La jeunesse éternelle: une réalité en marche

Dernière mise à jour 18/04/12 | Article
Yeux, bouches, nez au choix, épinglé sur un tableau en liège
A 53 ans, Madonna semble plus jeune que jamais sur la couverture de son dernier album. Moulée dans sa combinaison noire, elle déambule sur scène et visite les différents plateaux télé en affichant fièrement son corps à faire rougir les jeunes filles en fleur. Et si la reine de la pop avait raison, et si vieillir c’était vieillot? Explications.

C'est en tout cas ce que croient les adeptes d'un concept qui fait rage outre-atlantique: la médecine anti-âge. Elle veut prévenir cette vieillesse pathologique qui nous pend au nez en élargissant l’idée: anticiper et remplacer. C’est tout simple: l’homme peut et doit combattre l’âge par tous les moyens, quitte à devenir… bionique.

«Nous nous trouvons à une époque charnière, explique Astrid Stuckelberger, spécialiste de la médecine anti-âge. Les personnes très âgées ont vécu plus ou moins naturellement jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, une nouvelle génération arrive, celle de ceux qui auront eu accès au progrès de la science et aux nouvelles technologies, qui vont vieillir différemment et pourront faire le choix de leur vieillissement. Prendre de l’âge ne sera plus pathologique».

Autrement dit, vieillir ne serait plus synonyme de dégradation du métabolisme, tout du moins plus obligatoirement. «Par le biais de microtechnologies et de dispositifs médicaux tels que les implants, les prothèses et les micro-médicaments, nous pouvons désormais inverser la tendance, argumente la spécialiste. L’humain est comme une horloge. Le temps passe, elle prend de l’âge, mais si on en prend soin et répare la moindre déficience, elle vieillira oui, mais fonctionnera et restera belle.» Et c’est bien là tout le concept de l’anti-âge: intervenir en amont sur l’organisme; s’il y a une pièce qui ne marche plus, on la change tout de suite pour éviter que tout «déraille» par la suite. «C’est une véritable révolution de la médecine traditionnelle qui accompagnait jusque-là le vieillissement naturel de l’individu». Nature? Une notion qui, selon la spécialiste, n'est plus de mise aujourd'hui. «Rien que d'aller chez le dentiste pour se faire réparer, restaurer, détoxifier ou embellir les dents défie notre conception du naturel. Toute intervention humaine ou technologique sur un individu tend à améliorer la Nature.»

Un homme bionique

La chirurgie esthétique de confort

Moyen de prédilection anti-âge des stars et autres quidams pour défier le temps qui passe, la chirurgie esthétique est au cœur du débat. «Réduction, augmentation ou remodelage mammaire, liposuccion, rhinoplastie (amélioration de la forme du nez), blépharoplastie inférieure ou supérieure (correction des paupières et poches sous les yeux), ou lifting cervico-jugal (lifting du cou et joues) sont les interventions chirurgicales de confort les plus réclamées, explique le Dr Raphaël Gumener, chirurgien esthétique. Des techniques non chirurgicales, dites conservatrices ou non invasives permettent également d'améliorer l'aspect d'un visage. Le peeling, la photoréjuvénation, ainsi que certains lasers, peuvent être utilisés pour redonner de l'élasticité, de l'hydratation et de l'éclat à une peau terne; ou encore pour réduire, voire effacer des tâches brunes ou des rougeurs. Des traitements par injections de toxines botuliniques ou des produits de remplissage à base d'acide hyaluronique permettent également de réduire certaines rides d'expression et sont utilisés afin de retrouver une bonne mine et la maintenir en bon état aussi longtemps que possible. On ne remonte cependant pas le temps déjà écoulé».
 

Quels sont les risques?

Comme pour toute intervention médicale, des risques existent. Ils dépendent du type d'intervention que l'on décide ou non de pratiquer.  La difficulté est de ne pas exagérer. Car la limite est fine entre la prévention anti-âge et le dopage.«Agir trop et trop tôt sur son métabolisme peut être mauvais», estime Astrid Stückelberger, qui regrette qu’aucun organe officiel d’information aux patients n’existe en Suisse. «Cela permettrait d’éviter que les Suisses utilisent via Internet ou l’étranger des produits qu’ils appréhendent souvent très mal. Il serait bien pour prévenir les abus et protéger la population que les médecins, les instituts privés et les assurances s’améliorent en la matière. La demande est là, il faut donc pouvoir y répondre».

Vers un homme bionique

Selon Astrid Stuckelberger, l’individu tend à devenir «bionique». Sauf dans les cas où il reste en bonne santé jusqu'à la fin de sa vie, il sera équipé d’au moins un appareil d’ingénierie. «Plus la population vieillit, plus l’homme bionique devient une réalité. Nous avons aujourd’hui la chance de devenir plus forts qu’avant. Avec l’âge, l’ossature et la musculature vieillissent, mais la médecine a désormais les moyens de régénérer les os et les muscles. Le problème est qu’il ne faut pas dériver vers l’homme robot, vers une sorte de surhomme. Une importante question éthique ici se pose».

Le mâle souhaite lui aussi rester jeune

On a tendance à les imaginer peu inquiets de leur vieillissement, mais non, les hommes sont eux aussi concernés par la médecine anti-âge et la volonté de rester jeunes. «Ils sont également demandeurs d’opérations esthétiques de confort, même si leurs demandes restent encore timides par rapport à celles des femmes, témoigne le Dr Gumener. Par expérience, les hommes représentent 25  à 30% de l’ensemble des requêtes ». S’ils souhaitent rester beaux, les mâles tiennent également à leurs caractéristiques masculines. «On remarque que de nombreux produits pour la perte des cheveux sont accessibles à tous, tout comme les hormones et autres boosters pour entretenir la musculature, explique Astrid Stückelberger. Les hommes, et plus spécialement la génération des baby boomers, accordent beaucoup d’importance à leur apparence physique. » A noter que le taux de suicide lié au vieillissement est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Rester jeune peut aider à répondre à une certaine pression sociale et pourrait permettre de réduire cette statistique.

Le laser: un traitement qui comporte des risques

L’une des pratiques les plus connues pour se débarrasser de taches de soleil, de vieillesse ou autres, est le laser. «Concrètement, il s’agit d’une lumière très intense, appelée monochromatique (une seule longueur d’onde). Il en existe différents types selon la longueur d’onde et la cible à traiter», explique le Dr. Bernard Noël, dermatologue au CHUV. Le laser peut être utilisé pour supprimer des tâches en détruisant le pigment sur la partie superficielle de la peau, pour un resurfaçage de le peau, comme le ferait un  peeling, ou encore pour redensifier le collagène naturel du derme». Les lasers ne sont pas dénués de risques : brûlures, dépigmentations ou hypergpigmentation par exemple. Le laser n’est très clairement pas un traitement anodin. Seuls les spécialistes qui en ont l’habitude devraient l’utiliser. Pour les rides, les professionnels privilégieront les injections de botox ou d’acide hyaluronique qui ne provoquent généralement pas de complications à long terme. Ces produits sont en général biodégradables et leurs effets sont transitoires, continue le Dr Noël.».  Des techniques moins chères comme la cryothérapie peuvent aussi être très efficaces pour atténuer ou faire disparaître les taches dues au soleil ou au vieillissement.

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