La circoncision, du rituel à la prévention
Récemment, la décision d’un tribunal allemand d’assimiler la circoncision chez l’enfant à une blessure corporelle passible de condamnation, a relancé le débat sur la question. Dans la religion juive, elle est généralement pratiquée au huitième jour qui suit la naissance, par un rabbin formé ou par un médecin. Très répandue dans la religion musulmane, ce rituel l’est également dans d’anciennes communautés chrétiennes, subsahariennes notamment. Au total, la prévalence des hommes circoncis, chez les plus de quinze ans, est d’environ 30% dans le monde, dont plus des deux tiers pour des raisons religieuses.
En marge du caractère religieux de la circoncision, quelles sont ses indications médicales? Pour y répondre, il faut d’abord savoir qu’elle consiste en l’ablation partielle ou totale du prépuce. Ce repli mobile de peau et de muqueuse recouvre le gland lorsque le pénis est au repos. Cette zone est réputée fragile et vulnérable aux microtraumatismes et aux agents pathogènes qui franchissent la barrière cutanée, d’où la nécessité, parfois, d’intervenir chirurgicalement. En effet, l’environnement chaud et humide de la zone située sous le prépuce peut favoriser la croissance de micro-organismes. L’accumulation de muqueuse peut mener à des irritations chroniques, voire à des surinfections ainsi qu’à d’autres pathologies. Pour éviter ce type de problèmes, il vaut mieux observer une hygiène régulière en tirant le prépuce en arrière et en rinçant la muqueuse à l’eau douce. L’utilisation de savons trop agressifs est déconseillée.
L’ablation chirurgicale peut être indiquée pour des raisons anatomiques ou infectieuses. Par exemple, lorsque le prépuce ne peut être rétracté en arrière du gland. Physiologique dans la petite enfance, ce phénomène appelé «phimosis» peut devenir problématique et donc nécessiter une intervention. C’est d’ailleurs l’indication chirurgicale la plus fréquente de la circoncision. D’autres anomalies mécaniques, comme l’impossibilité de calotter le gland, potentiellement associée à des malformations vasculaires, justifient également le recours à la chirurgie. Pour d’autres pathologies (balanité xéro-oblitérante, phimosis associés à des précancéroses par exemple), seule la circoncision permet d’y remédier.
Circoncire, pour prévenir
La circoncision peut également être réalisée pour prévenir les infections urinaires et les infections sexuellement transmissibles, telles que le VIH, le HPV ou la syphilis. Son utilité, pour ces indications, a clairement été établie. Elle limite également les risques de développer un cancer du gland.
En ce sens, la circoncision néonatale à but prophylactique pourrait participer à la limitation de l’extension des maladies sexuellement transmissibles. Un enjeu particulièrement intéressant dans un monde où le brassage des populations et la coexistence des cultures sont de plus en plus importants. Les femmes, elles-mêmes, pourraient en profiter. La contamination par des agents pathogènes comme le papillomavirus (HPV), l’herpès ou le trichomonas pourrait en effet être réduite par ce biais.
Malgré ces avantages médicaux, la circoncision néonatale n’est recommandée dans nos pays que chez les enfants victimes de malformations urologiques, plus susceptibles de développer des infections urinaires. Or, les défenseurs de la circoncision prophylactique estiment que cette intervention, certes courante mais jamais sans risques, est moins dangereuse dans la petite enfance qu’à un âge plus avancé. Car, il ne faut pas l’oublier, elle peut conduire à des complications gravissimes, en particulier si elle est pratiquée dans des conditions inadéquates. La décision, au final, revient aux parents, garants de l’intégrité physique de leur enfant.
Si la question de la circoncision systématique n’est pas tranchée, celle de son lien avec le plaisir sexuel ne l’est pas davantage. Le plus souvent, les avantages qu’on lui attribue repose sur des anecdotes et des postulats individuels. Les études scientifiques, de leur côté, n’ont pour l’heure montré aucune différence significative quant à la satisfaction sexuelle au sein des couples, qui comparent des hommes circoncis à ceux qui ne le sont pas.
Référence
Adapté de «La circoncision: une banalité?», Marc Wisard, Patrice Jichlinski, Rev Med Suisse 2012; 8: 2324-2326, en collaboration avec les auteurs.
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