Le lait, un produit en clair-obscur

Dernière mise à jour 15/05/17 | Article
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Il jouissait d’une image de santé, voire de pureté. Aujourd’hui, le lait suscite la méfiance. Faut-il continuer à en boire? Éléments de réponse.

TOUT CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR L'ALIMENTATION

LES ALIMENTS RICHES EN CALCIUM

Le lait, bien qu’il en soit particulièrement riche, n’est pas la seule source de calcium dans notre alimentation. Ce précieux minéral se retrouve également dans les légumes verts (haricots, roquette, épinards, côtes de bettes, brocolis), les amandes, les noisettes, les noix, certains poissons (les anchois par exemple), l’eau minérale (certaines ont des teneurs élevées), les céréales et les légumineuses.

LES LAITS VÉGÉTAUX SONT-ILS UNE OPTION?

Le lait d’amande, de soja ou de riz, pour ne citer qu’eux, sont-ils des alternatives au lait de vache? «Avec ce produit, ils n’ont en commun que le nom de «lait», et la couleur», prévient le Dr Samaras. Ils ont l’avantage d’être dépourvus de lactose – intéressant pour les intolérants – mais ils n’apportent pas beaucoup de calcium, à l’exception du lait d’amande qui en est extrêmement riche. Le nutritionniste met en garde en revanche sur les sucres ajoutés dans ce type de produits et sur la présence de phyto-œstrogènes dans le lait de soja, des substances qui miment les œstrogènes et qui ont une action hormonale.

UNE PORTION DE PRODUIT LAITIER, C’EST QUOI?

Une portion correspond à: 2 dl de lait ou 180 gr de yogourt ou 30 gr de fromage à pâte dure (sbrinz, parmesan) ou 60 gr de fromage à pâte molle (brie, tomme) ou 200-250 gr de séré.

On a tous en tête des films publicitaires mettant en scène des personnes, sourire aux lèvres, qui savourent un verre de lait en pleine nature. Et ce slogan inoubliable: «Les produits laitiers, des sensations pures». Le lait, un symbole de pureté et de santé? C’est du moins ce que prônent les lobbys de l’industrie du lait. Jusqu’ici, ce liquide jouissait d’une excellente image. Source nutritive équilibrée et facile d’accès, le lait était particulièrement apprécié après-guerre, période où il était difficile de trouver de quoi se nourrir.

Aujourd’hui, la donne a changé (sous nos latitudes du moins): «On se préoccupe davantage de la qualité de notre alimentation et on cherche à se nourrir de façon optimale dans le but de se protéger des maladies liées au vieillissement, comme l’ostéoporose», explique le Dr Dimitrios Samaras, spécialiste en nutrition et consultant aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Le lait demeure une source importante de protéines, essentielles à nos muscles et au fonctionnement de notre système immunitaire. Il est également une source de vitamines du groupe B et d’oligo-éléments. Surtout, il fait partie des principaux fournisseurs de calcium, un minéral nécessaire à la formation des os et à l’élaboration des dents.

«La consommation de lait, et plus généralement de produits laitiers, est particulièrement importante durant l’enfance et l’adolescence, car c’est à ce moment-là que nous constituons notre capital osseux. Cette consommation va influencer la densité de la masse osseuse et sa qualité», explique le nutritionniste. Or, ce qu’on redoute avec l’âge, en particulier après la ménopause chez la femme, est la survenue de l’ostéoporose, conséquence d’une diminution de la quantité et de la qualité de l’os (lire encadré).

Le doute

Ce sont du moins les vérités auxquelles on s’accrochait jusqu’ici. Les études expérimentales (évaluation de l’impact d’un facteur choisi – ici le lait – sur la santé) montraient en effet que boire du lait de vache avait un effet positif sur la densité minérale osseuse. Jusqu’à ce qu’une étude suédoise, parue dans le très sérieux «British Medical Journal» en 2014, jette le trouble. Dans cette étude observationnelle (observation d’un échantillon de personnes exposées à un facteur, mais sans exercer d’intervention), les chercheurs ont suivi 60 000 femmes durant 22 ans et 45 000 hommes durant 13 ans. Les résultats ont montré que celles et ceux qui buvaient plus de trois verres de lait par jour avaient une mortalité augmentée, à hauteur de 10% chez les hommes et de 50% chez les femmes! En outre, on a observé que les femmes qui buvaient plus de trois verres de lait par jour avaient un risque augmenté de fractures. «Cette étude a été beaucoup discutée. Les résultats ont surpris tout le monde, les auteurs eux-mêmes. Mais vu l’étendue de l’échantillon, il est difficile d’en ignorer les résultats», commente le Dr Samaras. En 2005, une méta-analyse – revue de plusieurs études sur un même sujet – a montré que boire peu de lait n’augmentait pas le risque de fractures. Le nutritionniste évoque par ailleurs d’autres résultats très récents (2017) indiquant que les effets protecteurs du lait et des produits laitiers sur la masse minérale osseuse étaient dépendants de l’apport en vitamine D. A savoir que les produits laitiers n’avaient aucun bénéfice sur les personnes qui n’étaient pas supplémentées en vitamine D.

Des produits fermentés

Quelles conclusions en tirer? Pour l’heure, il n’y a pas de changement notoire dans les recommandations officielles. Pour un adulte, la Société suisse de nutrition préconise la consommation de trois portions de produits laitiers par jour (voir ci-contre) pour couvrir 60 à 70% des besoins journaliers en calcium. Les 30 à 40% des besoins restants sont couverts par le reste de l’alimentation. Néanmoins, au même titre que d’autres nutritionnistes reconnus, le Dr Samaras conseillerait de privilégier les produits laitiers fermentés, du fait de leur plus faible teneur en galactose, un constituant du lactose qui pourrait induire une inflammation chronique et qui serait moins bénéfique pour le corps. Et de limiter sa consommation de lait à un verre par jour.

L’OSTÉOPOROSE, CETTE MENACE POUR NOS OS

L’ostéoporose est une maladie liée au vieillissement. Elle se caractérise par une diminution de la quantité et de la qualité des os qui peut conduire à des fractures (vertèbres, col du fémur, épaules, poignet, hanche par exemple). Elle se développe souvent de manière silencieuse, jusqu’au jour où un traumatisme comme une chute, même banale, la révèle. Un examen radiologique permet de mesurer la densité minérale osseuse et de poser ainsi le diagnostic. Hormis l’âge, il existe toute une série de facteurs de risque, parmi lesquels la ménopause, la génétique, un antécédent de fracture, un indice de masse corporel bas, la prise de cortisone pendant une période prolongée, le tabagisme, ou la consommation excessive d’alcool, etc. Pour prévenir la maladie, un apport quotidien en calcium suffisant reste une recommandation officielle, de même qu’une supplémentation en vitamine D, surtout en hiver où on s’expose moins au soleil. La pratique d’une activité physique régulière et l’absence de tabagisme sont aussi des bons moyens de prévention.

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Référence:

Paru dans le Quotidien de La Côte du 5 avril 2017.

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