Le test salivaire, un nouvel outil diagnostique face à l’endométriose

Dernière mise à jour 15/04/24 | Article
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Disponible depuis 2023, un nouveau test diagnostique non invasif de l’endométriose suscite beaucoup d’intérêt. Mais qu’en est-il réellement?

Diagnostiquer l’endométriose n’est pas un long fleuve tranquille. Il peut s'écouler plusieurs années entre le début des symptômes et la pose du diagnostic. L’arrivée d’un test salivaire sur le marché a donc suscité de nombreux espoirs. L’entreprise commercialisant le test a même argué que celui-ci allait totalement révolutionner le diagnostic de l’endométriose. «Or, ce n’est pas vraiment le cas», souligne la Dre Antonella Martino, gynécologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Par ailleurs, «même si ce test peut être acheté sur internet, on recommande de l’utiliser dans le cadre d’une consultation spécialisée, lorsque les bilans clinique et radiologique n’ont pas permis de poser un diagnostic, poursuit la spécialiste. Son champ d’application reste donc à déterminer individuellement.»

De nombreux examens sont déjà pratiqués pour diagnostiquer l’endométriose. Au Centre de l’endométriose des HUG par exemple, le chemin jusqu’au diagnostic suit un parcours précis. «Tout d’abord, un entretien détaillé avec la patiente permet d’établir si elle présente des symptômes évocateurs (lire encadré), explique la médecin. Le bilan inclut un examen gynécologique complet qui comprend souvent une échographie endovaginale, afin de rechercher des lésions d'endométriose.» Ce bilan est complété par une IRM pelvienne, permettant de révéler la présence de lésions sur d’autres organes, notamment l’intestin ou le diaphragme.

Néanmoins, dans le cas d’une endométriose péritonéale, forme de la maladie où les lésions sont de petite taille et superficielles, les examens cliniques et d’imagerie ne sont pas toujours concluants. Dans ce cas, seule la laparoscopie, une intervention chirurgicale minimalement invasive, permet de poser le diagnostic définitif. «Elle a un double objectif: diagnostique et thérapeutique. L’intervention permet de visualiser les lésions et de les exciser. En outre, cette méthode peut également aider à identifier d'autres causes potentielles des douleurs», indique la Dre Martino.

De nombreux points encore à éclaircir

Comment le test salivaire peut-il alors s’inscrire dans ce parcours bien balisé? «Aux HUG, on ne le propose pas en routine, car l’entretien avec la patiente et les examens complémentaires suffisent en général à poser le diagnostic.» La plupart du temps, la maladie est donc diagnostiquée sans le test. Celui-ci peut néanmoins être proposé dans les cas où l’on n'arrive pas à objectiver les lésions par imagerie chez une patiente symptomatique. Devant un test positif, la laparoscopie demeure cependant nécessaire pour confirmer le diagnostic. «Le nouveau test apporte une information supplémentaire, mais ne modifie pas forcément la prise en charge. Toute avancée scientifique dans le domaine de l’endométriose est néanmoins bienvenue, car cette maladie a été trop longtemps négligée par la recherche», poursuit la spécialiste des HUG.

La mise sur le marché du test se base sur une étude portant sur 200patientes symptomatiques, âgées de 18 à 43ans. Une deuxième étude sur 1000patientes a récemment confirmé les résultats de la première, mais de nombreux points restent à éclaircir, notamment son efficacité sur les formes asymptomatiques ainsi que sur les différents types d’endométriose.

Les symptômes de l’endométriose

L’endométriose, bien qu’elle puisse être asymptomatique, se présente en général sous forme de douleurs pelviennes, en particulier pendant les règles, lors de l’émission de selles ou d’urine, ou pendant les rapports sexuels (dyspareunies), mais aussi de douleurs lors de l’ovulation. «Il n’est pas "normal" d’avoir des douleurs importantes pendant les règles, souligne la Dre Antonella Martino, gynécologue aux HUG. Toute douleur réfractaire au traitement antalgique et qui impacte la vie quotidienne mérite des investigations complémentaires. Il est important dans tous les cas d’en parler avec son gynécologue ou de s'adresser à un centre spécialisé.» L'endométriose peut également entraîner des difficultés à concevoir. Celle-ci est donc parfois découverte lors d'un bilan de fertilité. «Si une patiente ne parvient pas à tomber enceinte après un an de rapports sexuels réguliers, il est de toute façon conseillé de consulter», conclut la gynécologue.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 52 – Mars 2024

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