Seniors: gare aux chutes silencieuses!

Dernière mise à jour 11/01/23 | Article
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On peut tomber sans se faire mal, en apparence. Chez les personnes âgées, ces chutes dites silencieuses ne doivent pas être prises à la légère.

De quoi parlons-nous

Glissade, perte d’équilibre, trébuchement sur un obstacle: une chute peut se produire dans toutes sortes de circonstances. Chez les seniors, les causes et les conséquences sont aussi très diverses. Bien souvent, la personne âgée se relève en pensant avoir eu plus de peur que de mal. Or un tel incident ne peut pas être considéré comme anodin, qu’il survienne de manière accidentelle ou non. En effet, il arrive que des problèmes de santé apparaissent plusieurs semaines après. 

Les enjeux

Pas de blessure visible, pas de plaie, pas de douleur particulière: après une chute silencieuse, on peut être tenté de faire comme si de rien n’était et passer à autre chose. D’autant que ces accidents surviennent souvent dans des circonstances banales, à l’intérieur de la maison. 

En fait, les chutes silencieuses sont susceptibles de marquer un tournant dans la vie de la personne âgée, en la fragilisant psychologiquement. De peur de tomber à nouveau, elle limitera peut-être ses activités, au risque de créer un cercle vicieux. En effet, la capacité à garder l’équilibre s’entretient: moins on bouge, plus elle diminue!

Pour conserver ses capacités physiques, il est important de rester actif. À défaut, une chute, même silencieuse, peut entraîner par effet boule de neige une perte de mobilité et d’autonomie. Selon certaines estimations, une personne de plus de 65 ans sur trois ferait une chute par année. 

«Il convient de rappeler que ces chutes sont très souvent liées à des déficits de l’équilibre et/ou de la marche, ou à une faiblesse musculaire, précise le Pr Andrea Trombetti, médecin adjoint agrégé au Service des maladies osseuses et au Service de gériatrie et réadaptation des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). En particulier, le sens de l’équilibre diminue avec l’avancement en âge, généralement en raison d’une perte musculaire et de l’affaiblissement de divers organes et mécanismes responsables de la transmission des informations sensorielles, comme la vision.» 

Que faire

«Le moyen le plus efficace pour prévenir les chutes est de bouger!», souligne le Pr Trombetti. Les personnes qui essaient de maintenir le meilleur niveau d’activité physique sont globalement en meilleure santé. L’entraînement de l’équilibre constitue la clé de voûte de la prévention des chutes. Ainsi, un programme d’exercices sera plus efficace s’il est centré sur un travail de l’équilibre statique et dynamique, en complément à l’entraînement de la force, et surtout s’il est pratiqué très régulièrement. Les programmes d’exercice comme la rythmique Jaques-Dalcroze ou le Taï-chi sont très bénéfiques. Il est d’ailleurs recommandé de pratiquer des activités de toutes sortes – pas seulement physiques, mais aussi intellectuelles ou artistiques, en intérieur comme à l’extérieur et comportant si possible une composante sociale et conviviale. À noter que pour la prévention des chutes spécifiquement, la marche seule – qui possède indiscutablement des effets bénéfiques pour la santé – semble insuffisante.[1] 

Comme un grand nombre de ces chutes ont lieu à domicile, il est important de prendre des mesures pour limiter les risques. De simples bonnes habitudes suffisent à améliorer grandement la situation. Il convient tout d’abord de bien éclairer les pièces, de façon à pouvoir se déplacer de l’une à l’autre sans hésiter sur son chemin, de jour comme de nuit. Il faut évidemment éviter de laisser traîner des choses par terre. Les objets d’usage courant doivent être facilement accessibles et non pas rangés sur des étagères qui nécessitent de grimper sur une chaise ou un escabeau. 

Il est également conseillé de porter des chaussures fermées et qui offrent une bonne stabilité. Par prudence, on mettra des tapis antidérapants là où le sol est par nature glissant – attention toutefois aux tapis non adaptés dans lesquels on risque de se prendre les pieds! Des changements plus conséquents peuvent s’avérer utiles: par exemple, ajouter des rampes dans l’escalier et des barres d’appui dans la salle de bains. 

En cas de chute silencieuse, il faut être attentif aux éventuels symptômes inhabituels qui pourraient apparaître les jours suivants et consulter un médecin le cas échéant. Un projet baptisé MobiliChutes vient d’être initié aux HUG pour améliorer le dépistage et la prise en charge des patients âgés enclins aux chutes et/ou présentant des troubles de la mobilité. En collaboration avec les partenaires du réseau de soins en ville, il prévoit notamment la mise en place d’un parcours de soins coordonné centré sur la pratique de l’exercice physique.

Quelques conseils

  • Adaptez vos activités en fonction de votre condition physique.
  • Pratiquez un programme d’entraînement adapté incluant notamment des exercices d’équilibre.
  • Adaptez l’éclairage de la maison: ampoules suffisamment lumineuses, lampe de chevet, etc.
  • Installez des rampes d’escalier et des barres d’appui dans la salle de bains.
  • Tâchez de combler ou de supprimer les seuils de portes réhaussés.
  • Portez des chaussures à votre taille et offrant un bon maintien du pied.
  • Utilisez au besoin des cannes ou un rollator.
  • Portez des lunettes avec une correction adaptée.

Veillez à boire suffisamment et à manger sainement, avec un apport suffisant en protéines pour préserver la musculature.

[1] https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/337003/9789240014862-fre.pdf