Pour dormir léger ne vous couchez pas trop tard

Dernière mise à jour 22/07/13 | Article
Pour dormir léger ne vous couchez pas trop tard
Des chercheurs américains viennent de le démontrer: se coucher systématiquement de manière tardive favorise la prise de poids.

On est encore loin d’avoir compris tout ce qui peut se passer entre sommeil et alimentation. Nous avons évoqué ici même l’expression qui traite de ces liens: celle (assez obscure) affirmant que «qui dort dîne».  Elle daterait du XVIIIe siècle mais proviendrait en réalité de ce Moyen Âge que l’on dit malfamé: à l’époque le voyageur qui voulait dormir dans une auberge était également contraint d’y dîner: pas de couvert, pas de gîte. Une autre version, défendue par le linguiste Alain Rey, affirme que cette expression pourrait provenir d’une forme d’humour grec, cette ellipse voulant signifier que le sommeil nourrit celui qui n'a pas de quoi manger. Dormir permettrait ainsi d’oublier sa sensation de faim, le sommeil tiendrait lieu de nourriture.

Gain de poids

Or voici que l’on apprend qu’une restriction chronique de sommeil peut être associée à un gain de poids. Et ce parce que se coucher tard conduirait à une consommation supplémentaire de calories en fin de soirée mais aussi parce que durant cette période de la journée il existerait chez l’homme une propension à consommer plus de lipides. Telle est la conclusion d’une étude, publiée dans la revue Sleep1 par un groupe de chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, dirigés par le Pr Namni Goel de l’unité Sommeil et chronobiologie, Département de psychiatrie, Perelman School of Medicine (Philadelphie).

Ces chercheurs ont mené une étude dans un laboratoire spécialisé dans le sommeil. Au total 225 volontaires ont participé à ce travail. Il s’agissait de personnes ne souffrant pas de maladies connues, n’étant pas obèses et âgées de 22 à 50 ans. Après tirage au sort, elles étaient affectées soit dans un groupe ne devant pas dormir plus de quatre heures par nuit, soit dans un groupe pouvant dormir près de dix heures en se couchant vers 22 heures. L’expérience a duré pendant dix-huit jours consécutifs. Durant cette période, les repas étaient servis à heures fixes et la nourriture toujours disponible dans la cuisine: les participants qui avaient une «petite faim» à d'autres moments de la journée pouvaient librement «grignoter».

Tous les volontaires pouvaient d’autre part se déplacer, lire, regarder la télévision, jouer à des jeux vidéo ou effectuer d'autres activités –à l’exception notable de l’activité physique. Au total, les résultats de ce travail ont permis de conclure que les participants ayant subi des restrictions répétées de sommeil avaient tendance à prendre plus de poids que les autres. Ils ont pris en moyenne un kilogramme. La restriction de sommeil est associée à une augmentation globale de l'apport calorique, et cette augmentation est due à celle du nombre de repas consommés au cours de la période de fin de soirée. Mieux: la proportion de calories provenant des lipides est plus élevée pendant les prises de nourriture des heures nocturnes que durant celles des autres moments de la journée. Les chercheurs observent encore que les hommes prennent plus de poids que les femmes en cas de restriction de sommeil, ce qui est également vrai pour les Afro-Américains en comparaison des Caucasiens.

Donc, se coucher tard nuirait…

De précédentes études avaient déjà mis en lumière une possible association entre la durée du sommeil, le gain de poids et l’obésité. Cette expérience de laboratoire va toutefois plus loin en apportant des éléments explicatifs. Les auteurs rappellent d’autre part que la prise de poids est un facteur de risque pour le syndrome des apnées obstructives du sommeil (SAOS) et que le risque de SAOS augmente avec la prise de poids.

Une récente étude américaine avait également mis en lumière le fait que la qualité du sommeil était étroitement associée à la manière de se nourrir. On sait encore que le manque de sommeil peut entraîner l’obésité, l’hypertension et de manière générale réduire l’espérance de vie. Pour l’heure, la publication de Sleep vient conférer une nouvelle actualité à la délicieuse expression de Raymond Devos (1922-2006) selon laquelle «se coucher tard nuit».

  

1. Un résumé technique (en anglais) de cette étude est disponible ici

 

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