AVC, et après?

Dernière mise à jour 03/12/20 | Questions/Réponses
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Brutalement, en plein jour ou au cœur de la nuit, les signaux ont alerté. Sensation de paralysie (ou d’engourdissement) d’un membre ou d’un côté du visage, troubles soudains de la vision, difficultés d’élocution ou encore violents maux de tête: autant de symptômes ayant pu survenir seuls ou à plusieurs. Le réflexe a alors été le bon: appel immédiat au 144. Admission dans un service d’urgence, examens – IRM ou scanner notamment – et confirmation du diagnostic: accident vasculaire cérébral (AVC).

Causé par la formation d’un caillot dans une artère (80% des cas; on parle d’AVC ischémique) ou par la rupture d’un vaisseau ayant engendré une hémorragie cérébrale (20% des cas; on parle d’AVC hémorragique), l’AVC prive d’oxygène et de nutriments une partie du cerveau. Dès lors, chaque minute qui s’écoule voit succomber quelque deux millions de neurones dans la zone concernée. Un événement fatal à court terme pour 15% des personnes qui en sont victimes et synonyme de séquelles pour la moitié de celles qui en réchappent. Les explications du Pr Patrick Michel, médecin-chef au Centre cérébrovasculaire du Département des neurosciences cliniques du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Une prédiction précoce des séquelles est-elle possible ?

Oui, dès les 30 premières minutes de la prise en charge aux urgences une prédiction peut être réalisée. Elle repose sur trois critères clés: la sévérité de l’AVC (évaluée selon l’ampleur des symptômes), l’âge de la personne atteinte (facteur aggravant s’il est élevé) et la taille de l’AVC (révélée par le scanner ou l’IRM). Un quatrième élément déterminant suivra après quelques heures: l’efficacité de la réponse au traitement aigu.

Le traitement s’évalue-t-il au cas par cas?

Oui, en sachant que sa mise en place est une véritable course contre la montre. La prise en charge s’élabore selon la nature de l’AVC, son ampleur et l’état de santé du patient. S’il s’agit d’un AVC ischémique (on parle aussi d’infarctus cérébral), l’urgence est de déboucher l’artère obstruée pour rétablir le flux sanguin. Pour ce faire, il existe deux techniques principales. La première est la thrombolyse. Elle repose sur l’injection intraveineuse d’une substance susceptible de dissoudre le caillot (thrombus). L’intervention est envisageable dans les quatre heures et demi suivant l’AVC, et rarement plus tard.

La seconde est la thrombectomie. Le principe: introduire une sonde dans une artère pour extraire le caillot. Le délai pour y recourir est généralement de huit heures, parfois plus. Si l’AVC est hémorragique, l’urgence est de stopper l’épanchement sanguin dans le cerveau. La baisse immédiate de la tension artérielle et le recours à un anticoagulant constituent le cœur du traitement.

Si les symptômes se dissipent d’eux-mêmes, faut-il tout de même consulter?

C’est même une priorité!Environ un quart des AVC apparaît sous forme d’accidents ischémiques transitoires (AIT). Le signes d’alerte sont les mêmes que ceux de l’AVC, mais ils régressent d’eux-mêmes en quelques minutes ou heures. Le problème? Chez bon nombre de patients, un AIT est suivi d’un «vrai» AVC dans les heures ou jours qui suivent. Or, celui-ci aurait pu être évité avec une prise en charge rapide à l’hôpital. Ces situations justifient donc elles aussi de consulter sans attendre les urgences de proximité, en s’y rendant par ses propres moyens ou en appelant le 144.

Une fois passé le stade critique, est-il possible d’influencer la récupération?

Absolument. Les séquelles d’un AVC peuvent être multiples, certaines visibles, d’autres beaucoup moins. Parmi elles: hémiplégie, paralysie d’un membre ou d’un côté du visage, altérations du toucher (moindre perception des températures ou de la douleur), troubles de la vue, du langage, de l’élocution, de la mémoire, de l’humeur, fatigue. Pour y faire face, un programme de réadaptation est envisagé au cas par cas. Pourront le compléter: physiothérapie, logopédie, ergothérapie, thérapie neuropsychologique et soutien social. La santé mentale est un élément majeur à prendre en compte: environ 30% des victimes d’AVC souffrent ensuite de dépression. Une fois la situation d’urgence stabilisée, la rééducation peut commencer dès le 2e jour. La courbe de récupération se dessine ensuite par étapes. Les trois premiers mois sont les plus marquants, mais des progrès notables sont encore observés jusqu’à la première, voire la deuxième année, suivant l’événement. Passé ce cap, la poursuite du traitement des déficits est importante, notamment pour maintenir les fonctions retrouvées.

Repenser l’hygiène de vie est-elle réellement efficace?

Les études sont formelles: limiter les facteurs de risque permet de prévenir la survenue d’un AVC et de limiter le taux de récidive. Pour rappel: un premier AVC double le risque d’un nouvel épisode dans les mois et années qui suivent. Sans délai, repenser l’hygiène de vie est donc une priorité. Parmi les actions décisives: détecter et traiter l’hypertension, le surpoids et l’hyperlipidémie (excès de cholestérol et de triglycérides dans le sang), surveiller tout trouble cardiaque (tel qu’une arythmie appelée «fibrillation auriculaire»), adopter une alimentation équilibrée de type «méditerranéenne», s’abstenir de fumer, gérer son niveau de stress et surtout pratiquer une activité physique régulière.   

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Paru dans Planète Santé magazine N° 38 – Octobre 2020

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