PR FRANÇOIS ANGOULVANT «EN PÉDIATRIE, LA MULTIDISCIPLINARITÉ EST DEVENUE LA NORME»
Planète Santé: Comment décririez-vous le nouvel Hôpital des enfants, qui a ouvert ses portes en mai dernier à Lausanne?
François Angoulvant: Au moment du lancement du chantier, le Service de pédiatrie était coupé en deux, avec une partie dans la cité hospitalière du Bugnon et une autre partie trois kilomètres plus loin, à l’Hôpital de l’enfance, chemin de Montétan. La pédiatrie du CHUV s’est ainsi développée autour de ces deux sites durant plusieurs décennies, les urgences notamment n’étant présentes que sur l’un des deux. Avec le nouvel hôpital, toutes les activités pédiatriques sont regroupées sur le site principal du CHUV: des hospitalisations aux consultations générales et spécialisées, en passant par les urgences, la radiologie et les blocs opératoires.
Qu’apporte ce rapprochement?
Beaucoup de choses! La réunion de toutes nos activités en un seul lieu dédié à la pédiatrie est une vraie révolution. Les avantages portent autant sur la communication au sein des équipes soignantes que sur le confort des enfants. Avant le nouvel hôpital, un enfant arrivait aux urgences et devait parfois être transféré sur l’autre site, par exemple si un plateau technique spécifique était nécessaire. Désormais, le parcours patient est grandement amélioré. De plus, le nouveau bâtiment étant situé à proximité de la maternité et du plateau technique du bâtiment principal du CHUV, les liens et les échanges en sont facilités.
Quelles sont ses principales spécificités?
L’Hôpital des enfants dispose de sa propre IRM, ce qui simplifie la prise en charge. Réaliser cette imagerie dans les murs de la pédiatrie est un vrai plus. Nos jeunes patients et patientes, en restant dans un environnement qui leur est spécifiquement dédié, sont souvent plus calmes et sereins et supportent mieux de devoir rester immobiles tout le temps que dure un tel examen. La qualité des images obtenues s’en ressent. Nos nouveaux blocs opératoires, modernes et performants, sont aussi un atout majeur pour la qualité des soins de pointe proposés. Grâce à cet ambitieux projet, que j’ai eu la chance de suivre de près à partir de 2022 et ma prise de fonction au CHUV, nous sommes aujourd’hui en mesure d’offrir des soins multidisciplinaires de pointe adaptés à chaque enfant.
BIO EXPRESS
1975
Naissance à Paris (France).
1992-1998
Études de médecine, Paris.
1998-2003
Spécialisation en pédiatrie, avec une orientation vers l’infectiologie pédiatrique et les urgences pédiatriques.
2003-2014
Chef de clinique puis praticien hospitalier dans le Service des urgences pédiatriques de l’Hôpital universitaire Robert Debré, Paris.
2014-2021
Praticien hospitalier puis professeur des universités dans le Service des urgences pédiatriques de l’Hôpital universitaire Necker –Enfants malades, Paris.
2021-2022
Professeur des universités dans le Service de pédiatrie générale de l’Hôpital universitaire
Robert Debré, Paris.
Août2022
Prend la tête du Service de pédiatrie du CHUV.
14mai 2025
Inaugure le nouvel Hôpital des enfants du CHUV et fête ses 50ans.
Le nouveau cadre présente-t-il d’autres avantages sur la prise en charge proposée?
Tout a été conçu pour que les locaux soient accueillants et parfaitement adaptés aux enfants et à leur famille, et cela, dans les moindres détails. Les tons et les coloris des murs et des couloirs, par exemple, ont été choisis avec soin, les salles de consultation ont été pensées pour être le plus agréables possible. Les escaliers disposent de rampes doubles –une classique et une à hauteur d’enfant–, les couloirs sont larges pour faciliter le passage des poussettes. Au-delà d’être, je trouve, un très beau bâtiment de l’extérieur, il est fonctionnel et esthétique à l’intérieur. Les anciens locaux n’ayant logiquement pas été rénovés ces dernières années, le changement apparu avec l’Hôpital des enfants est saisissant, comme si nous étions directement passés du 19e au 21esiècle! Les nouveaux locaux sont aussi un véritable atout pour les collaboratrices et collaborateurs de l’hôpital. Travailler ou se faire soigner dans un tel bâtiment, flambant neuf, est une chance. L’Hôpital des enfants offre un environnement idéal pour répondre aux missions actuelles et futures de la médecine pédiatrique.
À ce propos, comment la pédiatrie a-t-elle évolué ces dernières années?
Comme beaucoup d’autres spécialités médicales, elle a pris l’important virage de l’ambulatoire. Par ailleurs, le parcours de soins des enfants hospitalisés a été revu et a beaucoup évolué afin d’être le plus efficient et le plus cohérent possible. Un autre changement en pédiatrie est le développement de l’utilisation des outils numériques. Dans les blocs opératoires, par exemple, l’utilisation d’écrans de haute qualité et de dispositifs high-tech est devenue indispensable. Plus largement, toutes les informations et les données que nous pouvons récolter sont très précieuses et aident à la prise en charge, notamment en cas de maladies chroniques.
Vous évoquiez l’importance de l’approche multidisciplinaire. Pourquoi est-elle devenue si incontournable?
La pédiatrie s’est constamment «surspécialisée» pour répondre aux besoins spécifiques de cas de plus en plus complexes. Les professionnels et professionnelles de santé se concentrent ainsi sur telle ou telle pathologie, dans un domaine très précis, pour en devenir des experts et expertes. Mais les équipes se retrouvent aussi face à des pathologies, génétiques entre autres, aux conséquences multiples et variées. Nous avons souvent besoin que plusieurs spécialités pédiatriques se mettent au chevet d’un jeune patient ou d’une jeune patiente et travaillent de concert. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus agir efficacement sans collégialité. La multidisciplinarité est devenue la norme pour assurer des prises en charge cohérentes et adaptées. Psychologues, diététiciens et diététiciennes, physiothérapeutes, ergothérapeutes ou encore éducateurs et éducatrices font désormais intégralement partie des équipes soignantes. En organisant des réunions pluridisciplinaires très régulières, nous regroupons des compétences et obtenons des avis complémentaires. Cela permet également d’améliorer la communication au sein du personnel soignant.
Comment voyez-vous l’évolution de la pédiatrie?
Dans le domaine de l’oncologie pédiatrique, par exemple, de nouveaux traitements devraient arriver sur le marché et se développer, comme les thérapies cellulaires ou inhérentes à l’immunothérapie. Plus largement, je pense que le maître mot pour la pédiatrie de demain sera «plasticité». Des éléments passés illustrent bien, selon moi, cette idée: nous avons connu en 2020 la crise sanitaire liée au Covid-19, puis les épidémies se sont enchaînées, comme celle de bronchiolite en 2022. Ces événements soudains et d’envergure perturbent et complexifient notre activité médicale. Ils nous obligent à nous adapter et à faire évoluer nos pratiques. À l’avenir, nous devrons très probablement faire face à de nouvelles crises sanitaires, qui seront certainement différentes de celles que nous avons connues par le passé. Il faudra nous montrer flexibles pour les affronter sereinement et efficacement. Conserver cette plasticité face à des événements difficiles sera nécessaire.
Gastro-entérite: un nouveau vaccin recommandé chez les bébés
Un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite s’annonce
Coqueluche
La coqueluche est une maladie qui se manifeste par des quintes de toux, des difficultés à respirer et des vomissements déclenchés par la toux. Elle peut être très grave, voire mortelle, chez les tout petits enfants pas encore protégés par le vaccin.