Parents épuisés: restez zen avec votre bébé

Dernière mise à jour 02/10/23 | Article
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Il suffit de quelques secondes pour qu’un geste irréfléchi provoque des conséquences dramatiques. Une campagne de prévention vise à sensibiliser parents et nounous au syndrome du bébé secoué.

Restez zen!

Le site zerobebesecoue.ch propose des conseils pratiques et des témoignages pour sensibiliser au syndrome du bébé secoué et aider à trouver des ressources en cas de besoin. L’objectif: aider des parents ou professionnels de la petite enfance à gérer leur stress et la frustration qui survient parfois face à un bébé qui pleure. Trois réflexes doivent être adoptés lorsque les nerfs lâchent:

  1. Demander à quelqu’un de prendre le relais.
  2. Si vous êtes seul: mettre l’enfant en sécurité dans son lit.
  3. S’éloigner plusieurs minutes, même s’il pleure, le temps de reprendre ses esprits. 

«Le message que j’ai envie d’adresser aux parents, confie le Pr Tony Fracasso, directeur adjoint du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML), est le suivant: oui, c’est difficile. Oui, vous avez parfois envie de craquer. Mais ces difficultés sont passagères. Les pleurs cesseront. Alors soufflez, trouvez des échappatoires et ne commettez pas un geste irréparable que vous regretterez. Ne secouez jamais un bébé.»

En Suisse, chaque année, une dizaine d’enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué, avec un pic entre le premier et le deuxième mois de vie. À cause de la fatigue extrême ou de l’irritation due aux pleurs prolongés, certains adultes commettent parfois l’irréparable. Une pulsion incontrôlée, consistant à se saisir de l’enfant et à le secouer d’avant en arrière de manière rapide et violente, qui peut mener à des conséquences dramatiques. Pour sensibiliser tous les parents ou l’entourage d’un nouveau-né (nounous, grands-parents, etc.) au syndrome du bébé secoué, l’État de Vaud, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) proposent une vaste campagne de prévention[1] qui rappelle les dangers de ce geste et délivre des conseils pour éviter le passage à l’acte. 

Dans deux tiers des cas, les enfants concernés ont moins de six mois. Cette période particulière du début de vie, souvent épuisante pour les parents et déstabilisante, favorise en effet le passage à l’acte. «Les nuits sont courtes, il y a la reprise du travail, les autres enfants à gérer et un bébé dont on ne comprend pas toujours les pleurs, qui peuvent parfois se prolonger pendant plusieurs heures, explique la Dre Sarah Depallens, médecin associée, responsable du Child Abuse and Neglect Team au CHUV. Ce contexte peut favoriser une perte de contrôle et une réaction violente momentanée.» 

Chaque parent, chaque professionnel de la petite enfance, chaque membre de l’entourage peut donc être un jour ou l’autre confronté à ce genre de réaction, sans antécédent de violence. 

Quelques secondes suffisent

Une tête lourde mais des muscles du cou encore non suffisamment développéspour la stabiliser: la physiologie même du nouveau-né entraîne, en cas de secousses, de graves dommages. En effet, le cerveau, qui baigne dans un liquide cérébrospinal, oscille dans la boîte crânienne d’avant en arrière avec une force d’inertie retardée. Ce mouvement de type cisaillement, même sur une courte durée, peut provoquer la rupture de petits vaisseaux à la surface du cerveau. Il se produit alors une hémorragie, de la même façon que lors d’un accident de la route ou d’une chute importante. Au niveau de la nuque, les dommages touchent la moelle épinière, à la façon d’un «coup du lapin». 

1 décès sur 4

Même rapide et de courte durée, le secouement de l’enfant peut avoir des conséquences dramatiques. «Lorsqu’on les voit à l’hôpital, ces bébés présentent souvent un trouble de la conscience, un trouble de la respiration, des lésions du cerveau ou encore des saignements dans les yeux, assez caractéristiques de ce type de maltraitance, constate le Pr Tony Fracasso, directeur adjoint du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML). Mais la plupart du temps, les accompagnants ne disent pas, ou ne savent pas, que cela est dû à une secousse.» 

Le risque de décès est estimé entre 15 et 23%, soit près d’un cas sur quatre. Parmi les enfants qui survivent, 64% présenteront des séquelles, dont 50% sont sévères et permanentes, comme une paralysie, un retard de développement, une cécité, des troubles cognitifs, une épilepsie… Même dans les situations avec le meilleur pronostic, c’est-à-dire des enfants qui présentent un développement à court et moyen terme normal, une interrogation persiste sur le long terme, des dégâts pouvant se manifester plus tard à l’âge scolaire. 

«La dizaine de situations détectées chaque année sont celles avec des répercussions graves, souligne Tony Fracasso. Mais de nombreux autres cas passent certainement entre les mailles du filet.» La campagne «Bébé pleure? Restez zen» vise une disparition totale des cas de bébés secoués. Un objectif réalisable, selon Tony Fracasso, en mettant en place «une vaste prévention auprès des parents et des formations pour les professionnels de l’enfance». 

Pourquoi il pleuretant?

Il faut le rappeler, les pleurs du nouveau-né sont un phénomène normal. Ils sont, pour lui, le moyen privilégié pour s’exprimer. Dans les premières semaines après la naissance, les pleurs peuvent durer jusqu’à 6 heures par jour, déstabilisant souvent les parents qui n’y sont pas préparés. «Il est reconnu que ces pleurs, qui atteignent leur pic d’intensité entre le deuxième et le troisième mois, sont l’un des principaux facteurs déclencheurs du secouement», note la Dre Sarah Depallens, médecin associée, responsable du Child Abuse and Neglect Team au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). 

Mais à quoi sont dus ces pleurs? Plusieurs causes peuvent être avancées. La première d’entre elles est liée à l’immaturité du système intestinal du nouveau-né qui provoque les fameuses coliques. «L’intestin n’a jamais été utilisé in utero. Dans les premières semaines de vie, la quantité de lait croissante ingérée sollicite beaucoup cet organe très innervé, ce qui peut provoquer des douleurs ou un inconfort, explique Sarah Depallens. Au fil du temps, l’intestin parviendra à se réguler et les pleurs vont diminuer.» 

L’autre hypothèse des pleurs incessants, aussi appelés «pleurs de décharge», est la fatigue de l’enfant face aux sollicitations externes perçues durant la journée: lumière, bruit, agitation… Ce surplus d’informations sensorielles peut provoquer une irritabilité en fin de journée, à laquelle se surajoute parfois la propre fatigue des parents. «Un bébé ne sait pas gérer son stress ni communiquer avec autrui autrement que par des pleurs, rappelle Sarah Depallens. Tout naturellement, son développement se poursuivant, il apprendra à s’exprimer autrement, régulera sa digestion, et les pleurs diminueront à partir de 4-6 mois.»

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Paru dans Le Matin Dimanche le 01/10/2023

[1] www.zerobebesecoue.ch

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