Microbiote vaginal, la révolution rose

Dernière mise à jour 01/03/18 | Vidéo
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Une flore vaginale équilibrée est un vrai rempart face aux maladies sexuellement transmissibles. Mais attention, certains gestes quotidiens risquent de dégrader sa qualité.

(TEXTE Aude Raimondi)

Des milliards de micro-organismes vivent dans la région vaginale. Un véritable monde caché, sur lequel nous sommes souvent mal renseignés. Le microbiote vaginal est pourtant essentiel,  puisqu’il constitue un bouclier chimique contre les maladies sexuellement transmissibles et les infections internes. Un mécanisme de protection assuré en grande partie par les bactéries lactobacilles, qui composent 90% de la flore. Si celles-ci viennent à manquer, le vagin est moins acide et d’autres bactéries ou virus peuvent alors se développer plus facilement.

Plusieurs comportements risquent de détruire une partie de cette flore et devraient donc être évités au maximum. De nombreuses femmes ont par exemple la crainte que leur vagin sécrète des émanations désagréables. Cette idée reçue les incite parfois à effectuer des toilettes intimes intensives. Pourtant, un microbiote en bonne santé a une odeur naturellement neutre. «Il ne faut donc jamais introduire de produit d’hygiène dans le vagin, recommande le Dr Jean-Marc Bohbot, spécialiste des affections uro-génitales et directeur médical de l’Institut Fournier à Paris. L’eau dessèche la peau et peut provoquer des irritations. Il suffit amplement de nettoyer l’extérieur avec des produits dédiés à l’hygiène intime». A noter que l’épilation définitive est elle aussi problématique pour l’hydratation naturelle. Le laser détruit non seulement les poils mais également les petites glandes qui les lubrifient. Une sécheresse permanente risque donc de s’installer.

Un autre grand ennemi de la flore vaginale: le tabac, qui diminue le taux d’œstrogènes dans le sang et le vagin. Or, les lactobacilles survivent en partie grâce à cette hormone. Dès quatre cigarettes fumées par jour, le microbiote se dégrade.

Enfin, les antibiotiques parfois prescrits pour traiter d’autres problèmes liés à la région génitale (par exemple les mycoses ou les cystites) risquent de détruire une partie de la flore. Il existe heureusement des probiotiques qui peuvent contribuer à retrouver un équilibre. Sous forme de comprimés oraux ou d’ovules à introduire directement dans le vagin, ils aident les lactobacilles naturels à reprendre le contrôle.

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Jean-Marc Bohbot, spécialiste des affections uro-génitales féminines et masculines, directeur médical de l’Institut Fournier à Paris, et Rica Etienne, journaliste santé, dressent le panorama de la flore vaginale dans un livre, "Microbiote vaginal, la révolution rose". Ils nous en parlent dans CQFD.

Une émission CQFD - RTS La Première

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