Mal manger, dépression assurée
Voilà bien une information à mettre entre toutes les mains; une information à donner à toutes celles et ceux qui ont pris l’habitude de se nourrir vite et mal, quotidiennement ou presque. Elle émane de la revue Public Health Nutrition. Que nous disent des chercheurs des universités espagnoles de Las Palmas de Gran Canaria et de Grenade? Que cette forme d’alimentation expose très clairement à la dépression.
Mieux (ou – plus précisément – pire) les auteurs de cette publication chiffrent, après analyse statistique, entre 42 et 51% l’augmentation du risque de souffrir de cette affection chez les consommateurs très réguliers de préparations industrielles de viandes hachées diversement présentées, de hot-dogs, pizzas, et diverses autres associations sucrées (muffins, beignets, croissants sodas, etc.). Selon le Dr Almudena Sánchez-Villegas, principal auteur de ce travail, il existe même une relation «dose-réponse»: plus la consommation est fréquente et importante, plus le risque de dépression est élevé.
Comment parvient-on à de telles conclusions? Au départ, les auteurs voulaient travailler sur une hypothèse à laquelle les spécialistes ont accordé bien peu d’intérêt en dépit de son importance en terme de santé publique: vérifier s’il existait bel et bien un lien entre certains composants alimentaires (acides gras, vitamines…) et le risque de dépression. Ils ont ainsi mené une large étude portant sur 8.964 personnes participant par ailleurs à l’étude SUN Project. Ces personnes n’avaient jamais été diagnostiquées comme étant «dépressives» et n’avaient jamais préalablement consommé de médicaments antidépresseurs. Au cours de l’étude 493 d’entre elles ont été diagnostiquées dépressives et/ou ont commencé à prendre des antidépresseurs.
De précédents résultats également obtenus dans le cadre de l’étude «SUN Project» avaient été publiés dans la revue PLoS One. Ils avaient fait état de 657 nouveaux cas de dépression sur 12059 personnes analysées sur une période de plus de 6 mois; soit un risque accru de 42%. Les personnes se nourrissant à partir de préparations industrielles dites de «restauration rapide» présentaient cette fois un risque accru de 51%.
Pour le Dr Sánchez-Villegas, on ne saurait en rester là. D’autres études seront nécessaires pour confirmer et préciser que la consommation régulière de ce type d’aliments n’a pas que des conséquences fâcheuses au plan corporel (surpoids, obésité, affections cardiovasculaires) mais qu’elle affecte aussi les équilibres de la psyché. Et ce même en petite quantité. Sur le fond, seul l’outil statistique permettra de trancher: faire la part entre la réalité d’une causalité et la simple association. Ceux qui se nourrissent de fast food sont-il plus exposés au risque de dépression parce qu’ils sont aussi plus fréquemment célibataires, fumeurs, moins sportifs et à ce titre plus sujets aux mauvaises habitudes alimentaires et plus généralement à un mode de vie insalubre? Est-ce au contraire parce qu’ils consomment des aliments dépourvus de substances (vitamines du groupe B, oméga-3, huile d'olive) et de tout ce qui (fruits, noix, poisson, légumes, huile d'olive, vin) fait la richesse préventive du régime méditerranéen?
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule on rappellera qu’il est aujourd’hui établi que la junk food peut provoquer des phénomènes de dépendance similaires à ceux induits pas la prise de substances psychoactives. Le fait avait notamment été démontré par une étude publiée en 2010 dans l’édition on line de Nature Neuroscience. Paul Kenny et Paul Johnson, de l'Institut de recherche Scripps (Californie) avaient alors montré pour la première fois (sur des rats) que les mêmes mécanismes moléculaires qui poussent à la toxicomanie expliquaient une alimentation compulsive, poussant à l'obésité. C’était là selon eux une forme d’accoutumance obtenue très rapidement (et aux effets durables) à une forme de «suralimentation». Il nous faut parvenir à abandonner les fast et junk foods comme il nous faudrait parvenir à faire une croix sur ce qui nous pousse à snacker, qui n’est – au fond – qu’un comportement de rongeur.
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