Vrai/Faux sur la schizophrénie

Dernière mise à jour 28/10/21 | Vrai/Faux
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Trouble psychiatrique sévère qui touche environ 1 personne sur 100, la schizophrénie est une forme particulière de psychose qui peut se manifester par différents symptômes, comme des hallucinations, des idées délirantes mais aussi des troubles de la mémoire ou de la concentration. Encore mal connue et victime de préjugés tenaces, elle peut néanmoins évoluer positivement grâce à une prise en charge adaptée. Le psychiatre Yann Hodé, président de l'association de psychoéducation de famille Profamille, démêle pour nous le vrai du faux sur la schizophrénie.

Où trouver de l’aide

La schizophrénie se déclenche le plus souvent durant l’enfance ou l’adolescence.

Vrai. Dans la très grande majorité des cas, la schizophrénie se déclenche entre 15 et 25 ans. Il existe aussi des formes rares beaucoup plus précoces ou au contraire beaucoup plus tardives.

La drogue peut être à l’origine de la schizophrénie.

Vrai. Les causes de ce trouble sont encore floues et différents facteurs semblent entrer en jeu. Une centaine de gènes seraient ainsi impliqués dans la survenue de la schizophrénie, qui peut donc avoir un terrain familial. À cela s’ajoutent des facteurs environnementaux comme la consommation de drogues, en particulier de cannabis. Des facteurs prénataux (malnutrition ou infection virale chez la mère pendant la grossesse, difficultés lors de l’accouchement, etc.) pourraient également favoriser son apparition.

Le stress peut être un élément déclencheur.

Vrai. Les facteurs prédisposants confèrent un certain degré de vulnérabilité, mais la maladie semble plus encline à émerger lors d’épisodes de stress important. «Une rupture sentimentale, un examen, l’entrée dans la vie active, un traumatisme peuvent générer un stress qui, s’il survient à un moment clé de maturation cérébrale chez une personne avec un terrain de vulnérabilité, peut avoir un rôle déclencheur», explique Yann Hodé.

Les femmes sont plus touchées que les hommes.

Faux. Les hommes semblent davantage concernés par la schizophrénie. Des études indiquent cependant que les femmes seraient largement sous-diagnostiquées et donc moins représentées dans les statistiques. Une invisibilisation due à des formes de schizophrénie plus tardives chez les femmes, moins invalidantes et donc moins voyantes.

Les schizophrènes sont dangereux.

Faux. La grande majorité des personnes souffrant de schizophrénie ne seront jamais violentes. Mais certaines manifestations de la maladie, comme une irritabilité, un repli sur soi, des angoisses, des hallucinations, une désorganisation de la pensée peuvent inquiéter l’entourage. «L’un des principaux risques de violence est envers le patient lui-même, explique Yann Hodé. Le risque de suicide est environ dix fois plus élevé chez les personnes souffrant de schizophrénie que dans la population générale.»

C’est une maladie qui ne se soigne pas.

Faux. Des traitements qui combinent médicaments, accompagnement psychologique et soutien social montrent de bons résultats. Une nouvelle génération d’antipsychotiques permet de diminuer fortement les symptômes psychotiques. Mis à part, chez certains patients, une prise de poids qu’il convient de contrôler, ils induisent moins souvent d'effets secondaires gênants. Ils sont souvent associés à des antidépresseurs pour les personnes présentant des phases de dépression. «Ces médicaments ont révolutionné la prise en charge et amélioré la qualité de vie des patients ces dernières années, note Yann Hodé. Avant que les antipsychotiques n’apparaissent, il y avait quatre fois plus de patients dans les hôpitaux psychiatriques.» À cette approche médicamenteuse, un traitement psychologique (psychothérapie, interventions familiales) est souvent associé, ainsi qu’une approche sociale pour faciliter la réinsertion des patients, notamment au niveau professionnel.

La schizophrénie provoque un dédoublement de la personnalité.

Faux. Cette croyance tient probablement d’une compréhension étymologique erronée du mot, qui vient des termes grecs «schizein», signifiant «fractionnement», et «phrèn», «esprit». Une mauvaise interprétation a mené à parler de dédoublement de personnalité alors qu’historiquement ce terme renvoie plutôt à une désorganisation de la pensée, qui se manifeste parfois par des troubles cognitifs et, lors des phases de crise, par un discours inintelligible. «Aujourd’hui encore, le terme "schizophrène" est souvent utilisé métaphoriquement – y compris dans les médias ou les sphères dirigeantes – pour évoquer l’idée que l’on est pris entre deux antagonismes, regrette Yann Hodé. Cela n’aide pas à lutter contre la stigmatisation et crée la confusion dans l’esprit des gens.»

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Paru dans Planète Santé magazine N° 42 – Octobre 2021

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