Les émotions, cela s’apprend

Dernière mise à jour 24/10/23 | Article
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Tristesse, peur, colère, joie, excitation… En grandissant, l’enfant découvre toute une palette d’émotions, plus ou moins agréables. Comment l’aider à y faire face en tant que parent? Quelques conseils afin d’accompagner le développement émotionnel de son enfant.

Un des grands apprentissages de la vie est de savoir faire face à ses émotions, les reconnaître et les accueillir. Dès 2-3 ans, l’enfant peut commencer à les identifier, mais c’est seulement vers 4-5 ans qu’il peut commencer à apprendre à les gérer. Et cet apprentissage n’est pas forcément aisé pour l’enfant et ses parents.

Dans les moments difficiles, les professionnels conseillent d’accueillir les émotions de l’enfant, sans les combattre, pour l’aider à les identifier avec aisance: joie, colère, peur, dégoût, tristesse. Pourtant, la tendance des parents est souvent à une forme de censure («calme-toi», «ce n’est pas grave», «ne sois pas triste», etc.). Même si cette attitude part souvent d’une bonne intention, celle-ci bride l’enfant dans l’identification de son émotion et est donc contre-productive.

Exemple: votre enfant n’a pas été invité à la fête d’un copain qu’il aime beaucoup et il s’en plaint auprès de vous. Si vous lui répondez qu’il ne doit pas être triste et que ce copain a sûrement dû faire un choix car il ne pouvait pas inviter tout le monde, vous minimisez son émotion. Il vaudra donc mieux valider sa tristesse et son ressenti en lui disant par exemple qu’à sa place vous auriez été triste aussi et en le laissant exprimer cette émotion.

L’enfant «explosif»

Certaines émotions sont néanmoins plus faciles à accepter que d’autres. Chez certains enfants, l’expression des frustrations se fait de manière forte et systématique, donnant aux parents le sentiment d’être démunis face à ces «explosions». Contrairement à ce que l’on pourrait parfois penser, ce comportement n’est pas dû à une «mauvaise» éducation ou à un manque d’amour. Certains enfants ont simplement plus de difficultés que d’autres à gérer les frustrations et ce n’est pas nécessairement le signe d’un trouble du développement.

La première étape est de se pencher sur le contexte de ces crises. Où ont-elles lieu? Avec qui? Que dit-on à l’enfant en crise et que répond-il? Que fait-il? Comment la crise culmine-t-elle? Comment redescend-elle? En général, les parents perdent beaucoup d’énergie à éviter les crises alors que plus on essaye de les éviter, plus elles s’amplifient. L’enfant intègre alors qu’elles sont une manière pour lui de passer un message et d’obtenir quelque chose de la part de ses parents. Il va donc y recourir systématiquement.

Une des méthodes proposées par les thérapeutes est de faire l’inverse de ce que l’on fait instinctivement, c’est-à-dire accompagner la crise au lieu d’essayer de la combattre, pour montrer à l’enfant que celle-ci n’a pas d’impact sur nous. Lorsqu’une crise survient, on peut donc aller dans le sens de l’enfant: «Je comprends que tu sois très fâché, à ta place je crierais aussi et même plus fort, car c’est très énervant que j’éteigne la télévision.» Le but n’étant pas de se moquer mais bien de valider les émotions ressenties. On peut aussi anticiper la crise en l’autorisant explicitement: «Tu vas te mettre en colère car je vais éteindre la télévision et ça ne sera pas un problème pour moi que tu t’énerves.»

Ces techniques permettent à terme de diminuer le nombre de crises et de les raccourcir lorsqu’elles surviennent. Il ne faut néanmoins pas s’attendre à ce qu’elles s’arrêtent miraculeusement. Il faudra continuer à les autoriser quand elles surviennent afin de ne pas réalimenter le problème.

Fixer des lignes de conduite

Une autre manière d’anticiper les crises est de fixer des règles ou des lignes de conduite. Celles-ci peuvent par exemple être affichées sur le frigo, visibles par tous. Afin d’augmenter l’implication de l’enfant, il est conseillé d’établir ces règles de façon participative. L’enfant sera ainsi plus incité à les respecter puisqu’il en comprendra l’utilité fondamentale pour éviter les conflits, les problèmes ou l’injustice.

Si certaines règles génèrent toutefois trop souvent des conflits et de la souffrance, il sera nécessaire d’en réévaluer la pertinence et de les faire évoluer.

Pour aller plus loin

Les conseils film et lecture de Magali Debost, autrice des Guides [très] pratiques de la sage-maman*:

  • Vice-Versade Disney/Pixar: «Un dessin animé qui présente, d’une façon intelligente et très compréhensible, les différentes émotions qui nous animent, qui prennent parfois le contrôle, qui s’annihilent ou cohabitent. À regarder avec vos enfants!»
  • L’Enfantexplosifde Ross W.Greene: «Ce livre passionnant est une voix dissonante dans le concert des pathologies qui entoure les enfants aux comportements difficiles.»

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Adapté de: Magali Debost. Guide (très) pratique de la sage-maman 3. Éd. Planète Santé, 2023.

Paru dans Planète Santé magazine N° 50 – Octobre 2023