Probiotiques: à la rescousse d’une terre hostile

Dernière mise à jour 16/01/13 | Article
Probiotiques: à la rescousse d’une terre hostile
Les probiotiques, ces micro-organismes vivants, sont de plus en plus recommandés dans le traitement de certaines maladies inflammatoires intestinales en vertu de leur effet équivalent voire supérieur aux thérapies habituelles.

Depuis quelques années, de nombreuses publications s’intéressent à l’ensemble des  bactéries qui sont présentes dans le tube digestif, communément appelé «microbiote». Elles attribuent en effet un rôle majeur à ce dernier dans l’émergence des maladies inflammatoires gastro-intestinales, et plus particulièrement des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI).

L’intestin, une terre d’accueil

L’intestin est semblable à une terre d’accueil, hébergeant à la fois des passagers clandestins hostiles (produits allergènes et microbes pathogènes) et des bactéries protectrices qui cohabitent dans un équilibre fragile. Or, pour diverses raisons, les bactéries ne sont pas toujours aptes à réguler de façon optimale l’envahissement permanent de substances étrangères: l’équilibre entre les composants du microbiote peut alors être rompu, et mener à un dérèglement de la flore intestinale et à une perturbation de la perméabilité de l’intestin – autant d’éléments qui activent de façon exagérée le système immunitaire intestinal et engendrent des maladies inflammatoires.

Les probiotiques, des hôtes bienvenus?

Dans le traitement et la prévention de ces maladies inflammatoires chroniques intestinales, le rétablissement de l’équilibre de la flore intestinale est un élément crucial. Pour ce faire, les probiotiques peuvent se révéler très bénéfiques: ces migro-organismes réduiraient en effet l’inflammation en restaurant la flore intestinale, fragilisée. Ces organismes minuscules, déclinés en bactéries ou levures, font déjà partie de notre quotidien, car ils sont souvent ajoutés dans les produits alimentaires que nous consommons habituellement. Ils peuvent aussi être ingérés sous la forme de capsules ou de poudres. A relever que, pour une efficacité optimale, le nombre d’organismes présents dans chaque dose doit atteindre des sommets: de cent millions à dix milliards!

Bien que toutes les preuves de tels effets bénéfiques dans le traitement des MICI ne soient pas encore faites, nous disposons des données de plusieurs études récentes au sujet de l’utilisation de  probiotiques dans le traitement de trois maladies spécifiques: la rectocolite hémorragique, la pouchite et la maladie de Crohn.

La rectocolite hémorragique

Dans le cadre de cette maladie inflammatoire qui ne touche que le colon et le rectum, les études ont été nombreuses. Elles ont révélé que plusieurs probiotiques (Bifidobacterium spp., L. acidophilus, VSL#3, LGG) avaient le même effet bénéfique que celui des médicaments anti-inflammatoires habituels lorsque la rectocolite hémorragique était d’importance légère à modérée, et que l’effet de ces derniers en termes de rémission était meilleur. Si certains probiotiques ont effectivement une efficacité plus importante, comme la Bifidobacterium par exemple, d’autres bactéries n’ont toutefois pas démontré de supériorité par rapport au traitement habituel. C’est le cas notamment de l’Escherichia coli et de la Lactobacillus qui n’ont eu aucune influence sur le taux de rechutes habituel.

La pouchite

Complication inflammatoire de la poche iléo-anale, la pouchite survient assez rapidement chez 10-20% des patients ayant subi une ablation totale du rectum et du colon.

L’addition du probiotique VSL#3 au traitement antibiotique habituel a engendré une amélioration à la fois dans la prévention et dans la rémission d’une pouchite légèrement active. En revanche, dans le cas d’une pouchite aiguë, les probiotiques n’ont pas eu d’effet supérieur au placebo.

La maladie de Crohn

Les probiotiques utilisés dans le cadre de plusieurs études comme agents thérapeutiques dans le traitement de la maladie de Crohn ne se sont pas, quant à eux, révélés avantageux. Une seule sorte de levure, la S. boulardii, suggérerait un léger avantage dans la prévention de la récurrence de cette maladie qui peut s’étendre sur tout le tube digestif.  

Référence

Adapté de «Place des probiotiques dans le traitement des maladies inflammatoires intestinales», Dr Marc Girardin et Pr Jean-Louis Frossard, Service de gastroentérologie et hépatologie, HUG, in Revue Médicale Suisse 2012: 8: 1674-8, en collaboration avec les auteurs. RMS-352