L’utilité contestée des bilans de santé

Dernière mise à jour 04/03/15 | Article
L’utilité contestée des bilans de santé
Est-il nécessaire de se soumettre systématiquement à des check-up alors qu’on est jeune et en pleine forme? La réponse est non. Le point avec le Dr Marc-André Raetzo, un médecin généraliste qui s’intéresse depuis longtemps à cette problématique.

«Il est bon de faire régulièrement des examens de santé dès la quarantaine» fait partie des affirmations encore souvent véhiculées par le corps médical. Elle s’appuie sur l’idée que dépister et traiter précocement certains facteurs de risque, tels que l’hypertension artérielle ou l’excès de cholestérol, permettrait de prévenir le développement de maladies cardiovasculaires et cancéreuses. Faux, révèle une analyse portant sur plus de 180 000 personnes, réalisée par la Cochrane Library. Selon elle, ces bilans ne diminueraient pas la mortalité et encore moins le nombre de complications et d’hospitalisations liées aux maladies. Contrairement à une idée reçue, multiplier les tests de dépistage ne signifie pas pour autant pratiquer une prévention efficace.

Le Dr Marc-André Raetzo, généraliste à Genève, n’est pas étonné par les résultats de cette étude. Il mène depuis longtemps une réflexion sur «des check-up systématiques qui n’ont pas prouvé leur utilité et coûtent très cher. Je raisonne en termes d’efficience et non d’économie. Il s’agit de mieux utiliser les moyens qui existent. Pour un patient, un bilan de santé représente un grand nombre d’examens, dont on sait aujourd’hui qu’ils ne servent le plus souvent à rien parce que vouloir diminuer un risque nul de développer une maladie n’a pas de sens», souligne-t-il.

Les risques individuels

Cela revient-il à dire que tout bilan de santé est inutile? Loin s’en faut.

Le Dr Raetzo plaide pour une approche qui prenne en compte les risques individuels en lieu et place d’examens systématiques. «L’objectif du check-up est de détecter des problèmes de santé à venir, afin de mettre en place soit un dépistage, soit des mesures de prévention. Il est clair que le dépistage d’un cancer ne se fait pas de la même manière si l’on a ou pas des facteurs de risque importants. Si l’on fait partie d’un groupe à risques de développer un cancer de la peau et qu’un grain de beauté évolue bizarrement, il faut le montrer et faire une évaluation régulière par un dermatologue. Si on est jeune, en surpoids et que l’un de ses parents est diabétique, il est utile de mesurer la glycémie (taux de sucre dans le sang). A contrario, cela n’a pas de sens pour un homme de 20 ans, mince, sans antécédent familial de diabète, et qui présente donc peu de risques de développer la maladie.»

Le médecin peut évaluer les risques de son patient de développer une maladie cardiovasculaire, un cancer ou un diabète en posant les bonnes questions. Ces risques dépendent de plusieurs facteurs bien identifiés, parmi lesquels figurent le capital génétique (maladies cardiovasculaires précoces ou diabète dans la famille proche), les antécédents personnels médicaux et chirurgicaux, les comportements (alimentation, exercice et tabagisme par exemple) et certains éléments de l’examen physique. A partir de ces informations, le professionnel peut estimer une éventuelle probabilité élevée de présenter certaines affections pour lesquelles il est possible d’intervenir.

Modifier son hygiène de vie

Se pose encore la question de savoir comment intervenir. «Un taux de cholestérol et une tension trop élevés vont donner lieu à la prescription de médicaments dont les effets secondaires peuvent être lourds. Or, on sait aujourd’hui que les changements de comportement du patient jouent un rôle plus important que la prise de médicaments. Dépister un risque ne suffit pas pour prévenir une maladie. Il faut aussi travailler avec le patient sur les comportements à modifier, et l’aider à comprendre que changer ses habitudes alimentaires et pratiquer une activité physique régulière restent la meilleure des préventions.»

Enfin, autre problématique liée aux check-up: leur objectif est de dépister une maladie sur laquelle on peut agir, mais ils permettent rarement à eux seuls de prédire une maladie cardio-vasculaire ou un cancer. A deux exceptions près: «la mammographie, utilisée dans le cadre du dépistage du cancer du sein, et la coloscopie, qui permet de dépister un cancer du côlon. C’est la raison pour laquelle ils sont recommandés à tous, même sans facteurs de risques particuliers.»

Coloscopie conseillée dès 50 ans

En Suisse, environ 4000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués chaque année et près de 1600 patients en décèdent. Or, c’est l’une des rares tumeurs qui peut être prévenue par un dépistage. Depuis le 1er juillet 2013, les examens de dépistage du cancer du côlon sont pris en charge (hors franchise) par l’assurance de base pour les personnes de 50 à 69 ans.

Deuxième cause de mortalité par maladie tumorale chez l’homme et troisième chez la femme, ce cancer se développe le plus souvent à partir de polypes sur une durée d’environ 10 ans. Dans 90 % des cas, les patients ont plus de 50 ans au moment du diagnostic.

Les facteurs de risque du cancer du côlon sont bien connus et permettent de cibler le dépistage chez les patients à risque, en fonction de leur anamnèse familiale ou de leurs antécédents personnels. L’examen de dépistage de choix, c’est la coloscopie tous les 10 ans dès l’âge de 50 ans. Une coloscopie unique à 60 ans pourrait également représenter une méthode de prévention raisonnable.

La prévention du cancer colorectal repose sur un régime riche en fruits, en légumes, en fibres ainsi qu’en calcium, de l’exercice physique régulier avec maintien du poids, une consommation modérée d’alcool et l’absence de tabagisme.

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