L’ocytocine: nouveau traitement contre l’obésité?

Dernière mise à jour 23/03/15 | Article
L’ocytocine: nouveau traitement contre l’obésité?
Connue pour son rôle clé lors de l’accouchement et de l’allaitement, l’ocytocine montre un champ d’action toujours plus large. Parmi les facettes sous les projecteurs: elle aiderait à diminuer le poids en agissant sur la graisse corporelle.

Présente chez la femme enceinte au moment de l’accouchement, injectée pour provoquer les contractions de l’utérus lorsqu’elles ne se font pas naturellement, et indispensable à la fabrication du lait maternel, l’ocytocine est l’hormone de la maternité par excellence.

On aurait pourtant tort de la cantonner à ce rôle. Et pour cause: synthétisée par une multitude d’organes –hypothalamus, ovaire, testicule, thymus, rein, cœur– elle est présente tout au long de la vie, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, à des quantités certes moindres que lors de l’accouchement. Hormone incontournable, l’ocytocine régulerait nos émotions et nos réponses au stress, interviendrait dans les manifestations d’empathie, la confiance en soi, et même dans les élans amoureux. Et son action pourrait ne pas s’arrêter là: les dernières études suggèrent qu’elle entraîne une perte de poids chez les personnes obèses.

Le poids du stress

Cet effet provient-il d’une action directe sur le psychisme? C’est possible, car l’interaction entre le stress et les variations de poids est bien connue. On sait également que la prise de nourriture a, chez certaines personnes, un effet apaisant, mais aussi qu’un lien existe entre isolement social et obésité. Autrement dit, des interactions multiples relient les comportements et les variations de poids.

Mais ce n’est pas tout. L’ocytocine est devenue ces dernières années l’un des centres d’intérêt des scientifiques et des spécialistes de l’obésité. De très nombreuses recherches portent sur ses effets, tant sur le traitement de certaines maladies psychiatriques, telles que l’autisme, l’anxiété, la schizophrénie, les troubles compulsifs, le stress post-traumatique, que sur celui de pathologies du métabolisme, telles que l’obésité et le diabète.

Graisses indésirables

Les chercheurs ont ainsi découvert une autre performance de l’ocytocine: sa faculté à diminuer la masse de graisse et à réguler les taux de sucre trop élevés en cas de diabète. Une étude réalisée par une équipe genevoise chez des rats obèses nourris par une alimentation riche en lipides a démontré qu’une perfusion d’ocytocine pendant quatorze jours induisait une importante perte de poids, indépendamment de la quantité de nourriture ingérée. Mieux encore, elle montre une diminution spécifique de la masse de graisse.

Qu’en est-il chez l’homme? Les résultats sont encourageants, mais il n’existe que deux études publiées et elles ont été menées sur un nombre restreint d’individus. L’une d’elles, réalisée aux Etats-Unis, a consisté à administrer de l’ocytocine par voie intranasale à des patients obèses, quatre fois par jour pendant huit semaines. Le résultat: une diminution significative du poids – environ 9 kg – et une réduction du LDL-cholestérol, aussi appelé «mauvais cholestérol». Réjouissance supplémentaire: aucun effet secondaire n’a été observé au cours de ce traitement.

En ce qui concerne l’action de l’ocytocine sur le diabète, une étude allemande a montré une amélioration de l’assimilation du sucre par l’organisme, faculté mise à mal en cas de diabète.

La suite? Il serait très important d’avoir des résultats d’essais cliniques plus vastes, non seulement chez des patients obèses, mais aussi chez des patients diabétiques de type 2. Ceci permettrait également de mieux comprendre les mécanismes d’action de l’ocytocine. L’espoir d’un nouveau traitement dans la lutte contre l’obésité et le diabète de type 2 semble en tout cas permis!

 

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