«Finir ma carrière sur un échec est inenvisageable»

Dernière mise à jour 24/01/22 | Questions/Réponses
VS_NOUVELLISTE_Priscilla Morand
Poids «super léger», mais force de lionne. C’est ainsi que l’on pourrait décrire Priscilla Morand. La Morgienne, qui évolue désormais dans la fédération Mauricienne, n’a pas vu son rêve de briller sur les tatamis de Tokyo 2021 se réaliser, mais elle ne compte pas pour autant s’arrêter là. Bien décidée à aller décrocher de nouvelles médailles, elle nous a confié ses plus beaux souvenirs de compétition et ses projets pour l’avenir.

Bio express

24 novembre 1993: Naissance à Morges (Vaud).

1998: Commence le judo au Club de Morges, à l’âge de 5 ans.

2011 et 2013: Termine cinquième aux Championnats d’Europe (junior).

2019: Remporte la médaille d’or aux Jeux des Îles, à domicile (Port-Louis).

2021: Remporte la médaille d’argent aux Championnats d’Afrique.

        

La qualification aux Jeux Olympiques de Tokyo vous a échappé de peu. Avez-vous digéré cette déception?

Aujourd’hui ça va mieux, j’ai eu un grand soutien de mes proches, ce qui m’a beaucoup aidée. J’étais tellement certaine d’y participer que ça a été la douche froide. La période des Jeux a été difficile, car tout le monde en parlait, on ne voyait que ça à la télévision. J’ai toujours un petit pincement au cœur, bien sûr, mais ça va mieux!

Comment envisagez-vous la suite de votre carrière sportive?

Après une grande phase de réflexion, je me suis dit que finir ma carrière sur un échec, ce n’était pas possible. Je vais donc continuer encore un peu et essayer d’être à la hauteur pour les prochains beaux rendez-vous : les Championnats d’Afrique et les Jeux du Commonwealth. Et bien sûr, je ne ferme pas la porte aux Jeux Olympiques de 2024! Mais j’avance étape par étape, année par année…

Dans le sport de haut niveau, on parle souvent du mental. Cet échec vous a-t-il renforcée pour la suite?

Cela a en effet changé la façon dont je vois les choses. Je suis quelqu’un qui planifie beaucoup mais je dois apprendre à gérer au jour le jour. Il faut aussi que je gagne en confiance en moi. Lors de ces Jeux Olympiques, on a vu des exploits, des athlètes qui ont créé la surprise. Il faut que j’arrive à me dire que ça peut m’arriver à moi aussi!

Comment gérez-vous le stress qui entoure ce genre de compétition?

Quand j’étais plus jeune, ce n’était pas facile. En vieillissant, ça va de mieux en mieux. Faire partie d’une équipe, recevoir les conseils de mon entraîneur et être entourée de ma famille m’aide beaucoup. J’essaye aussi de transformer le stress durant le combat en «bon» stress qui m’aide à me dépasser.

Avez-vous un rituel avant une compétition?

Un adjectif qui vous qualifie?

Persévérante

Un proverbe?

«On ne juge pas un homme sur le nombre de fois qu'il tombe mais sur le nombre de fois qu'il se relève», de Jigoro Kano, fondateur du judo.

J’emporte systématiquement la même marque d’eau… Je porte aussi toujours ma veste du club de Morges. Ce sont de petits détails auxquels je tiens!

Faites-vous particulièrement attention à votre alimentation?

Au judo, le poids est très important. Pour me maintenir dans ma catégorie*, je dois perdre environ deux kilos avant chaque compétition. Dans les semaines qui précèdent, je commence donc à faire attention, à mieux manger. Le jour de la pesée, je ne bois pas et ne mange pas, pour perdre les derniers grammes. Ce n’est certes pas très sain, mais mon corps récupère bien après, heureusement. Ensuite, durant la compétition, je mange surtout des pâtes et de la viande pour engranger un maximum d’énergie.

Quel rapport entretenez-vous avec la santé en général?

Je n’aime pas trop aller chez le médecin. J’étais souvent malade lorsque je combattais dans la catégorie des moins de 44 kilos. Depuis que j’ai pris un peu de poids, je le suis beaucoup moins. Je suis tout de même suivie par un médecin du sport, notamment pour une carence en vitamine B12, probablement à cause de mes régimes par le passé. Lorsque mon taux est trop bas, il me prescrit une supplémentation par injection.

Êtes-vous sensible aux médecines complémentaires?

Comme de nombreux sportifs, les massages m’aident beaucoup, avant et après une compétition. J’ai également fait des séances de cryothérapie, pour la récupération, car je commençais à être fatiguée et à ressentir des douleurs au dos. Je pense que ces méthodes m’aident réellement.

Où puisez-vous votre force?

Mon grand frère, qui adorait le judo, a subi une rupture d’anévrisme en 2008 et s’est retrouvé en partie paralysé. Depuis, il a retrouvé ses capacités mais ne peut plus pratiquer ce sport. Quand je combats, je le fais pour moi, mais aussi pour lui. Il m’accompagne, ça me donne de la force.

Quel est votre plus beau souvenir de compétition ?

Les Jeux des Îles, en 2019, à l’Île Maurice. Cette compétition est un évènement très important là-bas, sûrement autant que les Jeux Olympiques. Tout le peuple mauricien et ma famille étaient là pour me soutenir. J’ai remporté la première médaille pour l’équipe, c’était magnifique. J’ai fait plein de belles compétitions dans ma vie, mais celle-là m’a marquée tout particulièrement.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite?

Que je digère l’épisode de Tokyo, que je puisse de nouveau avoir du plaisir au judo… et que je devienne championne d’Afrique en 2022, ça serait parfait!

_______

* Poids super-léger femmes: moins de 48 kg. 

Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2021.

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