La rougeole, une menace toujours bien réelle

Dernière mise à jour 09/12/25 | Article
PS59_Rougeole
Extrêmement contagieuse et potentiellement mortelle, la rougeole est en recrudescence malgré un vaccin sûr et efficace. Si les causes sont multiples, la pandémie de Covid-19 a favorisé son actuelle résurgence, en Suisse comme ailleurs dans le monde.

Bien connue, la rougeole, maladie infectieuse qui peut se déclarer à tout âge, est une préoccupation majeure de santé publique. L’existence d’un vaccin sûr et efficace en fait une maladie potentiellement éradicable. Et pourtant, les épidémies se multiplient. Ainsi, entre 2022 et 2023, le nombre de cas au niveau mondial a augmenté de 20% et le virus a tué plus de 100 000 personnes. Aux États-Unis par exemple, depuis le début de l’année 2025, près de 1500 cas dont trois décès ont déjà été recensés, soit 30fois plus que l’année précédente. Plus de 92% des personnes concernées n’étaient pas vaccinées.

Reléguée au second plan pendant la pandémie

En 2020, la pandémie de Covid-19 a sévèrement impacté à la fois la surveillance et le taux de vaccination, mais aussi la transmission du virus. En raison des mesures barrières et de la restriction des voyages, plusieurs pays européens dont la Suisse n’ont déclaré aucun cas après la mise en place du confinement. Cependant, ce dernier a eu des répercussions négatives sur les programmes de vaccination, avec pour conséquence une diminution de la couverture vaccinale, particulièrement dans les pays à bas et moyens revenus. Cela s’est traduit par une recrudescence des épidémies dans toutes les régions du monde. La Suisse n’est pas épargnée: en 2019, 220 cas et deux décès ont été rapportés lors d’une épidémie survenue dans les cantons alémaniques à la couverture vaccinale insuffisante. Début2024, une épidémie locale de rougeole sur un campus universitaire a été à l’origine de 50infections et entraîné la fermeture temporaire de l’établissement. Les foyers de contamination apparaissent généralement de manière très locale, où le virus peut facilement circuler, c’est-à-dire où il n’y a pas suffisamment de personnes vaccinées (taux de moins de 95% avec deux doses de vaccin) et dans des endroits clos.

UNE MALADIE GRAVE, EN PARTICULIER CHEZ LES ENFANTS ET LES FEMMES ENCEINTES

En l’absence de vaccination, la rougeole peut se déclarer à tout âge, mais certaines catégories de la population sont particulièrement à risque de souffrir de complications, potentiellement mortelles. Il s’agit des enfants de moins de 5 ans ou souffrant de malnutrition, des personnes immunosupprimées et des femmes enceintes. Les surinfections bactériennes, des diarrhées, otites ou laryngites sont les complications les plus fréquentes. Dans de rares cas, des affections plus graves peuvent survenir. On compte parmi elles les pneumonies et les atteintes cardiaques ou neurologiques. Chez les enfants, ces dernières peuvent s’avérer irréversibles et létales. Chez les femmes enceintes, une infection peut entraîner un retard de croissance, voire la mort du fœtus ou une naissance prématurée.

Contagion exponentielle

La rougeole circule principalement en hiver et au début du printemps dans les zones tempérées et durant la saison sèche dans les zones tropicales. Elle se transmet surtout par aérosol, autrement dit par le biais de particules respiratoires en suspension. Ces dernières peuvent rester jusqu’à deux heures dans l’air. La rougeole est l’un des virus les plus contagieux: un individu infecté entraînera en moyenne douze à dix-huit nouveaux cas. À titre de comparaison, une personne atteinte de la grippe en contaminera en moyenne deux autres.

Qu’en est-il des symptômes? Ils se manifestent sept à vingt et un jours après la contamination, en deux temps. La première phase est caractérisée par une toux, une conjonctivite bilatérale avec photophobie (intolérance à la lumière) et une rhinorrhée (nez qui coule). Puis apparaissent la fièvre et une éruption cutanée caractéristique qui se traduit par des plaques rouges partant du visage et s’étendant sur tout le corps. Une personne est contagieuse quatre jours avant à quatre jours après cette éruption.

En cas de suspicion d’infection, par exemple lors de symptômes tels que la toux, la fièvre et les plaques rouges, la personne est isolée le temps d’obtenir le résultat du frottis nasal ou de gorge. Si le test s’avère positif, le médecin et le laboratoire doivent signaler le cas à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et au Service du médecin cantonal afin de suivre l’incidence de la maladie. Une enquête d’entourage est aussi entreprise pour vérifier le statut vaccinal ou sérologique des contacts exposés, afin de freiner toute propagation. Si besoin, un traitement spécifique (on parle de «prophylaxie post-expositionnelle»), par vaccin ou injection d’anticorps, est proposé pour éviter le développement de la maladie.

La prévention est la meilleure protection

Si le diagnostic est confirmé, la prise en charge consiste en un traitement symptomatique. Par ailleurs, au vu du risque de complications augmenté en cas de carence en vitamine A et de la diminution de son taux lors de l’infection, un traitement à base de vitamine A est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé pour les enfants.

Le seul moyen, sûr et efficace, de lutter contre cette maladie est la prévention par la vaccination. Disponible depuis 1963 et contenu dans le fameux ROR, le vaccin offre une protection de 98% après deux doses. En Suisse, il est recommandé –mais pas obligatoire– de vacciner les bébés à l’âge de 9mois, puis à 12mois. Il est possible de faire un rappel à n’importe quel âge. Attention: les femmes enceintes et les personnes immunosupprimées doivent éviter le ROR.

*Adapté de: Fournier, L., et al., «Rougeole: une menace persistante malgré un vaccin efficace». Rev Med Suisse. 2025; 21 (913): 736-741.

Articles sur le meme sujet
PS59_Antidouleurs

Gare aux antidouleurs

Depuis vingt ans, la consommation d’analgésiques contenant des opioïdes ne cesse d’augmenter en Suisse. Un phénomène inquiétant car, si ces médicaments sont très utiles pour soulager certaines douleurs, ils peuvent entraîner problèmes de santé et dépendance. Pour sensibiliser la population, Unisanté a lancé une campagne de prévention auprès des pharmacies vaudoises et fribourgeoises.
Videos sur le meme sujet

Se protéger contre la varicelle et le zona

Le virus de la varicelle, souvent bénin chez l'enfant, peut se réactiver plus tard en zona, une maladie douloureuse.

Vaccins Varicelle Zona

Le virus de la varicelle peut se réactiver au cours de la vie et provoquer un zona qui peut être très douloureux et laisser des séquelles.

"Vaccinez-moi" (2025) d'Alex Fredo pour parler des vaccins

Stéphane Délétroz dévoile sa liste de chansons qui évoquent des concepts scientifiques et sʹamuse à les décortiquer.