Des «îlots de fraîcheur» dans les cités pour lutter contre la canicule

Dernière mise à jour 12/07/21 | Article
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N’en déplaise aux climatosceptiques, il faut désormais s’attendre à de fortes canicules durant l’été. Solution: créer des îlots de fraîcheur dans les villes.

De quoi on parle

Les températures ont globalement tendance à augmenter, surtout dans les grandes villes peu végétalisées, où le goudron emmagasine la chaleur. Selon certains chercheurs, cette évolution va se poursuivre. D’ici 2050, le climat de Zurich ressemblera à celui de Milan aujourd’hui et l’air de Paris pourrait faire penser à celui de Canberra, en Australie. Des mesures d’aménagement urbain s’imposent.

Les enjeux

Les villes s’apprêtent à affronter les conséquences de l’évolution du climat sur la population, en particulier sur les personnes âgées, qui supportent particulièrement mal les canicules. La construction et l’aménagement urbain doivent être repensés: matériaux de construction isolants, revêtement des chaussées absorbant moins la chaleur, végétalisation des toits et des façades, multiplication des points d’eau, création d’espaces verts et de potagers, etc. Le but: réintroduire des paysages naturels dans les quartiers.

Végétaliser n’est plus une option. La question est de savoir comment. De plus en plus de villes choisissent de créer des «îlots de fraîcheur», c’est-à-dire des espaces végétalisés où les personnes peuvent s’asseoir et se détendre à l’ombre. Certains de ces mini-parcs ou micro-oasis sont équipés de brumisateurs. Ils sont logiquement construits dans les quartiers les plus chauds des cités, comme à Genève où une analyse climatique a été réalisée par le Service cantonal du développement durable.

Que fait-on?

Partout dans le monde, les initiatives se multiplient. Par exemple, le canton et la Ville de Genève lancent cet été le projet pilote «De Parc en Parc». Cinq petits îlots de fraîcheur, équipés de bancs à l’ombre et de brumisateurs, seront aménagés dans les endroits les plus chauds de l’agglomération. L’objectif est de redonner à la population, et en premier lieu aux personnes âgées, l’envie de se promener en ville en plein été, au lieu de rester à la maison pour se protéger de la chaleur. L’initiative permet donc du même coup de favoriser aussi l’activité physique des aînés. Complétant le plan canicule mis en place chaque année par la Ville et le canton de Genève en faveur des personnes âgées de plus de 75 ans, cette initiative devrait être reconduite d’année en année et même se développer, avec la création d’îlots de fraîcheur supplémentaires.

Genève rejoint ainsi d’autres grandes villes européennes qui ont pris des mesures d’aménagement urbain pour s’adapter à l’évolution du climat. Des plans d’arborisation et végétalisation du canton et de la Ville sont également à l’étude. D’après le Réseau européen de recherche sur le changement climatique urbain, Genève verra ses températures moyennes augmenter de 2,5 degrés d’ici 2030.

Autre exemple: la ville de Sion et son plan baptisé «Acclimatasion», qui vise à favoriser la création d’espaces publics faisant la part belle à la végétation et à l’eau dans cette ville particulièrement exposée aux fortes chaleurs. Le chef-lieu valaisan a également décidé l’été dernier de tester un goudron blanc.

À Nice, dans les Alpes-Maritimes, on a opté pour des pavés conçus à base de déchets de coquilles Saint-Jacques. Quant à la ville de Rotterdam, elle a prévu de remplacer certaines surfaces bitumées (qui, étant imperméables, ne permettent pas à l’eau de s’infiltrer assez rapidement) par du sable et de la terre dans laquelle il est possible de faire pousser de la végétation. Malheureusement, replanter des arbres en ville n’est pas toujours envisageable, car cela nécessite une certaine surface et un volume de terre plus ou moins important selon les espèces.

À Genève, on a finalement choisi le bambou pour les îlots de fraîcheurs qui fleuriront en ville cet été. D’autres espèces ont été écartées, car le volume de leur feuillage aurait été proportionnellement trop peu important par rapport au volume de la surface de ces oasis. De plus, le bambou est associé dans l’inconscient collectif à un endroit de fraîcheur. Des artisans locaux ont été pressentis pour la création de ces havres.

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Pour en savoir plus: projet «Parc en Parc» - deparcenparc.ge.ch