5 ans a été de 84,8% et le taux de survie à 10 ans était de 59,7%. Les chercheurs ont constaté que la vitesse de marche est bien associée à des différences de probabilité de survie à tous les âges dans les deux sexes, mais devient particulièrement instructive au-delà de l'âge de 75 ans. À partir de cet âge, la fourchette de vitesses de la marche est un indicateur fidèle de la survie à 10 ans.

On pourrait le dire autrement: plus vous marchez vite, plus vous irez loin. Est-ce dire qu’en décidant de marcher plus vite on meure moins tôt? Est-ce au contraire là une simple observation de nature à aider les professionnels de santé soucieux de prendre en compte l’espérance de vie du patient âgé lors d’une prescription de soins ou de traitement? Les données fournies sont-elles destinées à aider les planificateurs du système de santé qui cherchent des indicateurs simples de la santé et de l’espérance de vie des personnes âgées. La question est posée. Elle peut au choix, rassurer ou inquiéter.

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