Et soudain, la ménopause est là…

Dernière mise à jour 27/11/23 | Article
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On l’évoque au travers des bouffées de chaleur, de l’humeur vacillante ou de la libido en berne… Mais que sait-on vraiment de la ménopause et de ce qui peut en alléger les désagréments?

Pourquoi consulter?

Bien sûr, il y a les symptômes eux-mêmes qui parfois, de par leur intensité, obligent les femmes à consulter. Mais lorsqu’ils sont plus discrets ou vécus dans la honte, frapper à la porte d’un médecin n’est pas si simple. «Et pourtant, la démarche est précieuse», encourage la Dre Carole Nicolas, médecin gynécologue médicale au sein de l’Unité de médecine de la reproduction et gynécologie endocrinienne des HUG. Et de préciser: «Il existe des récepteurs à œstrogènes en de multiples endroits du corps, depuis la sphère génitale jusqu’au cerveau en passant par les systèmes vasculaire et osseux. La carence en œstrogènes peut donc avoir un impact à court, moyen et long termes sur la santé cardiovasculaire, osseuse et même cérébrale, exposant les femmes à un risque accru d’infarctus, d’ostéoporose ou de dépression par exemple. Par ailleurs, le cap de la cinquantaine est un moment charnière où certaines maladies peuvent s’installer en toute discrétion, comme l’hypertension ou le diabète. D’où l’importance de faire le point sur sa santé et d’améliorer ce qui peut l’être en termes d’hygiène de vie.»

Liée à l’arrêt de la production hormonale par les ovaires ­– des œstrogènes, mais également de la progestérone et de la testostérone–, la ménopause se définit comme l’absence de règles pendant une année, indépendamment de toute cause médicale. Elle survient en moyenne à 52 ans. Un phénomène naturel donc, mais pas anodin pour autant, au vu de ses répercussions avant, pendant et après sa mise en place. 

La ménopause est-elle forcément éprouvante?

Dans l’absolu, non. «Chez certaines femmes, la ménopause s’installe en douceur sans inconfort particulier, observe la Dre Anna Surbone, médecin associée au Service de gynécologie et obstétrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Pour autant, près de 80% des femmes indiquent présenter au moins un symptôme caractéristique, comme des bouffées de chaleur ou des troubles du sommeil. Ces symptômes peuvent durer quelques mois à plusieurs années. Mais selon leur degré et la façon dont ils sont vécus, ils ne sont pas invalidants de la même façon selon les femmes.» Dans tous les cas, un seul mot d’ordre: ne pas hésiter à en parler à son médecin généraliste ou à son gynécologue. «La ménopause est une phase de la vie, pas une condamnation à souffrir, insiste la Dre Surbone. Aborder le sujet est la première étape pour trouver des solutions adaptées, en lien avec l’hygiène de vie, et des traitements spécifiques si besoin.» 

Est-elle toujours précédée d’une phase de périménopause?

Oui, même si ses contours sont variables. «Ses manifestations peuvent s’amorcer dès le virage de la quarantaine ou seulement quelques mois avant que les règles ne disparaissent. Quelle qu’en soit sa durée, la périménopause témoigne d’une activité ovarienne en baisse», explique la Dre Carole Nicolas, médecin gynécologue médicale au sein de l’Unité de médecine de la reproduction et gynécologie endocrinienne aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Parfois déroutants, ses symptômes diffèrent de ceux de la ménopause. Parmi les plus fréquents: des modifications du cycle menstruel (d’abord plus courts, puis plus longs et finalement rares et anarchiques), des douleurs mammaires, des règles plus abondantes ou encore des syndromes prémenstruels (douleurs, état dépressif, etc.) plus marqués. 

Certains bons réflexes peuvent-ils en limiter les désagréments?

Absolument. Précieux à tout âge, ils revêtent un caractère essentiel lorsque la ménopause survient. Les deux piliers, bien connus: l’activité physique (à savoir bouger au maximum, tous les jours) et une alimentation saine et équilibrée. S’y ajoutent l’absence ou l’arrêt de tabagisme et une consommation limitée d’alcool. «Ces actions sur l’hygiène de vie tendent à la fois à limiter des symptômes comme la prise de poids et les bouffées de chaleur – souvent plus intenses chez les fumeuses –, à apporter du bien-être et à agir sur les facteurs de risque cardiovasculaires (lire encadré)», détaille la Dre Nicolas. 

Quand recourir à des substitutions hormonales?

Visant à pallier le déclin de la production hormonale par les ovaires, le traitement hormonal de la ménopause (THM) allie œstrogènes et progestérone. Très plébiscité jusqu’aux années 2000, il a connu un coup de frein en 2002 suite à la publication d’une étude américaine dans la revue JAMA*. Et pour cause,celle-ciévoquait son implication dans un risque accru de cancer du sein. Des données aujourd’hui nuancées en raison des limites de l’étude (population de femmes relativement âgées, parfois sous traitement dix ans après la ménopause, etc.), mais qui ont modifié les conditions de prescription. «Un surrisque reste possible, en particulier sur le cancer du sein et de l’endomètre, mais tout porte à croire que si le cadre de prescription est respecté, les bénéfices sont supérieurs aux risques. Et ce, face aux désagréments de la ménopause comme à ses conséquences sur la santé osseuse et cardiovasculaire», note la Dre Surbone. 

Les indications en question: une prescription réservée aux femmes souffrant de symptômes importants, envisagée plutôt en début de la ménopause, au dosage minimal efficace, en l’absence de facteurs de risques ou avec des facteurs de risque bien contrôlés (hypertension artérielle, antécédents de cancer ou de maladies cardiovasculaires, etc.), pour une durée limitée et incluant un suivi annuel. Et la Dre Surbone d’ajouter: «Bien différents de ceux qui étaient prescrits il y a vingt ans, les traitements hormonaux actuels ont la même structure que certaines hormones produites par le corps.» À noter que ces traitements peuvent également se présenter sous forme de crèmes ou de traitements vaginaux pour atténuer sécheresse vaginale et risque accru d’infections urinaires. Leurs contre-indications sont plus limitées que pour les prises orales. 

Les médecines douces, une bonne idée?

Hypnose, psychothérapie, œstrogènes naturels, extraits de pollen, injections d’acide hyaluronique ou encore écorces de pin: les alternatives pour pallier les désagréments de la ménopause sont nombreuses. Le problème: bien souvent, les études manquent pour attester de leur efficacité, voire de leur innocuité. «Si tous les feux sont au vert pour une démarche comme l’hypnose, la vigilance s’impose pour l’automédication, alerte la Dre Nicolas. Les œstrogènes naturels présents dans le soja par exemple ne sont pas anodins et peuvent présenter des contre-indications similaires aux traitements hormonaux. Avant d’envisager un traitement dit "naturel", l’idéal est d’en parler avec son médecin.»

Et vous, comment vous sentez-vous?

Bouffées de chaleur, irritabilité, troubles du sommeil ou encore douleurs musculaires: la liste des possibles désagréments liés à la ménopause est longue. Mais il n’est pas toujours facile d’en faire l’état de lieu tant ils sont vécus et supportés différemment d’une femme à l’autre. D’où l’importance d’outils comme la menopause rating scale** (échelle d’évaluation de la ménopause) permettant d’objectiver les symptômes en vue d’une consultation médicale et de l’éventuelle mise en place de traitements.

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* Writing Group for the Women's Health Initiative Investigators. Risks and Benefits of Estrogen Plus Progestin in Healthy Postmenopausal Women: Principal Results From the Women's Health Initiative Randomized Controlled Trial. JAMA. 2002;288(3):321–333.

** https://zeg-berlin.de/expertise/diagnostics-tools/menopause-rating-scale/about-mrs/

Paru dans Le Matin Dimanche le 26/11/2023

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